Hyundai continue son offensive sur le marché de la voiture électrique. Après le lancement commercial du Ioniq 5, au tour de la berline Ioniq 6 de débarquer sur la “planète auto”. Dans un contexte économique actuel délicat pour l’ensemble des constructeurs automobiles, Hyundai pourrait continuer à tirer son épingle du jeu avec sa nouvelle berline plutôt haut de gamme. En France, Hyundai a ainsi vendu 47 106 voitures l’année dernière, soit un gain de 4,1% comparativement à 2021. Alors que vaut la Hyundai Ioniq 6 dans sa version propulsion de 228 ch ? La réponse grâce à notre essai réalisé sous le soleil de Provence.
Hyundai croit en le succès de ses offres et s’affirme, depuis des mois, comme un sérieux rival à ses concurrents européens, voire américains. On évoque, sur ce dernier point, Tesla et ses Model 3 et Model S. En effet, la Ioniq 6 (L : 4,855 m) se positionne, à la fois, en termes de dimensions et de prix, entre la Model 3 (L : 4,694 m) et à la Model S (L : 4,970 m). Apparue, en mars 2020, sous les formes fluides du concept-car Prophecy, la voiture électrique Ioniq 6 c’est, pour commencer, un design particulièrement atypique. D’ailleurs, débutons l’essai de la Hyundai Ioniq 6 en présentant son style très aérodynamique.
Ce n’est pas la première fois que nous tombons nez à nez avec la Hyundai Ioniq 6. En octobre 2022, nous avons eu l’opportunité d’approcher au plus près de cette voiture électrique pas comme les autres. Insistons-bien, c’est logiquement un important développement aérodynamique qui a dicté le design de la Ioniq 6. La surprise a alors été totale, à l’identique du Ioniq 5 que nous apprécions particulièrement, le SUV Hyundai reposant sur la même plateforme E-GMP que la Ioniq 6. Cependant, cette berline demande un temps visuel d’adaptation plus long comme, par exemple, une chanson que vous découvrez pour la première fois et qui vous plaît instantanément, ou pas.
Capot plongeant, ailes avant légèrement galbées, optiques à la façon Model S aux formes proches du concept-car Prophecy, bouclier très droit aux inserts verticaux, tels sont les codes visuels utilisés par Hyundai, ceci entre modernité et objectif de proposer un design à la fois identitaire et agréable à l’œil. Sans prendre trop de risque, l’objectif est atteint pour la partie avant de la Ioniq 6. La berline asiatique est donc une voiture électrique très élaborée en matière de traitements des flux d’air. A ce titre, son bouclier avant fait apparaître deux volets actifs et deux ouvertures pour ses extrémités.
De profil, c’est, sans jeu de mots ou, presque, l’essence même de la philosophie du design de la Hyundai Ioniq 6 qui ressort avec ce long toit courbé. Le bureau de style Hyundai s’est inspiré de la tendance “Streamline” des années 1930 pour dessiner la berline. Quant aux flancs de cette voiture électrique, ils apparaissent logiquement épurés, de discrets et incisifs éléments aérodynamiques apportant une intéressante dose de sportivité visuelle pour les bas de caisse.
Avouons, également, que les belles jantes très graphiques de la Hyundai 6 offrent du dynamisme visuel à cette longue voiture électrique. Sur notre modèle d’essai, précisons que ces jantes sont d’une taille de 18 pouces. Selon les modèles, des jantes de 20 pouces sont aussi au catalogue de la berline électrique sud-coréenne.
C’est vue de 3/4 arrière et de l’arrière que la Hyundai Ioniq 6 marque les esprits avec, encore une fois, une recherche poussée des ingénieurs aérodynamiciens pour optimiser, au maximum, le traitement des flux d’air. Les puristes de la Porsche 911 Turbo y verront une ressemblance frappante qui prend forme avec cette “queue de canard” située en bas d’une petite surface vitrée. Cependant, d’après Hyundai, la petite ailette arrière de la Ioniq 6 nous vient, tout droit et, de nouveau, des années 30 car, elle est inspirée par l’avion de chasse britannique Supermarine Spitfire. Cet appendice aérodynamique a un but bien précis : minimiser la traînée. Au final, la Ioniq 6 affiche, sur sa fiche technique, un Cx de 0,21 si elle est équipée des rétroviseurs-caméras.
