Dévoilée en début d’année dans le cadre du North American International Auto Show de Detroit, la Cadillac CTS-V a débarqué sur « le continent du downsizing » à Genève en mars dernier. Sur les terres des BMW M5 Berline, Audi RS 7 Sportback et Mercedes-AMG E 63 Berline, la CTS-V compte bien se faire une place avec sa gueule d’enfer et le moteur de la Corvette Z06 dont elle est équipée, essai…
Comme une provocation aux puissantes allemandes précédemment citées, c’est en Allemagne, dans la région de Munich, que nous avons eu le bonheur d’essayer la 3ème génération de la Cadillac CTS-V. Le « V » correspond à la gamme haute performance du constructeur américain : V-Series. Que dire du look de ce mastodonte que l’on imagine aisément évoluer dans les rues de Washington D.C. aux côtés de la Cadillac One de Barack Obama ?
Avec ses 5 m de long et 1,86 m de large, cette familiale à l’énorme cœur écrase les éléments avec cette face avant très aérée. Ses optiques acérées, qui se prolongent jusqu’au bouclier avant grâce aux LEDs, ressortent telles les griffes d’un prédateur ! Et là où les européennes font dans le lisse, le capot de la CTS-V au double bossage revendique haut et fort les origines du monstre qui conserve une belle élégance. Mais, pour notre plus grand plaisir visuel, on est loin de la sage version standard que nous avons fait glisser sur la neige de Gstaad en février (à revoir ici).
Les flancs de la berline et sa partie arrière sont plus basiques. Livrée en série avec déjà des jantes de 19″, notre modèle d’essai dispose des superbes jantes de taille identique en aluminium forgé en V (option : 310 €) et surtout du Pack Performance Circuit : entrée d’air du capot, becquet arrière, prises d’air avant et diffuseur arrière en fibre de carbone (option : 3 940 €). La magnifique teinte Rouge Obsession perlé est également au programme des options à 1 520 €. Dans un décor digne de la série à succès Game of Thrones, la CTS-V semble naturellement s’imposer comme une reine prête à se déchaîner !
A l’intérieur, force est de constater que les stylistes américains progressent même si on est encore en dessous de la « Deutsche Qualität » en termes de finitions mais la qualité d’assemblage est réellement du haut de gamme. Dans une ambiance « Made in USA », nous avons apprécié un choix de matériaux maîtrisé qui dégage une belle sobriété et une dose agréable de raffinement sportif. On n’en demande pas moins à une berline sportive haut de gamme. Sur ce point Cadillac a réalisé un excellent travail.
Quant au système d’info-divertissement et son écran de 12,5″, il s’est montré simple et rapide à utiliser. A noter que le système audio surrround 5.1 Bose à 10 haut-parleurs avec suppression active du bruit est proposé en série sur la CTS-V. Et pour 1 520 € supplémentaires et l’achat d’une carte SD, il est possible d’enregistrer des vidéos des trajets qui intègrent des datas très précises, grâce au système d’enregistrement des données optionnel.
Les sièges Recaro ont fait l’objet d’un travail très soigné, leur confort et leur maintien sont parfaits. Ils sont inclus dans une option à 1 980 € qui fait la part belle aux inserts en daim et à des garnitures en fibre de carbone. Durant notre essai à haute vitesse, seul un bruit de grincement issu de la vibration de la garniture centrale du volant nous a dérangé mais… Il a rapidement été occulté par la monstrueuse sonorité du gros V8 de 6.2 l Supercharged, contact !
Pour faire aussi vite que la Cadillac CTS-V sur l’Autobahn, nous pouvons clairement écrire que cette berline est démoniaque de facilité. Ces deux termes s’opposent mais ils permettent de cerner rapidement les capacités hors normes de l’auto ! C’est d’ailleurs sur un tronçon d’autoroute allemande non limitée que nous avons débuté notre périple dans la région de Munich. Nous avons eu juste le temps de faire monter en température le small-block. Puis, pied au plancher et le regard loin pour anticiper au maximum, nous atteignons la vitesse indécente de croisière de 250 km/h. Ceci sans efforts et sans même nous en rendre compte ou presque, bien calés derrière une ATS-V Berline (à retrouver très prochainement en essai). Au moment où l’ATS-V s’écarte, nous appuyons un peu plus fort encore sur la pédale de droite. La reprise est alors phénoménale et nous flirtons avec les 310 km/h, loin du chiffre réalisé le lendemain de 320 km/h, obtenu sur une autoroute quasi déserte. Et quand vient le moment de ralentir, le système de freinage nous projette littéralement dans un autre monde ! Son efficacité est déconcertante. Les 1 850 kg (poids à vide) de la CTS-S sont alors oubliés car les freins Brembo (390 mm et 6 pistons à l’avant, 385 mm et 4 pistons à l’arrière) sont d’une redoutable et très sécurisante efficacité.
