En 2025, la marque créée par Jean Rédélé fêtera ses 70 ans d’histoire. Jean Rédélé aurait-il pu imaginer qu’une Alpine 100% électrique puisse, un jour, être commercialisée en tant que voiture sportive ? Quoi qu’il en soit, l’Alpine A290 est donc la première voiture électrique développée par la marque de Dieppe, et beaucoup d’autres suivront. Alors que vaut l’Alpine A290, attendue comme une « GTI électrique », soit la version optimisée dite « sportive » de la Renault 5 E-Tech electric ? Voici notre essai de l’A290 en version de 160 kW/220 ch et finition « GTS ».
Il y a quelques jours, nous vous avons proposé de découvrir notre essai de la Renault 5 E-Tech electric, une voiture électrique plus que convaincante, pour une utilisation urbaine, voire en-dehors des villes. Révélée en juin 2023, en marge des 24 Heures du Mans, l’Alpine A290 est le premier modèle du « Dream Garage » Alpine Cars, à savoir d’une future gamme de modèles 100% électriques dont feront partie, le SUV coupé A390 et la future A110 100% électrique. Alpine Cars va donc devenir une marque 100% électrique. Débutons notre essai de l’Alpine A290 en présentant son design, sachant que les designers et ingénieurs de chez Alpine Cars avaient pour objectif commun de concevoir une voiture électrique digne de son rang de sportive, tout en respectant l’ADN historique que l’on doit, bien sûr, à Jean Rédélé.
D’une longueur de 3,99 m et d’une largeur de 1,820 m (hors rétroviseurs), l’Alpine A290 est légèrement plus longue que la Renault 5 E-Tech electric (L : 3,92 m – l : 1,50 m) et, surtout, plus large. En effet, les voies de l’A290 sont élargies de 60 mm. Quant à la carrosserie de l’A290, elle fait apparaître de nombreux éléments censés optimiser le traitement des flux d’air, ainsi que des codes visuels propres à Alpine Cars et repris aux anciennes et dernières berlinettes A110. Tout au long de la conception de l’A290, l’A110 a été dans les têtes des équipes d’Alpine Cars.
A l’avant, la nouvelle voiture électrique Alpine A290 révèle une signature lumineuse qui nous ramène aux projecteurs des A110 d’antan engagées en rallye, avec des croix lumineuses inspirées par les bandes adhésives des protections des phares. Du scotch, le concept-car Alpine A110 Sports X en avait, d’ailleurs, montré en 2020. Quant au bouclier avant de l’Alpine A290, il est logiquement très ouvert et incisif. On remarque, au niveau des extrémités de ce même bouclier, des ouvertures quasi-identiques à celles de l’Alpine A110.
Vue de face, l’aspect massif, pour ne pas écrire « bodybuildé » ressort déjà de l’A290. Plus haut, le capot tout lisse est doté d’une décoration façon prise d’air, mais, à l’opposé de la Renault 5 E-Tech electric, elle est juste décorative et n’informe pas sur le niveau de charge de la batterie, dommage.
De profil, ne parlons pas de tuning, mais avouons que le traitement des ailes arrière, en pointe, aurait pu être évité pour plus d’homogénéité de style. Cependant, sous cet angle, on ne peut qu’être conquis par le rendu « musclé » de cette désirable A290 aux galbes saisissants. Notre version d’essai Alpine A290 en finition « GTS » et au « Blanc Nival » est équipée, comme toutes les déclinaisons de l’A290, de jantes de 19 pouces, ces dernières étant, sur notre modèle d’essai, les « Snowflake » de type diamanté. A cela s’ajoutent, notamment, des étriers de frein peints en rouge.
A l’arrière, c’est tout aussi réussi pour l’A290 qui est équipée d’un diffuseur et d’un mini-becquet intégré à son hayon. Pour conclure sur le design de l’A290, il fait la part belle au drapeau tricolore que l’on observe en haut de la custode et à l’avant dans les optiques. Avouons que nous sommes tombés sous le charme de cette configuration extérieure qui ressort, visuellement, d’une manière plus homogéne. Cependant, les jantes d’une taille de 19 pouces rehaussent trop l’A290. Du coup, sa silhouette est loin d’être près du sol, à l’opposé de la Renault 5 E-Tech electric qui semble, beaucoup plus, être posée sur la route.
