Volkswagen Arteon : « l’Impératrice » des berlines ? Essai

Dans un monde automobile envahi par les SUV, les grandes berlines subsistent et représentent toujours les fers de lance des constructeurs. Pour atteindre cette « excellence », Volkswagen a soigné sa copie en présentant, lors du salon de Genève 2017, l’Arteon. La grande berline au design de coupé est l’un de nos coups de cœur de l’année. La voici à l’essai sur les routes du sud de la France dans sa version 2.0 l  Bi-TDI 240 4Motion DSG7 R-Line.

Il faut remonter bien en amont du salon de Genève 2017 pour découvrir le nouveau « vaisseau amiral » VW dans ses formes originelles. En 2015, toujours en Suisse, le Sport Coupé Concept GTE avait annoncé l’arrivée de celle qui remplace la Passat CC mais qui peut également être considérée comme la digne héritière de la Phateon.

Longue, très longue, l’Arteon s’étire sur 4,86 m, soit 5 cm de plus comparativement à la Passat. D’une hauteur de 1,45 m, la berline statutaire est également plus basse. Développée sur la plateforme MQB dans sa configuration la plus grande, l’Arteon en impose visuellement à tous les niveaux…

A l’avant, la marque de Wolsburg nous avait un peu trop habitués à des lignes de plus en plus droites. Cette fois, place à du relief, des galbes et à un bouclier agressif, finition R-Line oblige… Et lorsque l’on regarde de plus près cette face ulta-moderne et imposante, on remarque que rien n’a été laissé au hasard à l’image de cette signature visuelle saillante qui vient habiller une double calandre. Le capot n’est pas en reste en matière de style grâce à des contours creusés qui dessinent habillement les ailes avant.

Quant aux flancs de notre Arteon, ils sont bien sûr marqués par cette longue chute de toit. Parfaitement équilibré, le design cette création « made in Germany » génère, de profil, un beau dynamisme. Ce qui est rare pour ce type de voiture d’une longueur élevée. Les bas de caisse creusés et les jantes  de 19’’ Montevidéo y contribuent. Et que dire de ce superbe Jaune Curcuma Métallisé ? Cette teinte (option : 800 €) semble être sortie tout droit de l’univers du dessin-animé Les Mystérieuses Cités d’or. Originale, osée et agréablement ostentatoire, elle marque le rang de l’Arteon tout en haut du catalogue VW.

La partie arrière de l’auto au rendu très fluide est tout aussi réussie que les autres. On peut ainsi définir l’Arteon de Fastback. Aux abords de la « Route Napoléon », dans des paysages rocailleux, l’Arteon brille de tous ses feux et se présente tel un « Graal automobile » près de la chapelle Notre-Dame-de-Gratemoine située à Séranon.

Il nous manque une dimension pour mesurer l’Arteon, son empattement. Ses 2, 84 m sont synonymes d’une habitabilité de très haut niveau. A l’avant, on s’assoit dans un salon roulant dont le côté luxueux reste mesuré. Les designers de l’intérieur de la berline ont, semble-t-il, voulu ne pas en faire de trop de peur de tomber dans une certaine élite synonyme de tarifs exorbitants. L’Arteon est une berline très premium, cela se voit, se sent, que ce soit en matière d’assemblage, de choix des matériaux et d’ergonomie.

Avant de passer au chapitre des technologies embarquées, ouvrons une parenthèse stylistique. On ne peut pas y couper, sans jeux de mots. La Volkswagen Arteon est souvent décriée comme une « copie » de la Renault Talisman. Certes, les ressemblances sont troublantes mais, rappelons que la prémisse de la berline VW, le Sport Coupé Concept GTE, a été présentée en mars 2015 à Genève et la française Talisman quelques mois après en juillet à Chantilly. Pour Volkswagen, l’Arteon se situe aux croisements de plusieurs segments premium (B, C, coupés haut de gamme), mais, à nos yeux, ses principales concurrentes sont les Audi A5 Sportback et BMW Série 4 Gran Coupé. La Renault Talisman ne se positionne pas sur ce même marché car elle ne dispose pas de motorisations aussi puissantes que la Volkswagen. Résultat : le très premium allemand aux allemands et le premium français plus généraliste, moins exclusif et plus abordable aux français et à une « zone de chalandise » plus large.

Au niveau des équipements et aides à la conduite, nous sommes en présence d’un concentré de technologies, à savoir ce que Volkswagen sait faire de mieux : instrumentation digitale Active info display (option : 610 €), écran tactile 9,2″ du système de navigation et d’info-divertissement Discover Pro (option : 1 740 €), connectivité totale Apple CarPlay ou Android Auto, affichage tête haute, régulateur de vitesse adaptatif et prédictif ACC, freinage d’urgence, feux avant directionnels, etc… On en oublierait presque de préciser une donnée des plus importante pour les familles, celle du volume de chargement : 563 l !

