Antonio Filosa, nouveau patron de Stellantis, a choisi TF1 pour sa première prise de parole publique et a lancé un avertissement clair : « Il faut 10 ans de plus. » Selon lui, l’interdiction programmée des ventes de véhicules thermiques et hybrides neufs, à partir du 1er janvier 2035 au sein de l’UE, est une « réglementation inatteignable » qui menace l’industrie, l’emploi et les consommateurs.

Dans cet entretien exclusif accordé à TF1, le CEO du groupe automobile multinational italo-franco-américain, Antonio Filosa, âgé de 52 ans, a confirmé que Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Jeep, DS Automobiles, etc.) prévoit malgré tout 1 400 embauches en France dès 2025, alors même que plusieurs sites hexagonaux tournent au ralenti. Le groupe, qui emploie déjà 39 000 salariés en France, reste un acteur central d’une filière qui fait encore vivre près de 300 000 personnes dans le pays. Mais Antonio Filosa a surtout concentré son discours sur la réglementation européenne qui prévoit la fin du thermique en 2035, une échéance qu’il juge irréaliste. Filosa a donc déclaré : « Il faut 10 ans de plus. »

« De notre point de vue, partagé par la majorité des constructeurs, il faut demander à la Commission européenne de revenir sur cette réglementation. Parce que ce n’est pas atteignable, ce changement est urgent et il doit être considérable », a-t-il martelé. Pour lui, l’Europe n’est pas prête à ce basculement technologique : les composants stratégiques des voitures électriques, notamment les batteries, proviennent encore massivement de Chine, où le marché explose et menace directement la compétitivité européenne. C’est pourquoi il réclame un report de dix ans, soit une interdiction effective en 2045.

Cette position rejoint celle d’Oliver Zipse, PDG de BMW, qui a récemment demandé à Bruxelles de revoir sa copie. Le patron du constructeur automobile allemand a qualifié la fin du thermique en 2035 de « désastre » et milite pour une neutralité technologique, incluant par exemple les carburants de synthèse et l’hydrogène, afin de ne pas enfermer l’industrie dans une dépendance aux batteries chinoises.

La question est d’autant plus brûlante que la fameuse clause de revoyure prévue pour 2026 pourrait être avancée. Selon plusieurs sources européennes, Bruxelles envisage désormais d’ouvrir ce débat dans les prochaines semaines, voire les prochains jours, face à la pression croissante des industriels.

Au-delà des enjeux industriels, Antonio Filosa a insisté sur l’impact direct pour les consommateurs. Aujourd’hui, en France, il ne reste qu’un seul modèle neuf vendu à moins de 15 000 €, contre 47 modèles accessibles à ce prix il y a seulement six ans. L’explosion des coûts est en grande partie liée au prix des batteries, qui peut atteindre 10 000 € par véhicule. « Si la réglementation vous dit de mettre une batterie à 10 000 € dans la voiture, comment voulez-vous être accessible ? », a-t-il lancé, soulignant que l’électrique ne doit pas devenir un produit de luxe réservé à une minorité.

Enfin, le patron de Stellantis plaide donc pour un calendrier plus réaliste, qui laisse le temps d’innover, de réduire les coûts et de préserver l’emploi. Derrière ce bras de fer réglementaire, c’est l’avenir de l’automobile européenne qui se joue, dans un contexte de crise marqué par des ventes en berne, des usines à l’arrêt et une concurrence chinoise de plus en plus agressive.

La rédaction

Photo : Stellantis

Frédéric Martin

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