Dans une étude très détaillée portant sur les émissions dites “réelles” de CO2, la Commission européenne révèle des écarts plutôt importants, entre les données d’homologation WLTP, et ce qu’émettraient vraiment les voitures à essence, diesel, hybrides rechargeables à essence et diesel. Ce sont, surtout, ces deux dernières technologies PHEV (Plug-in Hybrid Electric Vehicles) qui sont “pointées du doigt” par Bruxelles, car, “dans la vraie vie”, leurs émissions de CO2 seraient encore plus supérieures, comparativement aux données relatives aux véhicules à essence ou diesel.
Comme vous le savez, le cycle d’homologation WLTP est, fort logiquement, loin d’être parfait. En effet, il est impossible, ou extrêmement difficile, de reproduire, dans un laboratoire, les émissions de CO2 qu’un véhicule pourrait émettre sur la route. Alors que l’affaire du “Dieselgate” est encore dans toutes les têtes, pour très longtemps, des grands dirigeants des constructeurs automobiles, la Commission européenne s’est donc penchée sur le sujet des émissions de CO2. Dans son rapport, publié le 18 mars dernier, cette même commission rappelle, que « Depuis janvier 2021, toutes les nouvelles voitures et petites camionnettes pouvant rouler aux carburants liquides doivent être équipées de dispositifs embarqués de surveillance de la consommation de carburant (OBFCM) approuvés avant de pouvoir être mises sur le marché de l’UE. Ces appareils enregistrent la consommation de carburant ou d’énergie des véhicules ainsi que la distance totale parcourue. » Pour faire simple, l’OBFCM (On-Board Fuel and energy Consumption Monitoring) est le mouchard qui a permis à la Commission européenne de relever des chiffres très précis sur les émissions de CO2 “réelles” de toutes les technologies de moteurs, voitures hybrides rechargeables PHEV incluses donc.
Comme le présente le tableau situé ci-dessus, édité par la Commission européenne, pour les voitures hybrides rechargeables PHEV, l’écart entre les émissions de CO2 WLTP et les émissions “réelles” de CO2 est de +252% ! Cependant, Bruxelles rappelle que les écarts importants constatés sont moindres que lorsque la norme NEDC (New European Driving Cycle) était en vigueur, de 1973 à 2019. Quoi qu’il en soit, il semble clair que le cycle d’homologation WLTP n’est pas du tout adapté aux voitures hybrides rechargeables. Equipées de batterie, les voitures PHEV sont plus lourdes que les autres véhicules à essence, diesel et hybrides simples HEV. C’est pourquoi, une fois leur batterie déchargée, les voitures hybrides rechargeables consomment plus de carburant et émettent plus de CO2. En mode de conduite “100% électriques, les PHEV n’émettent pas de CO2, mais, selon les modèles, seulement entre environ 20 et 90 km. Résultat : +252% d’écart entre les émissions de CO2 WLTP et celles “réelles” relevées par la Commission européenne.
Même si les voitures hybrides rechargeables sont plus vertueuses pour l’environnement que les modèles à essence et diesel (tableau ci-dessus), ces mêmes PHEV semblent décevoir. Pour être au plus près de la réalité, la Commission européenne indique, toujours dans son rapport, qu’elle va revoir ses méthodes de calcul des émissions de CO2 pour que ces dernières se rapprochent de celles de la norme WLTP : « L’analyse des données réelles confirme que l’écart réel en matière d’hybrides rechargeables est nettement plus élevé que pour les véhicules conventionnels. Une raison majeure d’un tel écart est l’inadéquation entre le facteur d’utilité utilisé lors de la réception par type et le véhicule réel les modes de recharge et de conduite. Pour résoudre ce problème, le règlement (UE) 2023/443 de la Commission a déjà introduit des modifications le calcul du facteur d’utilité pour le rapprocher des conditions réelles. Ces changements s’appliquera en deux étapes consécutives, à partir de 2025 et 2027. De plus, à la fin d’ici 2024 et sur la base des données réelles collectées d’ici là, la Commission réexaminera le facteur pour la deuxième étape. »
Alors que les ventes de voitures électriques (BEV : Battery Electric Vehicles) “ne décollent pas”, rappelons, si cela est encore nécessaire, que l’Union européenne (UE) a décidé d’interdire les ventes de voitures neuves thermiques, hybrides (HEV : Hybrid Electric Vehicles) et hybrides rechargeables (PHEV), en Europe, ceci à partir de 2035.
Enfin, le rapport complet et officiel en question, de la Commission européenne, qui fait l’objet de cet article, est disponible en téléchargement (format pdf), ceci en cliquant sur l’image située ci-dessous.
La rédaction
Photos : Kia et LesVoitures.com