Passons à l’intérieur de l’A290 qui est une autre réussite, celle d’une ambiance résolument cossue et sportive, avec des attentions à tous les niveaux. Cet habitacle a été pensé comme celui de l’A110. La console centrale massive, aux trois boutons « D », « N » et « R », en est le plus bel exemple, ainsi que les sièges proches de ceux de l’A110. Les assemblages et la qualité des matériaux sont de très bon niveau, alors que les positionnements des écrans sont identiques à ceux de la R5 100% électrique.
Cependant, leurs animations et gestions sont totalement différentes avec, pour l’instrumentation numérique, des triangles qui rappellent les montagnes des Alpes. Croyez-nous, c’est bluffant et fun ! Le grand écran tactile (10,1″), géré par l’intelligence informatique « Alpine Telemetrics », peut presque être considéré comme une « console de jeux vidéo ». En effet, un coach virtuel aide au pilotage ou à la conduite, avec pas moins de 40 épreuves à réussir pour progresser. D’autres challenges, au nombre de 15 pour commencer, à réaliser sur routes fermées, ou sur circuit, sont aussi au programme de l’A290. Ce n’est pas tout, car ce qui saute aux yeux, c’est le volant et ses différents boutons venus tout droit de la Formule 1 et, de nouveau, du domaine du gaming. A gauche du volant, une commande rotative bleue « RCH » permet de régler le niveau de récupération d’énergie au freinage. A droite, on trouve le sélecteur de mode de conduite (« Save », « Normal », « Sport », « Perso ») et, au-dessus, un incroyable bouton rouge bouton « OV » (Overtake). Ce dernier, une fois enclenché, permet de bénéficier, un court instant, pendant 10,0 s, d’un boost de puissance électrique.
On en oublierait presque que l’A290 est une citadine sportive au gabarit proche d’une voiture compacte qui peut accueillir 5 occupants, son volume de chargement étant de 326 l en « GT » et « GT Performance » (300 l en « GT Premium » et « GTS »). En pratique, deux adultes seront à leur aise, assis aux places arrière.
Avant de passer à notre essai routier de l’Alpine A290, présentons, les spécificités techniques propres à la première voiture électrique Alpine Cars, et il y en a beaucoup. L’A290 peut être commandée, au choix, en deux niveaux de puissance pour le moteur électrique repris à la Mégane E-Tech electric : 130 kW/180 ch (autonomie WLTP mixte : 380 km) – 160 kW/220 ch (autonomie WLTP mixte : 364 km). A chaque fois, c’est la batterie de grande capacité de 52 kWh qui alimente, en énergie électrique la traction A290 (chargeur 11 kW). A noter que le moteur électrique de l’A290 repose sur un berceau spécifique composé d’aluminium. Le train arrière multi-bras de la Renault 5 E-Tech electric est, fort logiquement, repris sur l’A290, mais il est accompagné d’une barres anti-roulis spécifique, comme pour l’avant. Des butées hydrauliques, comme sur l’A110, sont présentes pour les amortisseurs de l’A290 aux réglages plus fermes. On en vient au dispositif de freinage, à 4 pistons (320 mm à l’avant – 288 mm à l’arrière) fourni par Brembo. Toutes ces spécificités techniques donnent envie de prendre le volant de l’A290, n’est-ce pas ?
Concernant les pneus de l’A290, trois montes sont proposées, au choix, en commençant par les plus simples gommes Michelin Pilot Sport EV (été). Pour plus de performance, des Michelin Pilot Sport S 5 peuvent, aussi, être montés sur les jantes de l’A290. Des pneus neige, Michelin Pilot Alpin 5, complètent l’offre développée, par Michelin, spécifiquement pour l’Alpine A290. Sur notre modèle d’essai de l’Alpine A290, il s’agit donc des Michelin Pilot Sport S 5.
