Wagnon, petit village de 130 habitants au cœur des Ardennes françaises, un matin de septembre. Le calme y règne en maître et pourtant, au pied de l’église, un drôle de ballet se déroule depuis l’aube. Une route fermée, des commissaires de piste, un chapiteau estampillé Hyundai Motorsport ou encore des mécaniciens. Soudain, le silence de la campagne se brise. La bête se réveille bruyamment. Son jeune mais, néanmoins talentueux pilote se tient à ses côtés. Et il semble que le baquet du copilote soit libre…
Ce pilote, c’est Pierre-Louis Loubet, qui vit en 2021 sa première saison complète en WRC sur une Hyundai i20 Coupe WRC après avoir remporté le titre mondial en WRC 2 en 2019 sur une Skoda Fabia R5. Pas vraiment un pilote du dimanche, donc. D’autant que Pierre-Louis a le rallye dans le sang. En effet, son père Yves Loubet fut sacré champion d’Europe des rallyes en 1989 sur la mythique Lancia Delta Integrale, excusez du peu. Pierre-Louis nous a donc invité à être son co-pilote à bord de la Hyundai i20 N Rally 2.
La bête, c’est la Hyundai i20 N Rally 2, le nouveau monstre de la firme coréenne destiné à la compétition-client. Si l’on reconnaît aisément les traits de la toute nouvelle Hyundai i20 N dans la version Rally 2, on sent bien que quelque-chose a changé… Elargisseurs d’ailes XXL, aileron massif en carbone, arceau intégral et intérieur dépouillé à l’extrême ; pas de doutes, la i20 N Rally 2 n’est pas là pour faire de la figuration ! Quant à la sonorité de son 4-cylindres 1.6 l turbocompressé d’environ 300 ch, elle ne peut que confirmer que nous sommes bien face à une auto de compétition, capable de suivre le rythme d’une WRC dans certaines conditions.
Si le spectacle des allers-retours de Pierre-Louis Loubet au volant de la Hyundai i20 N Rally 2 dans la spéciale fermée pour l’occasion est déjà un plaisir en soit, nous ne sommes pas là pour faire de la figuration non plus ! En effet, combinaisons, cagoules et casques sont sagement alignés sous le réceptif et n’attendent que nous, afin de profiter (ou « subir », au choix) des performances d’une voiture de rallye menée par un pilote de rang mondial. Tout un programme.
Vient alors mon tour de prendre place dans le baquet du copilote. Passée la séance de contorsions pour se faufiler entre les tubes de l’arceau, la position dans le baquet est confortable, bien que très basse (le copilote n’ayant pas vraiment besoin de voir la route, son baquet est souvent installé très bas afin d’abaisser le centre de gravité). Harnais 6 points bien serré, radio branchée, jambes « verrouillées » grâce au repose-pieds, Pierre-Louis Loubet lance le moteur. L’intérieur dépouillé fait caisse de résonance, ajoutant au côté intimidant de la bête. Nous prenons la direction de la route fermée, qui se trouve être une spéciale du Rallye des Ardennes…
Feu ! La Hyundai i20 N Rally 2 s’élance comme une fusée, bien aidée par ses quatre roues motrices et son faible poids (1 230 kg minimum pour la catégorie Rally 2). Le premier freinage vous propulse en avant, tandis que les roues avant attaquent déjà le premier virage, négocié à quelques centimètres du point de corde (qui se trouve être un pont en pierre). Les rapports s’enchaînent avec une vitesse déconcertante, à l’aide du grand levier de boîte séquentielle situé à proximité du frein à main hydraulique. L’auto vire à plat, l’arrière enroule gentiment, dans un style de pilotage coulé, fluide, l’idéal pour une efficacité maximale. La tenue de route surpasse tout ce que l’on connaît sur route ouverte, d’autant plus lorsque le pilote fait partie de l’élite mondiale du rallye !
Le festival continue pendant toute la longueur de la spéciale. Point de corde avalé copieusement, ceci au point que le bord de la chaussée se retrouve sous le milieu de la voiture, freinages vigoureux, légères glisses du train arrière permettant de placer l’auto, la maîtrise est parfaite et on se sent pleinement en confiance, malgré un rythme ahurissant.
Nous arrivons déjà au bout de notre portion de route fermée. Léger répit pour reprendre ses esprits, demi-tour au frein à main (tout en douceur) et… c’est reparti en sens inverse ! La grande descente nous permet même d’atteindre les 180km/h, sur une route si étroite que deux voitures ne peuvent s’y croiser sereinement. Pierre-Louis Loubet se balade, tandis que je bénis la présence du baquet, du harnais et du repose-pieds pour caler le corps.
Derniers hectomètres, le rythme est toujours aussi soutenu, les virages aveugles et les changements de dénivelés n’ont déjà plus de secret pour Pierre-Louis Loubet. La route commence à être recouverte de terre et autres cailloux du fait des trajectoires agressives, mais la petite bombe coréenne n’en fait qu’une bouchée, ne laissant transparaître qu’un léger déhanchement rapidement corrigé par son dompteur, fascinant !
Enfin, après ces quelques minutes, courtes mais ô combien intenses, nous regagnons le paddock. La Hyundai i20 N Rally 2 va pouvoir se reposer quelques instants, avant de repartir pour une nouvelle chevauchée.
Cette expérience permet de prendre conscience de la dure vie de copilote de rallye. D’autant que ces derniers n’ont quasiment pas l’occasion de porter leur regard sur la route, tant le rythme imposé par ces voitures ultra efficaces impose une lecture rapide des notes. Personnes sujettes au mal des transports, s’abstenir !
Cela permet également de constater la différence de performances entre une voiture de route, aussi performante soit-elle, et une véritable voiture de course. Nous avons d’ailleurs pu prendre le volant de la Hyundai i20 N de série sur ce même tracé. C’est à (re)découvrir en cliquant sur : essai Hyundai i20 N. Pierre-Louis Loubet nous confiait que les Rally 2, si elles sont moins extrêmes et plus « accessibles » que les WRC en termes de pilotage, de visibilité et de sensations, restent des autos ultra performantes, assez proches en performances de leurs grandes sœurs WRC.
Un grand merci à Hyundai et à Pierre-Louis Loubet pour cette expérience inoubliable ! On leur souhaite tout le meilleur pour leur avenir en WRC.
Texte et expérience : Alexandre Besançon
Photos : LesVoitures.com (Alexandre Besançon) et Hyundai (Ugo Missana)