Plus bas, c’est un autre long bandeau lumineux aux très nombreux pixels, la marque de fabrique Hyundai pour ses modèles “à piles”, qui ressort sous un petit becquet tranchant intégré, cette fois, à la carrosserie. Puis, encore plus bas, le grand diffuseur impressionne par sa taille et ses lignes verticales. On est, ici, très loin de tout ce qui existe en termes de production de voitures électriques et, tant mieux. Avant de passer à l’essai routier de la Hyundai Ioniq 6, découvrons son habitacle.
A l’intérieur de la Hyundai Ioniq 6, place à une ambiance très high-tech avec une longue planche de bord étirée à son maximum, pour un effet d’espace de vie automobile encore plus grandiose. Une console centrale plane et longue complète, entre autres, l’architecture d’un habitacle accueillant aux matériaux dits “écologiques” de bonne qualité. En revanche, on aurait préféré un autre choix que celui représenté par ces trop volumineux et disgracieux panneaux qui composent les contours extérieurs de la planche de bord. Sur la Ioniq 6 non munie des écrans liés aux rétroviseurs-caméras, ils ne servent, excusez-nous l’expression “à rien”. Ces éléments cassent, quelque peu, la sensation d’immensité citée auparavant pour l’habitacle de cette voiture électrique.
Deux écrans sont réunis dans une même dalle comme pour le Ioniq 5 : instrumentation digitale et écran d’infodivertissement. S’il y avait une seule chose à retenir au sujet de l’habitacle de la Ioniq 6, c’est son empattement long de 2,95 m qui assurera, à coup sûr, une habitabilité maximale pour les passagers avant et arrière.
A l’arrière de la Ioniq 6, on se sent presque assis comme dans une limousine, c’est juste bluffant. Il manque juste un support pour fixer une tablette personnelle. Espérons qu’un tel accessoire soit, prochainement, proposé par Hyundai. Attention, malgré un habillage de toit creusé, les grands gabarits pourraient être moins à leur aise.
Venons-en au volume de chargement du coffre de la Ioniq 6. Il est de 401 l soit, assez faible pour une berline, la faute à son système électrique. Pour compenser cela, madame appréciera les 45 l supplémentaires disponibles sous le capot avant. Place à la route pour l’essai de la Hyundai Ioniq 6.
L’équipe presse Hyundai France a-t-elle pris un risque en nous proposant de réaliser cet essai de la Hyundai Ioniq 6 en Provence, une superbe région connue aussi pour ses routes tortueuses ? Que nenni ! Au départ de l’aéroclub de Saint Rémy les Alpilles, tel un clin d’œil aéronautique à la voiture électrique venue d’Asie, nous sommes d’abord conquis par le confort qu’elle propose. Pas un bruit de roulement et d’éléments intérieurs mal montés viennent impacter nos tympans.
Puis, les choses très sérieuses commencent comprendre que nous attaquons la montée vers Les Baux-de-Provence. Dès les premiers virages très serrés, la Ioniq 6 rassure et assure. Malgré un poids à vide de 1 985 kilos (avec les jantes de 18 pouces), la berline électrique vire à plat en révélant un très bon dynamisme. Les porte-à-faux plutôt réduits et un centre de gravité situé très bas font de la Ioniq 6 une voiture agréable à conduire même sur des telles routes, à tel point que l’on en oublierait presque de profiter des magnifiques paysages composés de roches.
Cela nous ramène à une évidence automobile ! Plus une voiture est basse, plus elle est dynamique, la Ioniq 6 mesurant, seulement, 1 495 m de hauteur. Intrinsèquement, ce type voiture se comporte beaucoup mieux qu’un SUV. Même si, encore une fois, nous sommes “raides dingues” du Hyundai Ioniq 5, la berline Ioniq 6 est beaucoup plus agile sachant que nous ne l’attendions pas à un tel niveau d’aisance. Des efforts ont aussi été portés sur les trains roulants de l’auto que l’on peut qualifier de fermes sans êtres cassants sauf, peut-être, au passage sur les ralentisseurs illégaux mais, c’est un autre débat…
Les sensations ressenties au volant de la Hyundai Ioniq 6 sont toutes positives, de la direction suffisamment précise, même si elle manque de consistance, jusqu’au système de freinage précis et sûr, en passant par de franches accélérations. A noter que, grâce aux palettes situées derrière le volant, on peut sélectionner, au choix, différents niveaux de récupération d’énergie au freinage. Un système intelligent “i-Pedal” offre aussi la possibilité de conduire sans toucher à la pédale de frein.
