Le charme de la discrétion, voilà ce qui pourrait définir la Q50. Discrète car peu présente sur le marché des berlines Premium face aux BMW Série 3, Mercedes-Benz Classe C et autres Audi A4. Mais la marque japonaise de luxe, qui est à Nissan ce que Lexus est à Toyota, compte bien surprendre par les performances et le style de ses voitures. Découvrons ensemble l’Infiniti Q50 Sport 2.2D, la plus originale des berlines du moment…
Présente en Europe depuis 2008, la marque Infiniti est clairement en manque de communication. Même si son ambassadeur n’est autre que Sebastian Vettel, en tant que Directeur de la Performance Infiniti, la Q50 est l’exemple même de cette situation. En effet, lors de notre essai, nous avons été surpris par tous ces regards portés sur la superbe Q50. Tel un ovni, la berline Premium propose des lignes qui contrastent entre fluidité et modernité. Le résultat est très réussi.
Esthétiquement, la Q50 en fait beaucoup mais sans jamais choquer. A l’avant, Infiniti n’a pas oublié de rappeler ses origines en choisissant un logo montagneux. Le Mont Fuji et la courbe du ciel se rejoignant à l’infini pour former l’emblème d’Infiniti. Ce denier étant situé au centre d’une calandre à double arche.
La face avant de la Q50 met en exergue son caractère et sa personnalité, agressive par son regard, originale par les cassures du bouclier. Et son capot plongeant lui offre cette sportivité indispensable pour concurrencer les allemandes.
Un autre élément naturel est également présent à travers les lignes de la Q50, l’eau. Le profil de la berline haut de gamme a été conçu comme une vague en formation. Les galbes des ailes arrière se projettent magnifiquement vers l’avant. Sans oublier le contour métallique des custodes qui apparaît comme un coup de pinceau moderne, signant avec classe le design de la Q50.
A l’arrière, c’est plus conventionnel mais toujours aussi homogène et réussi. La double sortie d’échappement sait se faire discrète tout en relavant l’aspect cossu de l’auto matérialisé par un pare-chocs proéminent.
Séductrice à souhait, la Q50 joue visuellement sur différents choix. Ce qui en ressort est fidèle à l’originalité des voitures japonaises tout en respectant les codes des berlines de son segment. Mais grâce à ses 4,80 m de longueur (en version Sport) , elle en impose plus que les Série 3 par exemple, plus courtes de 17,60 cm. Enfin, la teinte « Hagane Blue » et les jantes à 5 branches triples de 19″ marquent définitivement un style aussi épuré que racé.
Technologiquement, la Q50 Sport 2.2D conserve sa philosophie de sportive car c’est une propulsion. Sous son capot, on retrouve un ensemble boîte-moteur d’origine Mercedes-Benz, partenaire du groupe Renault-Nissan. La transmission est assurée par l’efficace boîte 7G-tronic avec palettes au volant. De quoi oser quelques clichés aux abords du virage d’Indianapolis au Mans. Clin d’œil à la Q50 Eau Rouge, en plein développement, qui porte le nom du spectaculaire raidillon du tracé de Spa-Francorchamps. C’est d’ailleurs lors du prochain Grand Prix de Formule 1, les 22, 23 et 24 août prochains que la Q50 Eau Rouge sera présentée dans sa version la plus explosive. Plus de 500 chevaux sont attendus.
Revenons à notre plus modeste moteur à carburant lourd. Le 4 cylindres turbo diesel de notre Q50 d’essai développe 170 chevaux pour 400 Nm de couple. Nous avons été rapidement gênés par son bruit qui se fait hélas trop ressentir en ville à l’accélération. Mais une fois sur route et autoroute, c’est le calme plat, plus aucun bruit ne filtre, cela rassure à la vue du standing de l’auto. Quant au comportement de la Q50S 2.2D, il faut d’abord noter son poids important de 1 764 kg. Les ingénieurs de chez Infiniti ont su compenser ce défaut par une répartition intelligente des masses.
La Q50S 2.2D est ainsi suffisamment agile et possède des mouvements dignes des meilleures propulsions. Attention cependant dans les virages serrés. Hyper efficace dans les longues courbes, la Q50 peut être trop joueuse sur les routes sinueuses car elle sous-vire. Cela reste contrôlable mais prudence est mère de sûreté, surtout sur routes mouillées, même si on touche sur ce point la sportivité voulue par Infiniti.
