Fort de sa position de troisième marque automobile mondiale (toutes énergies confondues) et de numéro 1 mondial sur le marché des véhicules à énergie nouvelle, le constructeur chinois BYD poursuit sa conquête du marché européen avec une gamme de véhicules à technologie Super Hybride en promettant des consommations particulièrement basses et un rapport qualité/prix super avantageux. Promesses tenues ? C’est ce que nous avons voulu vérifier lors de l’essai du BYD Sealion 5 DM-i d’une puissance de 212 ch et en finition « Comfort ».

Dans le paysage automobile français, où les compactes d’entrée de gamme franchissent allègrement la barre des 30  000 €, l’arrivée du SUV PHEV (Plug-in Hybrid Electric Vehicle) BYD Sealion 5 fait l’effet d’une petite révolution. Ce SUV familial de 4,74 m, concurrent direct des Peugeot 5008 et Skoda Kodiaq, affiche un tarif de lancement qui le place au niveau d’un Dacia Bigster (prototype, non commercialisé) hybride. Une stratégie commerciale agressive qui pourrait bien rebattre les cartes sur le segment des SUV familiaux. Avant l‘essai routier du BYD Sealion 5 DM-i, présentons-le en détail.

essai BYD Sealion 5 DM-i SUV chinois SUV hybride rechargeable

Affiché à partir de 30  990 € en finition « Comfort », avec une remise immédiate de 1  000 € portant le prix à 29  990 €, ce nouveau venu chinois se positionne comme l’une des rares alternatives hybrides rechargeables accessibles du marché. La version « Design », équipée d’une batterie plus généreuse et d’une dotation enrichie, grimpe à 33  990 €, soit 32  990 € après remise. Un positionnement tarifaire qui met en difficulté la concurrence européenne, obligée de demander entre 43  690 € pour le Peugeot 5008 et 52  590 € pour le Skoda Kodiaq en version hybride rechargeable.

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Le cœur technique du Sealion 5 repose sur la motorisation DM-i de BYD, déjà éprouvée sur la berline Seal 6. Cette architecture hybride rechargeable adopte une philosophie radicalement différente des systèmes conventionnels. Là où les hybrides rechargeables traditionnels privilégient le moteur thermique, BYD inverse la logique : le moteur électrique assure l’essentiel de la motricité, tandis que le modeste 4-cylindres essence 1.5 l atmosphérique de 98 ch joue principalement le rôle de générateur.

Ce bloc thermique à cycle Atkinson n’entraîne directement les roues qu’au-delà de 70 km/h ou lors des accélérations franches, fonctionnant alors en parallèle avec le moteur électrique via un rapport fixe, sans boîte de vitesses. Cette absence de transmission confère au véhicule une douceur de marche appréciable, sans à-coups ni changements de rapports. Le système maintient automatiquement un minimum de 25 % de charge pour limiter les sollicitations du thermique et optimiser l’efficience globale.

Deux capacités de batterie sont proposées sur le BYD Sealion 5 DM-i : 13 kWh en version d’entrée de gamme, promettant 62 km d’autonomie électrique, et 18,3 kWh sur la finition « Design » annonçant 88 km en mode zéro émission. Des chiffres réalistes en conditions réelles, à condition de privilégier les trajets urbains et périurbains. Notre essai du BYD Sealion 5 DM-i a permis de parcourir 70 km en électrique pur, confirmant la pertinence des données constructeur.

Avec une puissance cumulée de 212 ch et un poids contenu à 1 749 kg, le Sealion 5 ne vise pas la sportivité. Le 0 à 100 km/h en 8,1 s est très correct et reflète le caractère volontaire mais posé de l’ensemble. Les 300 Nm du moteur électrique assurent des reprises franches et constantes, suffisantes pour les dépassements sur route sans procurer de sensations particulières. Après tous ces chiffres indispensables pour bien comprendre le fonctionnement du BYD Sealion 5 DM-i, place à son essai.

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Le 4-cylindres essence se manifeste de façon parfois déconcertante, ses interventions n’étant pas toujours synchronisées avec les phases de conduite. Il peut monter dans les tours puis s’apaiser subitement, un comportement qui rappelle celui du Honda HR-V, techniquement proche mais dépourvu de prise de recharge. Cette particularité demande un temps d’adaptation, même si le système apparaît moins caricatural que certains hybrides de première génération grâce à la gestion intelligente de la réserve électrique. Lors de notre essai du BYD Sealion 5 DM-i, nous avons noté que l’isolation acoustique s’avère très correcte grâce au vitrage latéral feuilleté, participant au confort général et à l’agrément général de la voiture.

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Le châssis du BYD Sealion 5 DM-i s’inscrit dans une philosophie de confort et d’efficacité, sans recherche de dynamisme particulier. La direction, assez artificielle dans son ressenti, illustre une constante chez les constructeurs chinois. Le véhicule se comporte néanmoins très correctement sur routes sinueuses, même s’il prend un peu de roulis. Mais peut-on vraiment reprocher à un SUV hybride familial de 1,75 tonne de ne pas se comporter comme une berline sportive ?

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Lors de notre essai du BYD Sealion 5 DM-i, nous avons relevé de nombreux points positifs : le freinage évite les variations de consistance fréquentes sur les mécaniques électrifiées, offrant un ressenti naturel et rassurant. La suspension, souple sans excès, maintient correctement les mouvements de caisse et procure un confort global satisfaisant, comparable à celui de rivaux plus onéreux. Une réserve subsiste néanmoins concernant l’amortissement, inutilement ferme sur les saignées et les mauvais revêtements, générant quelques secousses à allure modérée.

