En 2035, l’Union européenne prévoit de mettre un terme à la commercialisation des voitures neuves équipées de moteurs thermiques, essence comme diesel. Cette mesure, inscrite dans le paquet « Fit for 55 », constitue l’un des piliers du Pacte vert européen et vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Mais à mesure que l’échéance approche, les contestations se multiplient. Six États membres, à savoir la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, l’Italie et la République tchèque, ont adressé une lettre officielle à la Commission européenne pour demander un assouplissement radical. Rappelons que l’Allemagne a également envoyé sa propre lettre fin novembre. Leur requête : autoriser après 2035 la vente de voitures hybrides et l’usage de carburants renouvelables ou à faible teneur en carbone, afin de continuer à réduire les émissions sans sacrifier leur industrie.

Cette fronde intervient dans un contexte tendu. L’industrie automobile européenne traverse une crise profonde, marquée par des ventes de véhicules électriques décevantes et une concurrence des voitures électriques chinoises de plus en plus agressive. Bruxelles devait présenter le 10 décembre un plan de soutien au secteur, mais celui-ci a été repoussé au 16 décembre, avec la possibilité d’un nouveau report vers la fin du mois ou même vers le début 2026. Les six pays contestataires, en plus de l’Allemagne, estiment que l’interdiction pure et simple du thermique met en péril leur compétitivité et dénoncent une transition trop brutale. Dans leur lettre, ils affirment : « Nous pouvons et devons poursuivre notre objectif climatique de manière efficace, sans pour autant sacrifier notre compétitivité, car il n’y a rien de vert dans un désert industriel ».

fin du thermique 2035 UE

La France, de son côté, maintient son soutien à l’interdiction de 2035. Paris considère cette échéance comme indispensable pour atteindre les objectifs climatiques et préserver la crédibilité du Pacte vert. Face à l’Allemagne, qui plaide plutôt pour un assouplissement via les e-fuels, la position française illustre la fracture européenne : d’un côté, les pays qui veulent préserver coûte que coûte l’industrie thermique, de l’autre ceux qui misent sur l’électrification rapide pour rester dans la course mondiale.

Enfin, cette bataille politique et industrielle n’est pas près de s’achever. Le plan de la Commission européenne, attendu dans les prochains jours, sera scruté avec attention par les constructeurs automobiles et les gouvernements. En effet, derrière la question des moteurs thermiques se joue l’avenir de l’automobile européenne, entre transition écologique, maintien des emplois et survie face à la montée en puissance des marques asiatiques. Les débats promettent d’être vifs, et la décision finale pourrait redessiner durablement le paysage automobile de l’Europe face à la Chine.

La rédaction

Photos : LesVoitures.com

Frédéric Martin

Privacy Preference Center