ST, pour Sports Technology. Ces deux lettres résument à elles seules la philosophie développée par Ford pour dynamiser sa gamme, héritée notamment des mythiques Cosworth dont les posters ont tapissé tant de murs d’adolescents dans les années 80. De la Fiesta à la Focus, en passant par la Mustang, enfin disponible chez nous directement après tant d’années de désespoir pour les fans du “Vieux Continent”, chacun trouvera son bonheur…
Commençons par la version d’accès au sport façon Ford, la Fiesta 1.0 l EcoBoost 140 ch, ici dans sa version Red Edition. Ce minuscule moteur à la puissance spécifique digne des grandes sportives de la marque lui permet de dépasser les 200 km/h en point et d’abattre le 0 à 100 km/h en 9 secondes.
Ces chiffres peuvent paraître modestes lorsqu’on parle de version sportive, mais la petite et légère citadine s’avère extrêmement agile, avec son châssis hérité de sa grande sœur plus puissante. La direction fait un excellent travail en remontant les informations souhaitées par le pilote et en permettant de placer l’engin sans arrière-pensée, du bout des doigts. Sur la partie sinueuse du circuit de la Ferté Gaucher, théâtre de cette journée, la modeste Fiesta s’en sort admirablement bien, se permettant de venir titiller sa grande sœur Focus, plus puissante mais également plus lourde. Le fameux adage “light is right” de Colin Chapman a trouvé une représentante inattendue. Au regard de la consommation, annoncée à 4,5 l/100 km et de son prix d’appel de 18 350 €, le dynamisme a rarement été si raisonnable.
La Fiesta se décline également en version ST, forte de son 1.6 l EcoBoost de 182 ch et 240 Nm de couple. Les performances font un bond conséquent, avec 6,9 secondes pour atteindre les 100 km/h et 223 km/h en vitesse de pointe. Là encore, le poids contenu de la citadine fait merveille et offre un dynamisme de premier ordre. Le châssis retravaillé et le freinage efficace et endurants permettent d’attaquer les virages de la Ferté Gaucher sans crainte et de manière plus qu’efficace.
Elle semble même faire de ce circuit sinueux son terrain de jeu favori, se laissant parfois aller à quelques mouvements du train arrière, facilement maîtrisés, permettant de placer l’auto en virage et participant au fun de l’expérience. La consommation maîtrisée à 5,9 l/100km et le tarif contenu de 24 500 € finissent de séduire.
Passons désormais à la gamme supérieure, avec la Focus ST, d’abord dans sa version diesel. Une sportive diesel ? Ford n’est pas le premier à proposer cela, mais la formule surprend au premier abord. Puis, à la lecture de la fiche technique, on se rassure. 2.0 TDCi, 185 ch, le 0 à 100 km/h abattu en 8,1 secondes, la doute s’installe. Et bien que le circuit sinueux ne soit pas forcément sa tasse de thé de par son poids, son comportement est tout à fait à la hauteur du badge ST qu’elle arbore fièrement. Freinage efficace, relances convaincantes et sous-virage contenu malgré le poids du bloc au carburant lourd, l’engin surprend agréablement. Certes, la mélodie n’est pas celle de ses sœurs essence, mais cette version permet de profiter d’un très bon châssis et d’un look avenant, tout en ne consommant que 4,2 l/100km. Celle-ci s’offre pour 30 500 € et saura séduire les gros rouleurs en mal de sensations.
De l’autre côté, sur la partie plus rapide du circuit de la Ferté Gaucher, son homologue à moteur essence nous attend, dans sa robe jaune qui ne laisse planer aucun doute sur sa vocation sportive. La fiche technique est d’un tout autre niveau, avec un moteur 2,0 litres développant 250 ch et permettant d’abattre le 0 à 100 km/h en à peine 6,5 secondes ! Comment résister ? Contact, on se lance sur le circuit. Immédiatement, la Focus est à son aise. Très peu de sous-virage, une motricité étonnante compte tenu de la puissance que doivent supporter les seules roues avant, des relances quasi instantanées en sortie de virage serré, la ST se montre plus que convaincante.
