Dakar : visite exclusive de “l’antre” des Peugeot 2008 DKR16 et interview de Bruno Famin !

A quelques jours de leur départ pour l’Argentine, nous avons eu le privilège d’accéder au site de Peugeot Sport où sont préparées les Peugeot 2008 DKR16. Au programme, une visite exceptionnelle au plus près des quatre voitures qui seront au départ du Dakar 2016, le 3 janvier prochain après le prologue de la veille. L’occasion également d’une rencontre avec Bruno Famin, le patron de Peugeot Sport…

Stéphane Peterhansel, Carlos Sainz, Cyril Despres et pour la première fois sur le plus grand des rallyes-raids, Sébastien Loeb, disposeront chacun d’une 2008 DKR16 affûtée et préparée avec le plus grand soin. Les équipes dirigées par Bruno Famin ont profité de l’expérience de 2015 (11ème place de Peterhansel) pour faire évoluer les crossovers des sables sur tous les niveaux. La “Dream Team” formée par Peugeot respectera une stratégie d’équipe comme l’explique Bruno Famin : « Tous nos pilotes savent que la priorité est toujours donnée à l’intérêt de l’équipe. » Ainsi, aucun des pilotes ne sera privilégier par rapport à un autre en cas de soucis techniques et d’éventuelles changements de pièces d’une 2008 DKR16 à une autre.

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Bruno Famin poursuit : « Comme on sait par définition que sur un rallye-raid long, dur et compliqué comme le Dakar, qu’il va se passer beaucoup de choses, des crevaisons, des pilotes qui se perdent, des pannes que l’on espère par trop nombreuses, il y aura donc des aléas de course. On a donc mis en place une stratégie qui vise à toujours privilégier l’équipe et donc les voitures les mieux classées, peu importe le pilote, cela ne se fait pas en fonction de lui. C’est facile à dire mais plus compliqué à mettre en oeuvre, surtout en début de rallye quand les voitures sont proches. Il faut en effet éviter la double peine, par exemple si un pilote est deuxième et un autre quatrième. Si on arrête le quatrième  pour aider le deuxième on risque alors que les deux reculent au classement. C’est donc assez fin à mettre en place. C’est pour cela que nous sommes encore en train de réfléchir aux règles que nous appliquerons sur le Dakar 2016 car sous la pression de l’évènement, il faudra agir comme il faut et très vite, en fonction de la solution optimale à adopter dans l’intérêt de l’équipe. »

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– Bruno Famin, les 2008 DKR 16 vont-elles être à l’attaque d’entrée comparativement au Dakar 2015 ?

« L’année dernière, on était à fond dès le départ (rires). C’est une course d’endurance le Dakar et Peugeot Sport est encore en phase d’apprentissage. Ce n’est que notre deuxième Dakar, on a un déficit énorme d’expérience si on regarde nos concurrents. Notre premier objectif est d’amener un maximum de voitures à Rosario le 16 janvier pour l’arrivée. C’est de cette manière que l’on apprend le mieux et c’est en cela que le Dakar 2015 a été trés positif. On a franchi la ligne d’arrivée avec deux voitures sur trois. On a appris beaucoup de choses. En 2016, nous avons la chance d’avoir quatre équipages intelligents qui savent que c’est au bout de plus de 9 000 km d’épreuve que le podium se situe. C’est un peu comme sur circuit, au premier virage on ne peut pas gagner la course mais on peut tout perdre, la prudence est donc de mise. On peut moduler le rythme selon les spécificités du parcours car il est important de partir en premier  car l’ordre de départ d’une étape est conditionné par le classement de l’étape de la veille. Cela veut dire que plus on part loin, plus on est gêné par des concurrents plus lents, par la poussière, par une piste plus défoncée. Il convient donc quand même de ne pas partir trop loin et d’adopter un rythme suffisant. Mais cela ne veut pas dire d’être à l’attaque à outrance. »

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– Qu’est ce qui a changé après 25 ans et votre retour dur le Dakar en 2015 ?

« Tout a changé sauf l’esprit du Dakar. C’est toujours une aventure et une course d’hommes avec un grand H. C’est une course trés difficile pour laquelle le mental est extrêmement important. Il y a des situations difficiles et on passe par des endroits incroyables. La course, paradoxalement, est plus dure que lorsqu’elle se déroulait en Afrique. Les conditions sont beaucoup plus variées. On peut être dans la Pampa un jour et un autre dans la Cordillère des Andes ou encore passer de 0 à 55 degrés. Il peut, par exemple, y avoir un petit crachin en Bolivie puis des pluies torrentielles à Salta en Argentine. Les changements climatiques sont extrêmement forts. Quand on faisait le Paris-Dakar, de Paris à Dakar on connaissait les conditions qui nous attendaient. Ce qui a changé aussi c’est le niveau et une professionnalisation de l’épreuve. Environ trente équipages peuvent prétendre à rentrer dans le top 10 et une douzaine au podium. On a vraiment des équipes très fortes. En Afrique Jean Todt a dit un jour : on se bat contre de camionnettes (rires). Aujourd’hui ce n’est plus le cas même si les pilotes privées forment la majorité du plateau. »

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– Pouvez-vous nous parler des choix techniques pris pour la 2008 DKR dès 2015, notamment celui d’évoluer en deux roues motrices ?

