6 juin 1944, les forces alliées débarquent en Normandie pour libérer la France. 70 ans plus tard, l’heure est à la commémoration et au souvenir. C’est dans ce contexte chargé d’émotions que nous vous proposons ce road trip avec la nouvelle Corvette C7 Stingray. Plus qu’un simple essai, voici un véritable voyage dans le temps, tel un trait d’union mémoriel entre le tragique « D-Day » et l’américaine automobile…
La Chevrolet Corvette C7 Stingray est l’héritière d’une longue lignée de voitures née en 1953 à Flint dans le Michigan. L’appellation Stingray est apparue un an plus tard sous les traits de la C1. Ainsi, la C7 Stingray Coupé est, comme sa dénomination l’indique, la 7ème génération de l’emblématique voiture « made in USA ».
Pour débuter notre essai, notre première étape à Omaha Beach offre au coupé biplace un décor aussi fort que beau, sans oublier le respect que nous devons tous avoir pour ce lieu qui dégage une atmosphère lourde. « Omaha la sanglante » comme on la surnomme, est l’une des 5 plages du Débarquement mais surtout celle où les forces alliées perdirent le plus de troupes. Le contraste entre les lignes modernes et acérées de la C7 et la mer qui s’écrase sur la côte normande est saisissant. Moment fort que nous avons immortalisé en photo à travers laquelle l’eau semble prendre vie pour accueillir et protéger la rouge américaine. Si seulement la Manche avait pu protéger les soldats venus au péril de leur vie en 1944…
Le dessin fuselé de la Chevrolet Corvette C7 Coupé représente un fantastique bond en avant par rapport à la C6 lancée en 2005. Mais l’aspect général des deux voitures reste assez proche, comme les lignes tendues qui creusent les flancs et cet arrière proéminent.
La nouvelle C7 Stingray semble donc avoir été dessinée pour fendre l’air ou l’eau… C’est bien là la philosophie de son design : fendre et tendre au maximum les traits dans le but de proposer un caractère visuel novateur et futuriste encore plus impressionnant. L’arrière de l’auto en est le principal symbole et pourrait illustrer un roman de Science-Fiction ! Le diffuseur aux dimensions hors normes accueille 4 sorties d’échappement qui composent ensemble un véritable réacteur. Le dessin des feux complète ce fantastique rendu ultra-agressif et imposant de ce si volumineux arrière, c’est bien ce type de look monstrueux que l’on attend de la part d’une américaine et c’est parfaitement réussi avec la C7 Stingray Coupé. Sans oublier le classique toit amovible « Targa » fidèle à toutes les Stingray.
Même si cela n’est qu’une petite question de taille, les jantes en alliage noires de 19 pouces à l’avant et 20 à l’arrière, qui accueillent des énormes Michelin Pilot Super Sport ZP, aident à projeter la C7 Stingray Coupé vers l’avant. Vers l’avant sans jamais reculer, un point commun avec le char N°30 Sherman M.4.A.2 de la 2ème D.B. division blindée du Général Leclerc qui a débarqué à Utah Beach le 1er aout 1944. Son objectif : rejoindre la 3ème armée U.S. du Général Patton.
D’une longueur de 4,493 m pour seulement 1, 239 m de hauteur, la Corvette C7 Stingray conserve les gênes de sa famille tout en utilisant le meilleur de la technologie. Châssis en aluminium, coque en fibre de carbone et les suspensions actives magnétiques marquent, entre autres, le « high-tech » qui habite la C7 Stingray. Les entrailles de la « raie éperonnée » (traduction de Stingray) sont conformes à ce que l’on peut attendre de la mythique américaine.
En effet, le temps est venu de faire rugir le V8 en quittant Omaha Beach en direction d’un havre de paix, l’établissement Spirit of 1944. En bordure de la plage historique, le V8 de 6,2 litres à injection directe lâche toute sa force. Ce « small block » développe 466 chevaux pour un couple à arracher le bitume de 630 Nm ! Malgré les technologies précédemment citées, le plaisir de conduire une véritable Supercar américaine reste total grâce à son arbre à cames central, ses 16 énormes soupapes et la distribution variable. Les différents modes de conduite proposés sont aussi utiles que jouissifs. Ils sont au nombre de 5 : Pluie, Eco, Tour (mode standard), Sport ou Track. Lorsque l’on active l’un de ces deux derniers modes, le dispositif qui gère l’échappement le libère avec furie. La sonorité rauque et typique de la Corvette résonne dans l’habitacle. Pour encore plus de sensations auditives, il suffit alors de mettre en fonction le mode « REV MATCH » par l’intermédiaire des palettes. Cet artifice technique On/Off permet de simuler un double embrayage et talon-pointe.
