Dessine-moi un outil de production.. Pour les amateurs d’automobiles que nous sommes tous, le sentiment d’être un grand enfant jouant avec de grands jouets prévaut toujours. Ainsi, qui n’a pas eu dans sa chambre des posters de différents véhicules de multiples constructeurs pour rêver devant, jusqu’au jour où ils seraient enfin accessibles? Si cette image d’Epinal n’a absolument rien de galvaudé, il en est de même de la représentation que se fait un enfant d’une usine. Demandez à n’importe lequel de vous d’en dessiner une et, à coup sûr, vous aurez un carré/rectangle massif avec des cheminées. Partons à la découverte de l’emblématique site de production Volkswagen AG situé à Wolfsburg.
Dans le monde, peu de bâtiments industriels liés à l’automobile sont autant ancrés dans les consciences collectives. S’il vient tout de suite à l’esprit le porche logoté « Ferrari » au-dessus de l’ancienne sortie de l’usine de Maranello, l’usine Volkswagen de Wolfsburg a cette particularité qu’elle est, typiquement, une usine. Pour les fans du film Charlie et la chocolaterie, l’imaginaire la ferait se confondre avec celle de Willy Wonka; 4 grosses cheminées visibles à des kilomètres surplombent un ensemble extrêmement massif auréolé d’un logo VW géant.
Traditions les plus ancrées et la modernité la plus recherchée sont, lorsque l’on se trouve sur le site de Wolfsburg, indissociables tant par les représentations matérielles que par les discours marketing. Volkswagen nous a donc conviés à découvrir où redécouvrir ce site où les enfants que nous sommes rêvent leur future automobile de demain.
Une visite sur place se compose de deux phases. La première est nommée « autostadt », littéralement « cité de l’auto ». Dans le cadre de l’exposition universelle de Hanovre de 2000, le groupe Volkswagen en a profité pour construire un parc thématique ad-hoc jouxtant son site industriel. Pour un montant de près d’un demi milliard d’euros, ce parc a vu le jour afin de présenter au grand public, sous la forme de pavillons et musée, l’histoire de l’automobile et des 12 marques du groupe. Il est à noter à ce propos que la marque a eu l’intelligence d’incorporer dans son musée des voitures d’autres marques.
Pour la somme de 15 €, le quidam peut dès lors découvrir l’univers de l’automobile à travers les âges, mais également s’imprégner de l’identité propre à chaque marque afin de se sentir le mieux possible dans le meilleur des mondes où l’automobile serait en communion totale avec son environnement. D’une surface de 28 hectares, ce parc accueille chaque année plus de 2 millions de visiteurs.
Le but avoué, comme nous l’écrivions plus haut, est, bien évidemment, de faire s’intégrer les voitures dans ce futur très proche où les règles drastiques en matière de lutte contre le réchauffement climatique seront légion. A ce propos, il est assez cocasse d’entendre, de façon récurrente, dans la bouche de notre guide, le terme de « transparence » présentant ainsi le groupe VW comme un chantre de la communication objective… personne n’oublie en effet le scandale du Dieselgate que traverse le groupe quant aux trucages des résultats d’émissions polluantes de ses modèles. Ceci étant, nous avons tendance à croire que d’un malheur naît une bonne chose et que, du coup, la prise de conscience sera d’autant plus pertinente.
Pour une ville comme Wolsburg, créée du reste pour accueillir l’usine, si Volkswagen s’enrhume, c’est toute la région qui éternue. 125 000 habitants dont près de 70 000 qui travaillent directement pour le groupe, autant dire que l’on naît et vit corporate.
La cité de l’auto est donc dédiée pleinement à la raison même de vivre de la ville mais également au business. Plus qu’une religion, il s’agit d’un état d’esprit. Nous évoquions tout à l’heure les visiteurs qui arpentent en tant que touristes les allées du parc, mais il convient de ne surtout pas oublier les clients.
