Alors que l’Union européenne a acté en 2022 l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035, le débat s’enflamme à nouveau. L’Allemagne, dont l’industrie automobile est l’une des plus puissantes au monde, réclame désormais un assouplissement de cette mesure emblématique du Pacte vert européen. Berlin plaide pour davantage de flexibilité, notamment en ouvrant la porte aux carburants de synthèse (e-fuels) et en réévaluant la faisabilité de l’échéance.
Face à cette offensive, la France et l’Espagne ont affiché un front uni lors du dernier Conseil de l’Environnement. Paris et Madrid ont rappelé leur attachement à la date de 2035, considérée comme un jalon incontournable de la transition énergétique. « Nous devons tenir nos engagements climatiques », a martelé la délégation française, refusant de céder aux pressions allemandes. L’Espagne a abondé dans le même sens, dénonçant toute tentative de remise en cause d’une décision déjà entérinée par les institutions européennes. Rappelons que la clause de revoyure portant sur l’interdiction des ventes de voitures thermiques et hybrides neuves, à partir de 2035, sera étudiée par anticipation avant la fin de l’année. Initialement la clause de revoyure en question devait être discutée en 2026.

Dans ce contexte tendu, l’ACEA (Association des Constructeurs Européens d’Automobiles) a publié un communiqué appelant à une réforme « réaliste » de la politique de réduction des émissions de CO₂. L’organisation, qui regroupe les principaux constructeurs automobiles européens, met en garde contre des objectifs jugés déconnectés de la réalité industrielle. « Nous avons besoin d’une réforme réaliste de la politique de réduction des émissions de CO₂ pour les voitures et les utilitaires légers », insiste l’ACEA. Et d’ajouter : « Les objectifs doivent être alignés sur la réalité industrielle et sur la demande des consommateurs. »
Ce discours fait écho aux inquiétudes de nombreux industriels, qui redoutent que l’Europe, et particulièrement la France, sacrifie sa compétitivité en imposant des règles trop strictes. L’ACEA souligne que la transition énergétique ne peut pas reposer uniquement sur des injonctions réglementaires : elle exige des infrastructures de recharge massives, des incitations cohérentes et une prise en compte des réalités sociales.
La fracture est désormais nette : l’Allemagne veut rouvrir le débat et obtenir des marges de manœuvre sur l’interdiction du thermique en 2035, tandis que la France et l’Espagne s’érigent en gardiennes de l’orthodoxie climatique européenne. Derrière ce bras de fer, c’est l’avenir de l’industrie automobile européenne qui se joue. Si Bruxelles maintient le cap sans ajustement, les constructeurs automobiles redoutent une perte de compétitivité face aux géants chinois et américains, mieux soutenus par leurs États.
La semaine dernière, des sénateurs avaient pourtant alerté sur un très probable effondrement de l’industrie automobile française en proposant 18 mesures pour l’éviter. Force est de constater que la délégation française qui a participé au Conseil de l’Environnement n’en a absolument pas tenu compte.
En clair, l’Europe se retrouve à la croisée des chemins : entre ambition climatique et survie industrielle. L’ACEA appelle à un compromis pragmatique, mais la France, en refusant tout assouplissement, prend le risque d’apparaître isolée et de fragiliser encore davantage son tissu industriel. Suite au prochain épisode sur l’interdiction du thermique fixée à 2035 au sein de l’UE.
La rédaction
Photos : images d’illustration LesVoitures.com

