A ma droite, Luca de Meo et, à ma gauche, Carlos Tavares. Certes, ce n’est pas un combat de boxe que se livrent les dirigeants de Renault Group et Stellantis, mais leur désaccord est total concernant les quotas d’émissions de CO2/km liés aux productions annuelles des constructeurs automobiles. Autrement et officiellement écrit, il s’agit de la CAFE (Corporate Average Fuel Economy) que Bruxelles devrait durcir en 2025. Dans une note dite “informelle” qui a fuité, Luca de Meo demande le report, de deux ans, de la CAFE 2025, sachant que Luca de Meo, et c’est très important, est aussi, le patron de l’ACEA (European Automobile Manufacturers’ Association). Or, Carlos Tavares ne veut pas de ce report.
Décidée par l’Union Européenne (UE), la CAFE impose donc, pour faire simple, une moyenne maximale annuelle d’émissions de CO2/km à respecter sur l’ensemble des productions de chaque constructeur automobile. Si ce quota annuel dépasse celui fixé par Bruxelles, le constructeur automobile fautif s’expose à de lourdes amendes. Alors que le marché automobile européen des voitures électriques ne décolle pas, il semble donc difficile, à date, de tenir la future CAFE 2025 pour ces même industriels. En effet, l’Europe vise 81 g/km d’émissions de CO2 dans le cadre de la CAFE 2025, contre 95 g/km aujourd’hui.
Dans la note évoquée en introduction, qui a été envoyée à Bruxelles et, probablement, aux différents gouvernements des membres de l’UE, Luca de Meo (CEO Renault Group – CEO Ampere) aurait donc demandé le report de deux ans de la CAFE 2025. On doit cette information à Le Monde et Bloomberg. Du côté de Carlos Tavares (CEO Stellantis), il n’est pas question de revoir la CAFE 2025, car, pour lui, tout est mis en œuvre pour vendre beaucoup plus de voitures électriques et tenir les objectifs fixés par l’Europe, sachant que, toujours selon Carlos Tavares, les modèles hybrides et hybrides rechargeables vont permettre de tenir la CAFE 2025. Carlos Tavares souhaite donc “pousser”, sans attendre, les consommateurs européens à la mobilité propre. Dans ce but, rappelons qu’il a signé un accord avec les Chinois de chez Leapmotor pour commercialiser des voitures électriques “made in China”, en Europe et ailleurs, via Leapmotor International.
Enfin, suite aux prochains épisodes, mais Luca de Meo et l’ACEA mettraient en avant le fait, pour l’UE, de pouvoir utiliser l’article 122.1 qui permettrait, en urgence, de différer la CAFE 2025.
La rédaction
Photos : Renault Group et Stellantis