Ce qui marque lorsque l’on visite ce lieu, ce sont les 2 tours géantes de verre qui abritent chacune 400 voitures. Loin d’être là pour l’apparat, elles servent en réalité de lieu de stockage des véhicules produits juste derrière, à l’usine et en attente de livraison à leurs propriétaires. Quoi de plus agréable en effet que de venir chercher soi-même, à l’usine, sa voiture flambant neuve? Par ce procédé, Volkswagen fait entrer une sorte de nouveau membre dans la famille. A votre arrivée, et ce de façon entièrement automatisée, un bras vient chercher, dans la tour, votre voiture afin que vous puissiez vous familiariser avec en présence d’un commercial et sur un parcours privé. A raison de 800 véhicules/jour, ce sont presque 2,5 millions de véhicules qui ont été livrés de la sorte depuis l’ouverture du site. Si venir chercher son véhicule sur place, c’est bien, rien ne vaut alors de visiter le lieu où il a été fabriqué.
Jouxtant donc l’autostadt, se trouve le cœur industriel. Alimenté en énergie par l’énorme « kraftwerk », l’usine électrique, le site Volkswagen de Wolfsburg est la plus grande usine automobile d’Europe. Des chiffres qui donnent le tournis : 70 000 employés parmi lesquels 10 000 dans la recherche qui ont développé quasi 370 moteurs ne serait-ce que pour la marque Volkswagen. Ainsi, 3 800 véhicules sortent quotidiennement des chaînes soit…1 toutes les secondes ! Depuis 1946, plus de 43 millions de voitures sont sorties de l’usine, dont 11 millions de Cox, la fameuse Coccinelle, et 30 millions de Golf à qui l’on doit d’ailleurs le surnom de la ville « Golfsburg ».
La Golf qui est, avec la Golf Sportsvan, le Tiguan et le Sharan l’un des 4 modèles produits sur place 363 jours/an. La visite s’effectue sous contrôle strict, nous l’avons appris à nos dépens, avec interdiction totale de faire la moindre photo en intérieur comme en extérieur de quoi que ce soit et de quiconque. Nous avons vu en effet des mulets circuler. Pour la visite en elle-même, après avoir visionné un petit film et visité au plus près la reconstitution de certains ateliers, nous voici embarqués dans un petit train tiré par une Golf absolument fantastique, car dépourvue et de toit et de porte (dis, Monsieur Volkswagen, tu voudrais bien la commercialiser ?). L’usine donne le tournis tant elle est immense et quasiment toute automatisée. Terminator, ça vous parle? Nous avons ce même sentiment d’oppression face à ces machines tellement « expressives » qui décomposent les mouvements avec une fluidité telle que cela en devient troublant.
Usine de la démesure où Volkswagen peut s’enorgueillir d’avoir la plus grande presse au monde et être le constructeur qui produit lui-même le plus grand nombre de pièces (il est vrai aussi que les conflits récents avec les sous-traitants qui ont immobilisé la production ont dû laisser des traces). Usine capable également de produire la golf électrique qui nécessite 1 600 mètres de câblage.
1h30 de visite absolument bluffante dans une usine propre, sans odeur et sans bruit assourdissant, où l’on a la chance de passer par quasiment toutes les étapes de la production: de la fabrication de cylindres au contrôle qualité final.
Pour compléter le tout, rien de tel qu’un petit essai sur la piste privée de VW, en face de l’usine, pour tester les qualités de franchissement du nouveau Tiguan. Pour ce faire, un ensemble d’obstacles naturels et urbains sont proposés afin de se mettre en condition. De la montée d’escaliers au passage sur un plan d’inclinaison irréaliste, en passant par le franchissement de rails à vitesse soutenue, rien n’aura été épargné à nos Tiguan pour un résultat des plus convaincants! Même s’il n’y a quasi aucune chance pour que ce véhicule se retrouve dans de telles situations, il est plus que rassurant, voire épatant de constater comme la caisse ne se tord pas et que, avec le renfort de pare-chocs rehaussés, ce petit SUV passe quasiment partout.
Volkswagen réussit, par le truchement de ces visites et découvertes, à refermer le cercle qu’il voudrait vertueux de l’automobile où comment d’une idée naît une réalité tangible. Pour continuer la visite, découvrez d’autres merveilles automobiles en photos au terme de ce sujet…
Texte : Charles Oulan
Photos : Volkswagen et LesVoitures.com