Evénement : « Tendre Violence », l’exposition de Thomas Lélu…

Une image vaut mille mots. Cependant, il ne faut pas se fier aux premiers termes qui nous passent par la tête. Des voitures puissantes et des femmes nues juxtaposées apparaissent a priori comme des symboles communs du machisme et de la domination masculine. Mais pas cette fois grâce à l’artiste Thomas Lélu et son concept « Tendre Violence » exposé à Paris jusqu’au 5 mars.

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A noter que l’idée n’est pas nouvelle, des artistes d’Amérique du Sud sous l’impulsion de Jorge Gòmez, ont déjà réalisé des performances de cet ordre (Ricardo Rou, Carlos Paèz Vilar, Marta Minuji, Daniela Boo, Omar Panosetti). En 2012, ils avaient exposé leur capot de Porsche 911 GT2 peints.

Ainsi, c’est dans l’objectif de casser ces clichés éculés d’assujettissement et d’emprise que repose le travail de Thomas Lélu, artiste plasticien, photographe et romancier français. Dans l’apposition de deux éléments aux références fortes, Thomas Lélu opère une transformation sémantique dans le prolongement de sa recherche continuelle de destruction des stéréotypes.

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Au départ une voiture, un bien symbolique ostentatoire qui incarne la pluralité des possibles et surtout le contrôle ultime. Mais à travers les réalisations exposées, les capots qui « cachent » les moteurs neutralisent l’image de puissance, que peut dégager les automobiles, grâce aux photos de femmes nues. Les clichés proviennent de magazines érotiques (et précisément non pornographiques) publiés dans les années 70. C’est sans coïncidence que les photographies ont été choisies car elles ont été prises dans un contexte d’émancipation sexuelle des femmes et de lutte contre les dispositifs de répression sexuelle. A cette période charnière, ces images ne sont pas encore normées ni manipulées puisque la représentation de la nudité, jusque là cloisonnée aux frontières d’un prétexte mythologique, se libère et traduit réellement le processus de ré-appropriation de leur corps par les femmes.

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Cette nudité, affranchie de prétextes, envahit alors tous les domaines de la création et par ce biais nourrit l’imaginaire collectif et le fantasme de la femme sexuellement émancipée. Ces photographies sont des moments volés d’intimité dans la vie de femmes idéalisées dans l’esprit commun et dans celui de l’artiste. Alors elles s’exposent sans fragilité ni pudeur et concrètement sans présence masculine. Elles semblent contrôler leur sexualité.

Dans la déviation des images, Thomas Lélu rend compte de l’antagonisme et de la tension qui peuvent exister entre elles. Dans l’exposition, cette tension relate le rapport de force actuel entre les deux sexes et sous-entend que l’ascendant a peut-être changé de main en termes sexuels, voire de pouvoir. Et, tout simplement, l’érotisme est un jeu où il s’agit d’amener l’autre à sortir de sa cachette, à exposer ce qu’il a sous-entend.

L’exposition « Tendre Violence » est à découvrir jusqu’au 5 mars chez L’écurie France : 44 Rue Lucien Sampaix 75010 Paris.

La rédaction

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