Niveau conduite, la Corvette C7 Stingray est d’une facilité déconcertante à maîtriser. Son centre de gravité est très bas et son poids élevé (1 539 kilos) n’altère pas sa capacité à coller à la route. Encore une fois, la technologie y est pour beaucoup. Les suspensions actives jouent parfaitement leur rôle accompagnées par le différentiel électronique à glissement limité et l’ESP. La boîte de vitesses à 7 rapports est ferme et demande un temps d’adaptation. Il faut bien décomposer les mouvements pour sélectionner les rapports et aller chercher, si cela est nécessaire, la 7ème vitesse. Quant au freinage, il est brutal et efficace. Au chapitre des performances, la Chevrolet Corvette C7 Stingray abat le 0 à 100 km/h en 4,2 secondes et peut atteindre 290 km/h de vitesse maximale.
Autre lieu, autre hommage avec à l’honneur le Major Richard D. Winters qui fut parachuté aux toutes premières heures du « Jour le plus long ». Sa statue de bronze, située à Sainte-Marie-du-Mont, est également dédiée à tous les combattants qui ont ouvert le chemin de la liberté, comme l’indique la plaque fixée sur le monument.
Arrivés à l’établissement Spirit of 1944, c’est une première rencontre automobile qui nous attend bientôt. Cet établissement propose des chambres d’hôtes dans une ambiance entre charme et passion. La Corvette se glisse doucement à l’entrée de ce lieu situé en plein milieu de deux anciennes bases aériennes construites par la « USAAF’s 9th Air Force ».
Et à l’instant même où l’on pousse la porte d’entrée du gite, une parenthèse inattendue se propose à nous. Nous sommes immédiatement plongés dans une ambiance chaleureuse qui nous transporte dans les années 40. Les propriétaires de ce sublime site sont des passionnés de la seconde guerre mondiale mais aussi des professionnels reconnus du monde du Sport Auto. En effet, Laurent Gaudin et Patricia Kiefer sont nuls autres que les dirigeants de la Blancpain GT Series. A l’intérieur du Spirit of 1944, le temps semble s’être arrêté et c’est dans le plus grand des conforts que nous profitons d’une pause avec un jus de poire local d’anthologie !
Puisque le guide touristique le plus connu au monde porte la marque des pneus qui équipent la C7 Stingray, LesVoitures.com vous conseille légitimement de venir découvrir la Normandie au Spirit of 1944. Laurent vous accompagnera dans la région et vous plongera dans l’atmosphère du Débarquement avec un programme sur-mesure qui va beaucoup plus loin que les meilleurs guides touristiques. Il a d’ailleurs été notre guide privilégié lors de notre road trip. En Amoureux de belles voitures d’époque, il est également l’heureux propriétaire d’une Chevrolet Master Deluxe de 1938. Les deux « Chevy », que 75 ans d’histoire séparent, prennent solennellement la pose sous la « Bannière étoilée », » The Union Jack » et notre « Tricolore ».
La Master Deluxe a joué un rôle important lors de la Seconde Guerre Mondiale, sa fonction étant de transporter les généraux. En 1944, le grand père de Barack Obama était l’un de ses mécanos qui officiait en Normandie, tout un symbole. L’indication USAAF (United States Army Air Forces), qui apparaît sur la « Staff Car », est le nom des forces aériennes des Etats-Unis entre 1941 et 1947 avant qu’elles ne deviennent l’United States Air Force (USAF).
Pour notre seconde et dernière étape, direction Arromanches-les-Bains avec un large détour pour aller chercher Saint-Marcouf. Ceci par les terres via les petites routes de Normandie qui nous font traverser des villages, l’occasion de tester la C7 en ville. La « Torch Red » (torche rouge), dénomination reprise à la couleur de la C7 Stingray d’essai, sait évoluer en milieu urbain avec facilité. Son système de gestion intelligent du carburant désactive alors 4 cylindres pour gagner en consommation. Le couple phénoménal de l’auto lui procure alors toujours autant d’aisance même à très bas régime. Mais cela reste insuffisant en termes d’économie de carburant en ville car la C7 Stingray affiche 19,1 l/100 km en cycle urbain. La bonne surprise vient des chiffres sur autoroute et en cycle mixte avec respectivement 7,8 l/100 km et 12 l/100 km. Et l’entente entre la France et les Etats-Unis ne se porte pas sur le malus écologique. Pour preuve les 8 000,00 € à débourser (279 g/km d’émissions de CO2).
