UFC-Que Choisir passe à l’action face à ce qu’elle considère comme une inertie inacceptable de plusieurs constructeurs automobiles. Après avoir lancé une première plainte contre Stellantis, l’association de défense des consommateurs s’attaque maintenant à BMW, Mercedes-Benz, Toyota et Volkswagen, les accusant de tromperie aggravée et de mise en danger délibérée de la vie d’autrui. En cause ? Leur gestion tardive et insuffisante des rappels liés aux airbags défectueux du fabricant Takata, un problème qui fait l’objet de préoccupations depuis plus de dix ans.

Un problème connu depuis longtemps, mais des rappels tardifs

Les airbags Takata, censés protéger les occupants d’un véhicule en cas d’accident, peuvent exploser lorsque le gaz utilisé pour leur déclenchement se détériore sous l’effet de la chaleur et de l’humidité. Ce défaut de fabrication peut alors projeter des fragments de métal et entraîner de graves blessures, voire des décès. A ce titre, UFC-Que Choisir dénonce « une gestion tardive, opaque et insuffisante d’un risque mortel ».

Airbags Takata plainte UFC Que choisir BMW Toyota Mercedes Volkswagen

La dangerosité de ces airbags Takata n’est pas une découverte récente : dès 2014, plusieurs pays, dont le Canada, avaient déjà initié des campagnes de rappel pour les modèles concernés. Pourtant, en France, les constructeurs automobiles visés dans cette plainte n’ont pas pris de mesures immédiates avant que le ministère des Transports n’impose un rappel sous « stop-drive » par arrêté le 9 avril 2025. Cette mesure de sécurité exige l’immobilisation des véhicules concernés, tant que les airbags défectueux n’ont pas été remplacés. D’ailleurs, dans son communiqué lié à la plainte déposée contre BMW, Mercedes-Benz, Toyota et Volkswagen, UFC-Que Choisir indique : « Aucune mesure de rappel sous “stop-drive” (avec immobilisation du véhicule) n’a été mise en place sur le territoire français, avant l’injonction du ministre chargé des transports et l’arrêté ministériel du 9 avril 2025, bien que des campagnes similaires aient été engagées dès 2014, au Canada, par exemple ».

Seul Volkswagen s’était lancé dans un rappel partiel en février 2025, mais sans véritable communication publique sur le sujet. UFC-Que Choisir reproche aux marques concernées des messages flous et minimisants, évoquant un « simple défaut de fonctionnement optimal », sans préciser le risque mortel encouru par les conducteurs et passagers.

Des décès liés aux airbags défectueux

L’association de consommateurs s’appuie sur des faits concrets pour défendre sa plainte. En Guadeloupe, un automobiliste a, hélas, perdu la vie le 25 mars 2025 après l’explosion de son airbag Takata. L’enquête du parquet de Pointe-à-Pitre, rendue publique le 12 mai, a confirmé que le dysfonctionnement du dispositif de sécurité était à l’origine du décès.

Ce tragique événement s’ajoute aux nombreux accidents recensés ces dernières années. Pourtant, malgré la gravité du problème, certains constructeurs automobiles auraient continué à équiper leurs voitures avec ces airbags Takata, ceci jusqu’en 2017, voire jusqu’en juin 2020 pour certains modèles de Seat. Une situation qui soulève des interrogations sur la responsabilité des marques et leur volonté réelle de garantir la sécurité de leurs clients.

Une enquête parlementaire demandée

Face à ces éléments, UFC-Que Choisir ne se contente pas d’une plainte pénale dans le dossier des airbags Takata. Elle demande également la création d’une commission d’enquête parlementaire, afin d’examiner les carences administratives, législatives et réglementaires qui ont pu permettre une telle situation. Toutefois, cette requête reste soumise à l’appréciation du Parlement, sans recours possible si les élus décident de l’ignorer. Quoi qu’il en soit, la nouvelle plainte déposée contre BMW, Mercedes-Benz, Toyota et Volkswagen pourrait rapidement déboucher sur l’ouverture d’une enquête par le parquet. Si ce dernier ne donne pas suite, UFC-Que Choisir pourra alors saisir un juge d’instruction, qui aura le pouvoir de mener les investigations nécessaires pour établir si ces constructeurs automobiles ont effectivement commis les délits reprochés.

Quelles conséquences judiciaires pour les constructeurs automobiles ?

Si le juge considère qu’il y a bien tromperie ou mise en danger, BMW, Mercedes-Benz, Toyota et Volkswagen pourraient être renvoyés devant le tribunal correctionnel. Lors du procès, chaque consommateur victime du défaut pourra se constituer partie civile et réclamer des indemnisations pour préjudice moral ou matériel. De son côté, UFC-Que Choisir pourra exiger des dommages et intérêts pour le préjudice subi par l’ensemble des consommateurs. Elle pourra aussi demander des mesures contraignantes pour obliger les constructeurs automobiles à modifier leurs pratiques et garantir des rappels plus rapides et transparents à l’avenir.

Enfin, le chemin juridique reste long et incertain. Ce type de procédure peut durer plusieurs années avant d’aboutir à un jugement définitif. Mais en attaquant directement des géants de l’industrie automobile, UFC-Que Choisir espère faire bouger les lignes et imposer une meilleure prise en compte des risques liés aux défauts de fabrication des airbags Takata.

La rédaction

Photos : images d’illustration LesVoitures.com