« Une des conclusions du Dakar 2015 nous a permis de confirmer notre choix de concept. Notre première 2008 DKR n’était pas si mal malgré le peu de temps que nous avons eu pour la créer. Bien évidemment, on pouvait l’optimiser dans tous les domaines. C’est ce que l’on a fait pour la version 2016. En l’état actuel du règlement, une voiture à deux roues motrices avec des grandes roues à débattement important et un moteur diesel biturbo (V6 3.0 l), représentent les meilleurs choix pour espérer dépasser le plus rapidement possible la concurrence qui a fait le choix de la transmission intégrale. Ceci pour deux raisons, la première au vue de l’analyse des performances 2015 et des progressions importantes que nous avons aujourd’hui apportées sur la 2008 DKR16. La seconde raison est que nos concurrents font aussi évoluer leur voiture. La manière façon de doubler les adversaires est pour nous de prendre une autre voie. On pense clairement que notre concept le permet. »

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– Quelles sont selon vous les principaux points forts de la 2008 DKR qui a donc évolué dans tous les domaines ?

« Le premier point fort est le gain de stabilité de la voiture. C’est le point le moins quantifiable mais paradoxalement il est primordial car il donne de la confiance aux pilotes. Le second : le travail important qui a été réalisé sur la plage d’utilisation du moteur qui fonctionne maintenant d’une manière optimale à tous les régimes et à n’importe quelle altitude. Et le troisième, c’est le poids, plus faible, et le centre de gravité qui a été abaissé sur la nouvelle 2008. J’en rajoute un quatrième, le travail de Michelin sur les nouveaux pneus.  »

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– Quelles sont les liens entre Peugeot Sport et la 5ème 2008 DKR, celle de Romain Dumas ?

« On lui a vendu une voiture de 2015 évoluée (2008 DKR15+), des pièces et il se débrouille avec (rires). C’est ce qui plaît à Romain et l’amuse, le fait de posséder sa propre structure de course comme en WRC. Les deux équipes sont donc complètement indépendantes. Si ponctuellement il a besoin d’un coup de main, on ne lui jettera pas de pierres (rires) mais à condition que cela ne porte pas préjudice au Team Peugeot Total. De plus, nous ne sommes pas équipés pour s’occuper de lui. On a largement de quoi faire avec nos quatre 2008 DKR16 et veiller au potentiel humain de l’équipe technique est aussi très important. On ne va donc pas se mettre dans le rouge pour aider Romain Dumas et il le sait très bien. »

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– Qu’avez-vous mis en place pour Daniel Elena dans le but de le former à l’orientation ?

« Daniel Elena n’a pas d’expérience en rallye-raid. En revanche, il a un très gros avantage, c’est l’un des meilleurs équipiers. C’est un réel bosseur et il souhaite progresser rapidement. Daniel et Sébastien savent analyser, et ont cette démarche commune d’apprendre. Le rallye du Maroc l’a prouvé. Daniel est accompagné par Alain Guéhennec, notre cinquième copilote de secours. Alain a une double mission, former Daniel, ce qu’il a fait avec beaucoup d’implication et d’altruisme car il savait très bien que si Daniel n’était pas au niveau, c’est lui qui allait le remplacer. Alain a joué le jeu à fond, ce qui est remarquable de sa part. »

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– Qu’elles sont les retombées du Dakar pour Peugeot ?

 « Le Dakar s’est internationalisé notamment en ce qui concerne la Chine et la Russie. On veut gagner en notoriété en dehors de l’Europe. On a de bonnes retombées en Amérique du Sud bien et en Argentine bien sûr. Ce sont des pays que l’on cible en matière de communication. Notre programme de rallye-raid a été mis en place pour contribuer à internationaliser la marque Peugeot en gagnant en qualité d’image. »

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Les quatre 2008 DKR 16 effectueront leur déverminage la semaine prochaine avant de s’envoler pour l’Amérique du Sud. Le Dakar 2016 sera à suivre après chaque étape sur LesVoitures.com. D’ici la, retrouvez au terme de cet article, d’autres photos de “l’antre” des Peugeot 2008 DKR16.

Text et interview : Frédéric Lagadec

Photos : Alexandre Besançon

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