A Saint-Marcouf, nous stoppons la Stingray aux abords de l’une des batteries côtières allemandes les plus actives du « Mur de l’Atlantique », la batterie de Crisbecq. C’est à l’intérieur de ce bunker de commandement que les stratèges nazis décidèrent précisément comment attaquer les flottes ennemies. A l’aide de pointages télémétriques, la portée des canons positionnés à quelques mètres de ce blockhaus pouvait atteindre la mer.
Nous ne pouvions réaliser ce reportage sans mentionner les Willys MB et les Ford GPW, les Jeep qui ont eu un rôle prépondérant en Normandie. Et c’est à Les Fosses Taillis que se situe l’un des meilleurs restaurateurs de Jeep. Le garage Normand’Jeep Military a été le théâtre de notre seconde rencontre automobile en hommage à ce 4×4 léger de reconnaissance. Le regard de la Corvette C7, matérialisé par deux feux à LED et à xénon haute intensité, présente la Supercar avec humilité aux côtés de « la voiture courage »…
Arromanches, ville finale de notre road trip, là où le célèbre Port Winston a été érigé pour que le matériel, les hommes et les vivres puissent être acheminés lors de la « Bataille de Normandie ». A marée haute, on aperçoit quand même les vestiges de ce port artificiel. C’est le 8 juin 1944 que les premiers caissons sont coulés au large d’Arromanches pour composer une rade artificielle. La digue a été ensuite complétée en coulant de vieux navires.
Puis ce sont les voies flottantes (en photo ci-dessous) qui ont permis de faire débarquer 400 000 soldats, 4 millions de tonnes d’équipements et 500 000 véhicules en l’espace de 100 jours de fonctionnement. Le Port Winston est aussi appelé « Mulberry B » (B pour British) car l’autre port artificiel, situé sur Omaha Beach à Saint-Laurent-sur-Mer, porte le nom de « Mulberry A » (A pour American).
Avant de conclure notre reportage et pour être tout à fait complet, concentrons-nous sans transition sur l’intérieur de la C7 Stingray. Comme pour le design de la Supercar, c’est un nouveau bond en avant réalisé par les ingénieurs et stylistes américains. Les finitions sont impeccables et l’austérité, pour ne pas dire autre chose, des anciennes générations de Corvette est enfin de l’histoire ancienne. Les sièges procurent une position idéale et un confort ultime qui nous a clairement surpris. Les équipements de bord sont pléthores, la Corvette C7 n’a pas à rougir, sans faire de jeu de mot, face à la concurrence européenne. L’habitacle de la Supercar dégage un tempérament sportif et élégant grâce à la continuité de la planche de bord qui se poursuit jusqu’à la base de la console centrale, tout près de notre mug de compétition ! Si on devait trouver un seul défaut à la finition, ce serait peut-être les parties en carbone au rendu un peu trop brut qui mériteraient un traitement plus haut de gamme, brillant. L’électronique est parfaitement intégrée et l’ergonomie ne souffre d’aucun défaut. Les yeux fixés à l’horizon, le dispositif HUD vous donnera toutes les informations utiles.
Le meilleur pour la fin… Souvent la « douloureuse » est présente dans le dernier paragraphe de nos sujets. Mais cette fois, les 69 000,00 € du tarif de la Chevrolet Corvette C7 Stingray en font un argument de poids pour ceux qui recherchent une Supercar aboutie autant sur le plan visuel que sur celui des performances. La référence du domaine est la Porsche 911 Carrera. Et si l’on veut comparer avec le premier modèle des 991, la 911 Carrera de 350 chevaux, elle affiche un prix de base de plus de 92 000,00 €. A noter que notre Corvette C7 d’essai est équipée de multiples options comme par exemple, les jantes alliage noires (500,00 €), les étriers de freins rouges (600,00 €), le becquet arrière noir (400,00 €) et l’intérieur cuir Nappa (4 500,00 €). Une nouvelle option, et pas des moindres, fera son arrivée dans quelques mois, une boîte de vitesses automatique séquentielle à 8 rapports. Elle équipera également la future Z06 Coupé annoncée à 659 chevaux.
Notre road trip hommage s’achève et vous pouvez en retrouver d’autres clichés au terme de cet article. En espérant vous avoir fait partager un moment fort. Nous sommes intimement convaincus de notre devoir de mémoire envers les événements passés, une garantie contre l’oubli dans la profonde gratitude envers ceux qui sont tombés pour notre liberté. La Chevrolet Corvette C7 Stingray a ainsi débarqué en Normandie…
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : Alexandre Besançon