Revenons sur le plaisir ressenti au volant de la Hyundai 6 en nous concentrant sur deux points, à savoir que son train avant est assez incisif et que sa monte pneumatique la colle correctement à la route. Les pneus, on en parle jamais assez mais, ils jouent un rôle prépondérant sur la tenue de route. Les gommes Hankook spéciales voitures électriques font ainsi partie des points forts de la Ioniq 6. Il est très dur de les entendre crisser. Encore une fois, la Ioniq 6 réussi là ou d’autres voitures électriques échouent.
En mode “Sport”, on profite alors de plus de poussée mais, la Ioniq 6 reste une voiture électrique dynamique sans pouvoir, bien sûr, être considérée comme une sportive. Une puissance de 168 ch/228 kW et 350 Nm de couple sont donc envoyés aux seules roues arrière, ceci comme la grande majorité des voitures électriques. Pourquoi ? Rappelons qu’il est plus facile, comme sur des prototypes de course, de passer une puissance et un couple élevés instantanément sur l’essieu arrière d’une automobile, dans le but d’obtenir une motricité optimale, loi de la physique oblige.
Cette parenthèse technique fermée, sur des routes moins sinueuses, la Ioniq 6 ne souffre, en courbe, que légèrement de son poids. On peut donc vraiment écrire que la Ioniq 6 est une berline électrique à l’agrément de conduite surprenant, très haut de gamme. Dans les quelques villes et villages traversés lors de l’essai de la Hyundai Ioniq 6, cette dernière s’est montrée tout aussi confortable et très maniable. Il manque juste une suspension pneumatique à la Ioniq 6 pour la rendre encore plus plaisante et confortable.
Sur autoroute, on roule en “classe affaires” en profitant, cette fois, d’une multitude d’aides à la conduite, la Ioniq 6 répondant à la catégorie des véhicules autonomes de niveau 2. La voiture électrique sud-coréenne sait tout faire toute seule comme changer de voie. S’il y a bien un équipement qui nous plaît, à chaque fois sur une Hyundai, c’est bel et bien l’affichage en temps réel et en vidéo des angles morts, un must dont on ne peut plus se passer.
On en vient à la consommation électrique de la Hyundai 6 relevée, par nos soins, après un parcours majoritairement composé de petites routes, à 21,8 kWh. Précisons que nous n’avons pas hésité, parfois, en toute sécurité et en respectant les règles du code de la route, à appuyer fort “sur le champignon”. Sachant que la capacité de la batterie de la Ioniq 6 est donnée pour 77,4 kWh, cela donne une autonomie réelle de 355 km, la Ioniq 6 propulsion étant communiquée pour une autonomie et une consommation, toutes deux en mixte WLTP de, respectivement, 614 km et 14,3 kW/h avec les jantes de 18 pouces. En d’autres chiffres, ceux des performances, la Ioniq 6 réalise le 0 à 100 km/h en 7,4 s et peut atteindre 185 km/h.
Parlons recharge. La Ioniq 6 accepte jusqu’à 232 kWh sur une borne ultra-rapide Ionity. Sur un plan théorique, cela donne 351 km d’autonomie récupérés en 15 min. En tant que berline électrique haut de gamme, la Hyundai Ioniq 6 dispose d’une technologie 800 V, à l’identique de la Porsche Taycan, pour ne citer qu’elle.
Pour conclure cet essai de la Hyundai Ioniq 6, cette berline électrique nous a donc conquis. Il reste juste à s’adapter à son physique. En noir, elle est superbe mais, dans une autre couleur de carrosserie, à vous de juger… Cet aspect clivant ne sera sûrement pas un frein pour les acheteurs de la Ioniq 6, un “objet roulant identifié” qui tient ses promsses. Hors bonus écologique, la Hundai Ioniq 6 s’offre à partir de 52 200 € en finition “Exclusive”. Pour la version de 239 kW/325 ch HTRAC à 2 moteurs électriques (4 roues motrices – autonomie WLTP combiné : 583 km) en finition unique “Executive”, il faut débourser, toujours hors bonus, à partir de 65 200 € pour acquérir la très réussie Ioniq 6. Concluons avec la vidéo de notre ami, Nicolas Tariq (Mécanique Sportive) qui nous embarque pour un essai vidéo très complet de la berline électrique haut de gamme.
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : Hyundai (Clément Choulot : photos essai – Ugo Missana : photos studio)