Renault Group acte, sans l’annoncer officiellement, la fin du quadricycle électrique Mobilize Duo, tout en recentrant sa filiale sur la recharge et l’expérience client. En parallèle, le déploiement du réseau Mobilize Fast Charge, annoncé comme stratégique, connaît un coup d’arrêt temporaire malgré des investissements déjà engagés.

Officiellement, Renault Group présente une réorganisation profonde de sa marque Mobilize, désormais recentrée sur la recharge électrique et l’accompagnement des clients dans leur transition énergétique. Mais derrière ce discours corporate, une information retient l’attention : l’arrêt de la voiture sans permis, Mobilize Duo, ce quadricycle électrique qui devait représenter une nouvelle génération de micro-voitures urbaines. Un détail en apparence, mais qui confirme une trajectoire déjà amorcée avec l’abandon de la berline Mobilize Limo en 2023. L’ambition automobile de Mobilize se referme, laissant place à une stratégie plus pragmatique, centrée sur l’énergie et les services.

Voiture sans permis Mobilize Duo

La voiture sans permis Mobilize Duo présentée dès 2022, mais arrivée tardivement sur le marché au printemps 2025, se voulait une réponse plus “automobile” à la Citroën Ami. Avec son airbag de série, sa batterie NMC de 10,3 kWh, une autonomie annoncée de 161 km et des déclinaisons sans permis ou limitées à 80 km/h, il affichait des arguments techniques supérieurs à ses concurrents directs. Les tarifs, eux, démarraient sous la barre des 10 000 euros hors bonus, renforçant l’idée d’un produit accessible mais mieux équipé. Pourtant, malgré ces atouts, le Mobilize Duo n’a pas trouvé son public. Mobilize a confirmé que les prises de commandes s’arrêteront le 31 décembre 2025, tout en garantissant l’exécution des commandes déjà passées. Aucun problème technique ou réglementaire n’est en cause : l’arrêt est motivé par une rentabilité jugée insuffisante, un constat assumé par la marque qui reconnaît que le Duo n’a pas atteint ses objectifs économiques.

Dans le même temps, Mobilize Beyond Automotive, entité créée il y a cinq ans pour explorer de nouveaux territoires, disparaît en tant que structure autonome. Les activités jugées non rentables, comme l’autopartage, sont abandonnées. À la place, Renault intègre directement la recharge électrique à ses opérations commerciales, avec des solutions comme Charge Pass, la recharge bidirectionnelle V2G, et surtout le réseau Mobilize Fast Charge, présenté, au départ, comme un pilier stratégique de la mobilité électrique du groupe Renault, mais la conjoncture du marché automobile, actuellement en souffrance, a modifié cette ambition.

En effet, ce réseau, censé compter 650 stations ultra-rapides en Europe d’ici 2028, connaît aujourd’hui un coup de frein. Alors que près de 60 stations sont déjà opérationnelles en France et que l’objectif était d’atteindre 100 stations d’ici fin 2025, la direction de Renault a décidé de mettre en pause le déploiement, préférant réévaluer la stratégie et les investissements. Ces bornes, capables de délivrer jusqu’à 320 kW et de recharger une batterie en quinze minutes, devaient constituer une alternative souveraine aux superchargeurs de Tesla. L’ambition reste affichée, mais le calendrier est désormais suspendu, signe d’une prudence accrue face aux enjeux financiers et à la rentabilité du modèle économique. Les investissements déjà engagés ne sont pas remis en cause, mais leur rythme sera ajusté, avec une priorité donnée aux marchés jugés stratégiques comme la France, la Belgique, l’Espagne et l’Italie.

Enfin, la réorganisation de Mobilize et l‘arrêt de la commercialisation de la voiture sans permis Duo, illustrent un virage clair : moins d’expérimentation automobile, plus de pragmatisme énergétique. Le Duo s’efface, les projets d’autopartage sont enterrés, et l’avenir de Mobilize se dessine désormais autour des services connectés et de la fidélisation des clients électriques. Une stratégie qui recentre Renault sur ses fondamentaux, mais qui laisse en suspens une question : la marque saura-t-elle transformer cette pause en véritable relance de son réseau de stations de recharge Fast Charge, ou s’agit-il d’un premier signe de désengagement dans la bataille des infrastructures ?

La rédaction

Photos : Renault

Frédéric Martin

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