Côté performances et consommations, l’infiniti Q50 Sport 2.2D peut atteindre 231 km/h et le 0 à 100 km/h est réalisé en 8,7 s. Et avec ses 114 grammes de CO2 émis par kilomètre, pas de malus et de quoi respecter la nature comme celle, magnifique mais cachée, de l’échappatoire du virage d’Indianapolis. A cet endroit précis, difficile d’imaginer qu’ à environ 50 mètres se trouve l’un des virages de la plus belle course du monde. C’est pourtant le cas. Les 24 Heures du Mans réservent toujours des surprises…
La motorisation diesel est logiquement avantageuse en termes de consommations de carburant. En cycle mixte, la Q50 Sport 2.2D affiche seulement 4,4l/100 km.
Jusqu’ici nous n’avons que très peu évoqué la haute technologie qui caractérise la Q50. C’est même une exception mondiale car la direction de l’auto est à commande électrique. Cette technologie, baptisée « Steer-by-Wire » se cache sous l’appellation Infiniti : Direct Adaptive Steering (DAS). Pour faire simple, il n’y a plus de lien mécanique entre le volant et les roues. Sauf que la législation a obligé Infiniti à équiper la Q50 d’une liaison mécanique entre le volant et les roues. De ce fait, certains avantages indéniables du système, composé de trois moteurs électriques qui commandent la crémaillère en fonction des mouvements donnés au volant par le conducteur, sont purement supprimés.
En effet, si la DAS pouvait exploiter son potentiel à son maximum (sans crémaillère), le confort ressenti serait le meilleur au monde : plus d’à-coups dans le volant en cas de choc sur un ralentisseur trop vite appréhendé. Cependant, et grâce à cette innovation, le conducteur peut jouer sur différents paramètres pour personnaliser la direction. Ils sont au nombre de 6, déclinés dans deux sous catégories : « Effort » : « Fort », « Standard », « Léger » et « Réponse » : « Rapide », « Standard », « Souple ». Et pour encore plus d’agréments de conduite et de plaisir, il est possible de choisir entre les modes « Standard », « Eco » ou « Sport ».
Pour continuer sur l’aspect technologique omniprésent au sein de la Q50, concentrons-nous sur les aides à la conduite proposées. Sur ce point, nous n’avons pas été déçus. Et de nouveau la direction à commande électrique y est pour beaucoup. Accompagnée par le dispositif ALC (Active Lane Control), elle permet de mettre la Q50 littéralement sur des rails du réseau autoroutier. Grâce à une caméra qui visualise les bandes blanches, la berline se positionne très précisément sur le bitume.
En option, le pack bouclier de sécurité propose un maximum de dispositifs, leur liste est impressionnante. Les principaux systèmes dont il est composé sont : le freinage avant d’urgence, l’avertissement anticollision frontale (sur boîte auto uniquement), la détection des écarts (LDW : Lane Departure Warning), la détection des angles morts (BSW : Blind Stop Warning), l’éclairage intelligent comme le régulateur de vitesse (ICC : Intelligent Cruise Control). L’indispensable dispositif AVM Nissan est repris et permet une vue à 360° du véhicule tout en détectant les objets en mouvement, un must !
L’intérieur de la Q50 répond à l’exigence des voitures Premium. Sobre et confortable, il est soigné et n’oublie pas, toujours et encore, de dégager une touche de sportivité grâce aux bossages du tableau de bord et aux surpiqures qui ornent le cuir des sièges et de l’ensemble de l’intérieur de la Q50. La finition en aluminium Kacchu en impose à travers la console centrale évasée. Les deux écrans tactiles offrent un agrément de conduite rare. Tout est personnalisable d’une manière très intuitive, c’est propre et efficace. Il nous faudrait un autre article à part entière pour détailler les 96 paramètres réglables de l’auto…
En conclusion, la Q50 Sport 2.2.D possède le meilleur de la technologie tout en restant fidèle à la politique des constructeurs japonais : proposer toujours plus pour à un tarif agressif. La Q50 de notre essai affiche 55 120,00 € et 44 770 € sans options. Infiniti souhaite concurrencer rapidement les références du secteur des berlines allemandes précédemment citées. C’est en bonne voie avec un maximum d’originalité, de technologies mais tout en comptant sur l’expertise Mercedes-Benz, une stratégie intelligente comme la Q50…
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : Alexandre Besançon