Elle se permet même d’aller chercher sa grande sœur Mustang dès que le rayon des virages se resserre. Une belle surprise. D’autant qu’à 29 000 € et ne consommant que 6,8 l/100 km, elle se place en concurrente sérieuse d’une certaine Renault Mégane RS – plus puissante (275 ch) et légèrement plus efficace encore, mais également 3 000 € plus chère – ou encore de la 308 GTi by Peugeot Sport, réclamant pour sa part 37 200 € pour profiter de ses 270 ch.
La Focus ST a beau se parer d’atours sportifs et d’une couleur criarde pour attirer l’oeil, celle qui attire tous les regards aujourd’hui est connue de tous. Elle a fui le l’Europe pendant des années, uniquement importée par quelques spécialistes et passionnés motivés, mais revient désormais officiellement chez nous. Elle, c’est la Mustang. En 50 ans de carrière, cette dernière a connu des hauts et des bas. De “pony car” adulée des américains dans les années 60 et 70, son style deviendra pataud et ses moteurs sans grand intérêt suite au choc pétrolier de 1974. Elle vivotera dès lors, surfant sur l’aura de son aînée, sans jamais lui arriver à la cheville. Alors qu’on croyait la Mustang perdue et réservée aux retraités californiens, la voici qui revient en 2005, reprenant les traits de son illustre aînée et se dotant enfin de moteurs dignes de son pedigree.
Que les passionnés de “muscle cars” américaines se réjouissent, la Mustang est bien vivante ! Elle a même su s’adapter au marché européen en proposant un 4 cylindres EcoBoost de 317 ch (Mustang rouge), la première dans laquelle nous nous installons. L’intérieur offre un style typiquement américain, mais la finition et la présentation se rapproche des standards européens. Trêve de bavardages, il est temps d’enclencher la première de la boite manuelle. L’embrayage est léger et malgré un capot d’une longueur démesurée, l’engin se manie aisément. La sonorité du 4 cylindres se montre plutôt flatteuse compte tenu de son origine modeste, avec une tonalité assez sourde, typique des muscle cars. Il faut cependant relever le fait qu’il s’agit là d’un “trucage” (convaincant) utilisant le système audio de la voiture.
Les performances sont d’un très bon niveau et permettent de prendre beaucoup de plaisir sur le circuit de la Ferté Gaucher. Le “petit” moteur allège le train avant de l’encombrante Mustang, lui permettant de s’inscrire de façon convaincante en virage et d’en ressortir aussi fort. Le train arrière permet d’enrouler sainement, sans aucun débordement incontrôlé, comme on aurait pu le craindre de la part d’une sportive américaine. A 37 000 €, contre 42 000 € pour sa grande sœur la GT, son tarif serré et son homogénéité en séduiront plus d’un.
La version GT, forte de son V8 5.0 litres de 421 ch, renoue quant à elle avec la véritable tradition des muscle cars. La sonorité est grave, lourde, voire caverneuse lorsque le pied droit rencontre le plancher, un véritable bonheur acoustique. La boite manuelle est un peu plus dure à manier (gros moteur et gros couple obligent), mais au bout de quelques instants, on fait corps avec cette version qui incarne le véritable esprit Mustang. Le train avant est certes un peu moins agile que sur la version 4 cylindres, mais les ruades (maîtrisées) du train arrière, l’excellent freinage et les relances en sortie de virage font de sa conduite un moment unique. Certes, son efficacité n’est pas celle d’une sportive européenne, mais est-ce pour cela que l’on conduit une Mustang ? Assurément non, son domaine se situe dans le plaisir pur, les sensations viscérales et une expérience unique, à consommer sans aucune modération.
Le constructeur américain nous présente donc une gamme sportive cohérente, allant de la modeste citadine à la “muscle car” débordant de couple. Cette gamme sportive du constructeur à l’ovale sera bientôt coiffée par la superlative GT, dont le V6 EcoBoost développera plus de 600 ch, mettant l’américaine à portée des plus prestigieuses Supercars anglaises ou encore italiennes. Affaire à suivre de très près ! Concluons en vidéo avec les superbes images du “Ford Perfomane Day” avant de retrouver d’autres photos d’une puissante journée.
Reportage : Alexandre Besançon
Photos : Ford
