À Paris, l’assureur MMA a choisi de frapper les esprits en organisant un crash-test spectaculaire mettant en scène une Citroën Ami. Objectif : rappeler la vulnérabilité des voitures sans permis, ces quadricycles légers accessibles dès 14 ans avec un simple permis AM, après huit heures de théorie et de pratique, mais aucun examen du Code de la route. Une facilité d’accès qui, combinée à l’inexpérience des conducteurs, multiplie les risques.
Le phénomène est massif : les ventes annuelles de voitures sans permis neuves ont plus que doublé en cinq ans en France, dopées par le lancement de la Citroën Ami en 2020. Ces véhicules de catégorie L6 séduisent une clientèle jeune, souvent propulsée trop tôt dans le flot de la circulation. Certes, elles offrent une protection supérieure à un deux-roues, où le danger est palpable à chaque instant, mais cette relative sécurité peut inciter les adolescents à se montrer moins vigilants, parfois le regard rivé sur leur téléphone plutôt que sur la route. C’est précisément ce relâchement que MMA entend dénoncer.
Ce test fait écho au crash-test récent de la Citroën Ami (photo ci-dessous) publié sur la chaîne YouTube Auto Mobil, montrant des conséquences tragiques, pour les mannequins en plastique, fort heureusement. Les conclusions sont constantes : les quadricycles affichent un risque de blessure bien plus élevé que les voitures particulières, tenues d’intégrer des équipements de sécurité absents sur ces petites voiturettes.
Le crash-test organisé par MMA, le 4 décembre à La Villette, a utilisé une Citroën Ami phase 1 avec deux mannequins adolescents non attachés. À l’arrêt, le quadricycle a été percuté latéralement par une Peugeot 308 SW (break) de première génération lancée à environ 60 km/h. La scène simulait un non-respect de stop, typique d’une mauvaise anticipation par un jeune conducteur. Le choc est brutal : la portière de l’Ami se déchire, les mannequins sont violemment projetés, l’un d’eux laissant même passer son bras par la fenêtre.
Les chiffres sont éloquents. En 2024, le taux de mortalité des accidents impliquant des voitures sans permis était supérieur à la moyenne nationale : 1 décès pour 12 accidents, contre 1 pour 16 tous véhicules confondus. Hélas, 34 morts ont été recensés en 2024 pour des personnes qui étaient à bord de quadricycles. Plus inquiétant encore, 13 % des conducteurs impliqués avaient consommé de l’alcool et 11 % des stupéfiants. Au total, 282 560 voitures sans permis circulent aujourd’hui en France.
« La voiture sans permis n’est pas un jouet », martèle Guillaume Wirth, responsable prévention chez MMA. « Même limitée à 45 km/h, elle reste un engin motorisé fragile qui exige une vigilance constante et le respect du Code de la route. » Hors agglomération, le danger est amplifié : ces véhicules doivent cohabiter avec des flux à 80 km/h, un différentiel de vitesse qui accroît considérablement les risques. L’an dernier, 68 % des accidents mortels de voiturettes ont eu lieu hors des villes. À 45 km/h, la distance d’arrêt atteint 30 mètres, et peut dépasser 40 mètres sous la pluie.
Enfin, ce crash-test public d’une voiture sans permis Citroën Ami, inédit dans la capitale, sonne comme un avertissement. Les voiturettes, ou voitures sans permis, séduisent par leur accessibilité et leur image branchée, mais elles ne doivent en aucun cas être perçues comme une alternative sans danger. MMA rappelle que la vigilance est une exigence universelle, même sans permis B, et interpelle indirectement les législateurs sur la nécessité d’encadrer davantage l’usage de ces véhicules. Car si elles protègent mieux qu’un deux-roues, elles n’offrent pas l’immunité d’une véritable voiture, et l’insouciance des plus jeunes peut transformer cette liberté en risque majeur. Concluons avec la vidéo du crash-test, avec cette fois un choc frontal pour l’Ami, organisé en Allemagne, par Auto Mobil et Dekra.
La rédaction
Photos : MMA et impression d’écran YouTube.