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Comme tout hybride rechargeable, le BYD Sealion 5 DM-i révèle son potentiel économique à condition de recharger régulièrement la batterie. Dommage que la puissance de charge soit limitée à 3,3 kW, nécessitant environ 6 heures pour un plein complet de la batterie de 18,3 kWh, quand nombre de concurrents acceptent 7,4 voire 11 kW. Cette limitation peut s’avérer contraignante pour optimiser les recharges opportunistes. En revanche, le système DM-i démontre son efficience en préservant une réserve électrique minimale qui permet de limiter les consommations. Sur un parcours varié à rythme modéré, notre essai du BYD Sealion 5 DM-i s’est soldé par une moyenne d’environ 6,2 l/100 km. Sans être exemplaire, ce résultat apparaît honorable pour un SUV de ce gabarit, et bien inférieur à ce que consomment la plupart des hybrides rechargeables lorsque la batterie est déchargée.

L’intérieur du Sealion 5 réserve une bonne surprise. La présentation respire le sérieux, et les matériaux se montrent flatteurs, voire cossus pour certains. Le simili cuir de la sellerie est valorisant, les plastiques moussés habillent les zones les plus visibles. Inattendu pour un véhicule dont le prix constitue l’argument majeur. Quelques indices de chasse aux coûts apparaissent néanmoins rapidement. Sous les sièges avant, rails et boulons restent apparents, jurant avec le soin apporté aux zones visibles. Sous le capot et autour des ouvrants, soudures et jointures de tôle trahissent un manque de rigueur dans les finitions. Des compromis assumés pour tenir le positionnement tarifaire.

L’agencement intérieur se révèle rationnel et pragmatique. La position de conduite, raisonnablement haute, offre une bonne visibilité grâce à une surface vitrée importante. L’instrumentation numérique est claire, les rangements abondent dans le tunnel central et sous l’accoudoir. Les occupants arrière bénéficient d’un espace généreux aux jambes et d’une hauteur sous pavillon confortable pour les grands gabarits, la banquette offrant une bonne longueur d’assise.

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Le coffre déçoit en revanche avec ses 463 l annoncés, un volume modeste pour un SUV de 4,74 m. La modularité se limite au strict minimum : dossier rabattable 60/40 et plancher amovible. Les contraintes liées à l’implantation de la batterie expliquent sans doute ce sacrifice, mais la concurrence fait généralement mieux sur ce point.

Comme l’ensemble de la gamme BYD, le Sealion 5 embarque un bagage technologique conséquent, avec quelques petits défauts de jeunesse. L’écran central de 12,8″ concentre la majorité des commandes, et l’ergonomie des menus manque un peu d’intuitivité. L’accès aux données de consommation et de recharge nécessite de naviguer dans des arborescences pas toujours logiques, mais la réactivité de l’écran s’avère très bonne. Heureusement, les fonctions essentielles restent accessibles. La climatisation s’affiche en permanence au bas de l’écran, et un glissement vertical sur la page d’accueil permet d’activer ou désactiver les aides à la conduite. À noter la présence de véritables boutons physiques sur le tunnel central pour gérer le désembuage, le volume audio ou le basculement entre modes hybride et électrique. Une attention bienvenue de la part d’un constructeur réputé pour sa surenchère numérique.

La navigation, confiée à Google, fonctionne correctement même si la fluidité pourrait être améliorée. Quant à la fonction karaoké intégrée, opérationnelle à l’arrêt, elle témoigne de l’adaptation du véhicule au marché asiatique, où ce type d’équipement rencontre un véritable succès.

La gamme se limite à deux finitions. La version « Comfort », déjà généreusement dotée, embarque la batterie de 13 kWh. La finition « Design », moyennant 3  000 € supplémentaires, apporte la batterie de 18,3 kWh et enrichit l’équipement avec notamment une caméra 360°, un hayon motorisé et des sièges avant chauffants. À noter que trois teintes extérieures sont facturées 850 €, le reste étant de série. Cette politique tarifaire claire et sans piège facilite le choix.

Face au BYD, le Sealion 5, la concurrence peine à aligner des arguments convaincants sur le plan financier. Le Dacia Bigster Hybrid 155 à 29  990 € se contente d’un hybride classique non rechargeable et de prestations plus rustiques. Le MG EHS, concurrent chinois le plus sérieux, demande 33  990 € en version hybride rechargeable avec 272 ch et une batterie de 21,4 kWh, soit un équipement comparable.

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Les constructeurs européens évoluent sur une autre planète tarifaire. Le Peugeot 5008 hybride rechargeable débute à 43  690 €, le Skoda Kodiaq à 52  590 €. Ces modèles proposent certes des qualités routières supérieures, un coffre plus accueillant et une image de marque établie, mais l’écart de prix reste considérable.

Le BYD Sealion 5 DM-i n’est ni passionnant ni parfait. Son design reste quelconque, son comportement routier privilégie le confort à l’efficacité, et quelques finitions révèlent les économies réalisées. Mais dans un marché automobile où les prix s’envolent, ce SUV familial propose une équation inédite : un véritable espace familial, une technologie hybride rechargeable efficiente, un équipement généreux et un tarif défiant toute concurrence.

Enfin, pour conclure notre essai du BYD Sealion 5 DM-i, dont les tarifs débutent à 30  990 €, obtenir un SUV de 4,74 m capable de rouler 88 km en électrique, consommant raisonnablement en usage mixte et bénéficiant d’une présentation intérieure soignée relevait jusqu’ici de l’utopie. BYD, fort de sa maîtrise des batteries et de son intégration verticale, rend cette proposition accessible. Un positionnement qui devrait inquiéter sérieusement les constructeurs établis, contraints de revoir leur grille tarifaire ou d’accepter de perdre des parts de marché sur ce segment stratégique.

Texte et essai : Gérald Aubard

Photos : LesVoitures.com et BYD

Gérald Aubard

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