On y est, voici ce que nous avons ressenti, sur les superbes routes sinueuses de Palma de Majorque, au volant de l’Alpine A290, Alpine Cars ayant fait les choses biens et en grand, en nous offrant, également, la possibilité d’évoluer sur un circuit. Une fois assis derrière le volant de cette voiture électrique, un premier sentiment de sportivité nous envahis, car l’habitacle de l’A290 est une réussite. L’identité Alpine y est omniprésente et, surtout, on est parfaitement installés avec, sous la main, de vraies commandes dignes d’une A110 et d’autres en lien avec la Formule 1. Bref, c’est à la fois agréable, ludique et cela donne une seule envie, rouler… à un rythme soutenu. Vous l’aurez, peut-être compris, c’est avec le mode « Sport » enclenché que nous avons réalisé cet essai de l’Alpine A290.
Dès le premiers kilomètres parcourus, un premier constat est évident, l’Alpine A290 est « bien né », pour reprendre une expression liée au sport automobile. L’auto réagit parfaitement à nos moindres sollicitations, que ce soit au volant, au niveau de la pédale de droite ou, encore pour sa pédale de frein. L’effet « catapulte » intrinsèquement lié aux voitures électriques, se fait sentir lorsque l’on presse, à fond, cette fameuse pédale de droite. Pour en avoir plus, sous le pied, on actionne, alors, le bouton « OV » pour profiter d’une boost électrique. Lors des phases de dépassement, ce bouton pourrait se révéler être salvateur, même si nous n’avons, bien sûr, pris aucun risque au volant de l’A290. Cependant, pour ne pas s’en lasser trop vite, il faudra l’utiliser avec parcimonie, ou, non sans humour, pour réveiller le passager qui aurait eu la mauvaise idée de s’endormir.
Alors que nous prenons en main cette Alpine A290, nous avons littéralement plongés dans une ambiance sonore bluffante de réalisme, aussi virtuelle qu’elle ne soit, car l’A290 fait du bruit, et oui ! Equipée d’un innovant « Alpine Drive Sound », aux deux ambiances sonores intérieures « Alternative Sound » (pour le quotidien) et « Alpine Sound » (pour une conduite plus sportive, encore plus immersive), l’A290 offre donc un plaisir auditif certain. C’est un peu comme au cinéma, la musique d’un film contribuant majoritairement aux émotions ressentis. Dans l’A290, cela fonctionne à merveille. Selon l’accélération, le couple et les autres paramètres liés à la sollicitation de la mécanique de l’auto, générera différents bruits et sonorités pour offrir un retour auditif. Alpine Cars a collaboré avec les ingénieurs acousticiens de chez Devialet, pour créer des harmoniques et tonalités immersives. De nouveau, croyez-nous, cela est assez dingue en termes de ressenti, le système Hi-Fi Devialet étant composé de 9 haut-parleurs, subwoofer inclus, pour une puissance de 615 W.
A l’approche des premiers virages, le moment est venu de mettre à l’épreuve du freinage l’A290. Surprise, à l’attaque de la pédale de frein, il faut aller chercher plus loin que sur la Renault 5 E-Tech electric pour que l’auto commence à ralentir fortement. Les ingénieurs de chez Alpine ont souhaité proposer, aux acheteurs de l’A290, le « meilleur des deux mondes », à savoir un freinage confortable, pour la ville, sans à-coups, et un freinage très efficace, en cas de besoin. Avouons que pour nous, une voiture sportive rime avec une attaque de freinage directe et courte. Ce n’est pas le cas avec l’A290 même si le système de freinage de cette dernière est très efficace et sécurisant.