Pour faire la transition vers notre essai routier de l’Arteon, notre version l  bi-TDI 240 4Motion DSG7 R-Line dispose de surcroît de l’amortissement piloté DCC, du  différentiel autobloquant électronique XDS. Sans oublier, comme sa dénomination l’indique, de la transmission intégrale 4Motion et de la boîte DSG7.

Nous étions impatients de prendre le volant de cette Arteon, mais, avant d’attaquer la « Route Napoléon », la fiche technique de l’auto nous laissait présager une certaine déception à la lecture du poids de notre « coup de cœur » : 1 828 kilos à vide. Dès les premiers kilomètres, on aurait pu jeter ce document descriptif par la fenêtre tellement l’auto fait preuve d’agilité et d’une tenue de route exemplaire. Le 4-cylindres 2.0 l suralimenté est réellement bluffant car il emmène avec facilité le coupé, pardon la berline. L’Arteon nous ferait presque perdre nos repères… Ses 240 ch disponibles à 4 000 tr/min offrent une plage d’utilisation très large. A bas régime, les reprises sont étonnantes en sortie de courbe. Et, dans les lignes droites au décor montagneux, le « souffle » de l’Arteon ne s’arrête jamais.

De quoi laisser le mode Sport enclenché pour un max de plaisir. Les autres modes proposés étant : Eco, Confort, Normal et Individual. A noter que même en mode Eco, l’Arteon procure également un certain plaisir. La voiture n’est, dans ce cas, pas du tout poussive. Très polyvalente, la boîte robotisée à double embrayage y est pour beaucoup. Le couple important de 500 Nm (entre 1 750 et 2 500 tr/min) est un gage de sérénité surtout avec la transmission intégrale.

Malgré un amortissement plus ferme en mode Sport, le confort n’en pâtit pas. L’Arteon diesel n’est certes pas une sportive, mais son aisance est de l’ordre du parfait. Si l’on doit essayer de lui trouver des défauts, on notera que la direction manque « un poil » de précision et de légèreté. Cela est dû intrinsèquement au poids de notre configuration diesel, mais, insistons bien, on essaye de trouver des défauts car au volant de la berline, un plaisir confortable est ressenti à chaque instant. L’Arteon Bi-TDi 240 4Motion se joue de tout, bien aidée par le DCC et le XDS cités auparavant. De plus, son insonorisation est exemplaire, de quoi avaler des kilomètres sans ressentir de fatigue.

En chiffres, l’Arteon 2.0 l  Bi-TDI 240 4Motion DSG7 est capable d’abattre le 0 à 100 km/h en 6,5 s pour une vitesse maximale de 240 km/h. Ses consommations sont données pour 5,9  l/100 km en cycle mixte. Pour les atteindre, il va falloir lever le pied et enclencher le mode Eco. Au niveau des émissions de CO2, les 152 g/km émis ajoutent 1 613 € à la facture d’achat. Cela reste raisonnable pour le standing de l’Arteon.

Avant de conclure, faisons un tour d’horizon des motorisations disponible sur l’Arteon :

  • 1.5 TSI Evo 150 ch – boîte 6 vitesses / boîte DSG7 en option

  • 2.0 TSI 190 ch – boîte DSG7

  • 2.0 TSI 280 ch – boîte DSG7 et 4Motion

  • 2.0 TDI 150 ch – boîte 6 vitesses / boîte DSG7 en option

  • 2.0 TDI 190 ch – boîte DSG7 en option / 4Motion en option

  • 2.0 TDI 240 ch – boîte DSG7 et  4Motion

La Volkswagen Arteon joue dans la cour des grands. Le tarif de notre modèle d’essai s’affiche à partir de 54 820 €. Hormis son design attractif, cette « berline-coupé » ne soufre d’aucun défaut. Elle est exemplaire dans tous les domaines. Ce n’est pas par hasard que nous l’avons évoquée comme un « Graal » dans cet essai. Les technologies aidant et la maîtrise allemande étant tellement de haut niveau, Volkswagen atteint un certain summum automobile en matière de comportement. S’il y a bien un terme à bannir pour décrire une dernière fois l’Arteon, ce serait « aseptisée » car le plaisir est étonnamment au rendez-vous. bravo Volkswagen, notre coup de cœur s’est transformé en coup de foudre !

Texte, essai et photos : Frédéric Lagadec