Dans une interview accordée au média Les Echos, Luca de Meo (CEO Renault Group – CEO Ampere), également Président de l’ACEA (European Automobile Manufacturers’ Association), demande « un peu plus de souplesse dans le calendrier » lié à l’interdiction des ventes de voitures thermiques et hybrides en Europe, en évoquant qu’il aurait fallu « viser 2040 ».
En Europe, les ventes de voitures électriques ne décollent pas et l’ensemble de la filière industrielle liée aux véhicules “à pile” est, plutôt, inquiète concernant l’échéance de 2035. Dans 9 ans, suite à la décision prise par l’UE, en mars 2023, faut-il rappeler que les ventes de voitures thermiques et hybrides seront interdites en Europe ? C’est dans ce contexte que Luca de Meo s’est exprimé, dans Les Echos, sur un calendrier « vraiment très compliqué » à gérer. Dans quelques mois, Luca de Meo pourra, à l’opposé, compter sur le succès commercial attendu pour la nouvelle Renault 5 E-Tech electric.
Alors qu’Ursula von der Leyen vient d’être réélue à la tête Commission européenne, ceci en affirmant qu’il faut tenir la date de 2035 concernant l’interdiction des ventes de voitures thermiques et hybrides, tout en laissant leur place aux carburants de synthèse (eFuels), Luca de Meo dit tout haut ce que tous les dirigeants des constructeurs automobiles internationaux pensent tout bas. 2035, c’est beaucoup trop tôt, sachant, encore une fois, qu’à date, le marché automobile des voitures électriques est plus que frileux. D’ailleurs, rappelons que de très nombreux constructeurs ont décidé de relancer des investissements dans le développement de blocs thermiques pour commercialiser de nouveaux modèles dits “efficients” hybrides et hybrides rechargeables. Pourquoi ? Tout simplement pour assurer des volumes de ventes suffisants en attendant 2035 et, également, répondre à la réglementation européenne CAFE (Corporate Average Fuel Economy). Cette dernière, en 2025, imposera des émissions moyennes de CO2 de 81 g/km (réduction de 15% comparativement à la CAFE actuelle), pour l’ensemble de la production de chaque constructeur automobile. Si cela n’est pas respecté, ces mêmes constructeurs automobiles s’exposent à de grosses pénalités financières.
Dans Les Echos, Luca de Meo a, entre autres, ajouté : « Nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire pour arriver à 100% de voitures 100% électriques en 2035. (…) Pour autant, il ne faut pas instrumentaliser le ralentissement actuel du marché pour abandonner purement et simplement l’objectif. Ce serait une grave erreur stratégique ».
Enfin, s’il y a bien une autre information à prendre en compte, pour le marché automobile international, c’est celle concernant la probable réélection de Donald Trump en tant que Président des Etats-Unis en novembre prochain. Or, Donald Trump souhaite stopper le développement des voitures électriques, principalement pour conserver les emplois. Sur ce dernier point, Donald Trump n’a pas tort, et cela concerne, bien sûr, l’Europe, également. Et les constructeurs automobiles européens vendent, de l’autre côté de l’Atlantique, leurs différents modèles sur le second marché automobile mondial, derrière la Chine.