Là où cela devient impressionnant, c’est dans les courbes, car l’A290 ne bouge pas d’un millimètre, son train arrière étant comme « vissé » à la route. Certains adoreront, d’autres moins, car cela enlève le côté glisse propre à une voiture sportive. En effet, l’électronique qui intègre l’A290 freine la roue intérieure pour permettre à l’auto d’enrouler le virage. Cela donne donc envie, et c’est une bonne chose, d’entrer encore plus vite dans les virages.
En sortie de courbes plus serrées, c’est, cette fois, le double dispositif de « Torque Vectoring » qui offre à l’A290 une très bonne motricité. A la sortie du moteur électrique, un premier système principal amoindri le couple envoyé sur l’essieu avant, si les roues avant de la traction électrique A290 ne sont pas assez droites, alors que le conducteur accélère trop tôt. Puis, via un second système de répartition de couple, ce dernier est « intelligemment » réparti sur l’une ou l’autre des roues avant. C’est à ce moment que l’A290 devient suffisamment joueuse, comprendre permissive en sortie de virage. Sur une voiture électrique, faut-il rappeler que le couple est disponible instantanément ? En mode « Sport », l’A290 laisse donc à son conducteur la possibilité de jouer, sans risque, soit un point fort. Cependant, ne vous attendez pas, au volant de l’A290, à des réactions obtenues via un différentiel autobloquant mécanique. Cela n’a rien à voir, mais c’est, encore, une fois, très amusant et efficace. On en parle jamais assez dans nos essais, mais il faut mettre, aussi, en avant, sur cette A290, le « grip » incroyable fourni par les Michelin Pilot Sport S 5.
On enchaîne alors les virages à un rythme élevé, le châssis sport Alpine et les butées hydrauliques jouant une « partition parfaite », malgré le poids de l’engin : 1 479 kg à vide. Le poids, toujours le poids, cet « ennemi » de la sportivité automobile. Hyper-agile, dynamique à souhait, il n’y a donc rien à écrire de négatif sur le comportement sportif de l’A290, qui est de très haut niveau pour une voiture électrique, également pour le confort ressenti lorsque l’état de la route se dégrade, bravo Alpine Cars.
C’est lors de nos quelques tours de circuit que ce poids s’est fait ressentir, à des vitesses beaucoup plus élevées, surtout en entrée de virage, mais le plaisir est toujours bien présent aux commandes de l’Alpine A290. On regrette, à cet instant, que la première voiture électrique Alpine Cars ne développe que 220 ch et 300 Nm de couple. La concurrence fait mieux, notamment avec la Cupra Born VZ de 325 ch, mais avec un poids de plus de 2 000 kg, c’est beaucoup trop ! Finalement, avantage à l’A290 donc, au niveau du rapport poids/puissance. Passons aux performances de l’Alpine A290 de 160 kW/220 ch : 0 à 100 km/h en 6,4 s et 170 km/h de vitesse maximale.
On en vient à la consommation de cette Alpine A290. Avouons que notre essai n’avait pas pour but de la tester de façon réelle, en roulant à allure normale. Résultat : 24,5 kWh/100 km. 364 km d’autonomie en WLTP mixte pour l’A290 de 160 kW/220 ch et 380 km pour l’A290 de 130 kW/180 ch donc, des données qui sont loins de celles proposées sur la Renault 5 E E-tech electric (410 km en WLTP mixte pour la version de 110 kW/150 ch).
En conclusion de notre essai de l’Alpine A290, elle peut être considérée, en tant que voiture électrique, comme une sportive, mais ce « jouet électrique » n’a, à nos yeux, aucun intérêt dans le cadre de déplacements au quotidien. En ville ces appendices aérodynamiques pourraient être vite abimés et son autonomie est donc, logiquement, inférieure à celle de la superbe, plus efficiente et moins chère Renault 5 E E-tech electric plus polyvalente. L’Alpine A290 s’offre à partir de 38 700 € (hors bonus écologique) en version de 130 kW/180 ch et finition « GT ». Notre modèle d’essai haut de gamme, l’A290 de 160 kW/220 ch en finition « GTS » s’affiche, quant à elle, à partir de 44 700 € (hors bonus écologique).
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : Alpine Cars