Sur les routes bordées de forêts de la campagne munichoise, la furie de la berline, ou plutôt du bolide, fait rage ! Les 649 chevaux (à 6400 tr/mn) de la CTS-V s’expriment « violemment ». Le LT4 V8 6.2 l à compresseur Eaton TVS (on ne se lasse pas de l’écrire toujours et encore), se lâche ! Son couple de 855 Nm (à 3 600 tr/min) arrache tout sur son passage et nous sommes bien heureux d’avoir pu en jouir sur une route sèche, imaginez les mouvements du train arrière sur un revêtement humide ! La boîte de vitesses à 8 rapports avec palettes au volant est d’une rapidité époustouflante et peut s’avérer très douce en ville. Elles offrent à la CTS-V des reprises d’un autre monde ! A bas régime, c’est encore plus impressionnant. Mais attention, le train arrière peut se dérober rapidement. A croire que les différents systèmes high-tech d’aides « au pilotage », qui ont été savamment développés par les ingénieurs de chez Cadillac, sont toujours à la limite de leur fonctionnement comme pour le différentiel électronique à glissement limité et le contrôle électronique de stabilité et d’antipatinage (ESC). Précisons que ce denier est spécifique aux versions V-Series. Mais ces aides, et les autres que nous allons présenter, sont d’une grande efficacité pour ne pas dire salvatrices !
C’est donc toute une panoplie de dispositifs qui aide les Michelin Pilot Super Sport à accrocher le bitume. L’amortissement adaptatif Magnetic Ride Control et le Performance Traction Managment (PTM) optimisent intelligemment et conservent le contrôle de la berline de l’extrême. Le premier représente la « force d’attraction terrestre » de la CTS-V selon 4 modes : Tour (standard), Sport, Track et Snow/Ice. Il nous faudrait un autre article très détaillé pour expliquer les paramètres complexes utilisés pour chaque mode. Pour faire simple, et selon le mode qui est enclenché, la cartographie moteur évolue bien sûr mais les suspensions, la direction assistée, entre autres, se renforcent plus on va vers le mode Track. Les suspensions sont de type McPherson avec double articulation inférieure à rotule et barre stabilisatrice à action directe à l’avant. Et pour l’arrière, elles sont indépendantes à cinq bras avec amortisseurs monotubes. Il faut néanmoins rester très prudent car la maîtrise d’une telle furie mécanique reste délicate même si le V8 perd 10 cheveux comparativement à celui de la Z06. En effet, cela est dû aux modifications qui ont été effectuées sur le LT4 pour l’intégrer dans la CTS-V.
Trêve d’explications techniques, la CTS-V est très fois joueuse, sécurisante et d’une incroyable polyvalence. Son châssis est bluffant ! Nous avons enchaîné des courbes rapides à travers un paysage vallonné. Les couleurs de l’automne ont accentué les extraordinaires sensations ressenties au volant de la CTS-V. Sa sonorité est époustouflante, c’est le son de l’Amérique !
Du côté des performances, la Cadillac CTS-V abat le 0 à 100 km/h en 3,7 secondes pour une « V Max » communiquée à 320 km/h, tout cela pour une berline luxueuse ! Encore une fois nous sommes en présence de données hors normes car la concurrence allemande est souvent limitée électroniquement à 250 km/h. Un seul chiffre, qui est tout simplement le meilleur de la catégorie, résume à lui seul la bestialité de la CTS-V, son rapport poids/puissance de 2,78 kg/ch ! Pour l’anecdote, les consommations de la CTS-V communiquées par Cadillac sont de 20 l/100 km en ville, 8,9 l/100 km sur autoroute et 13 l/100 km en cycle mixte. En matière d’émissions de CO2 : 298 g/km d’émissions = 8 000 € de malus en France.
Que dire pour conclure et compiler en quelques lignes le caractère féroce de la CTS-V, son look provocateur et son élégance en certains points. Polyvalente, douce ou rageuse et tellement puissante, la Cadillac CTS-V est à la fois un concentré de technologies et de savoir-faire à l’américaine, le pays de la démesure par excellence. Et l’excellence des performances et des sensations proposées par la CTS-V ont de quoi impressionner surtout pour un prix de départ affiché à 100 330 €. Le prix de la BMW M5 (560 ch) débute à 120 600 €, celui de l’Audi RS 7 Sportback performance à 142 900 € et la Mercedes-AMG E 63 4MATIC Berline s’affiche à partir de 125 500 €. La Cadillac CTS-V est bien la plus extravagante et la plus originale des berlines familiales même si elle est plus fine à dompter que les trois allemandes. Le « Nouveau Monde » a définitivement un caractère bien trempé sur le plan de l’extravagance automobile… Finissons avec la sonorité rauque du LT4 à savourer en vidéo…
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : Alexandre Besançon