Coup dur pour la filière française lié au rétrofit. Lormauto, jeune entreprise spécialisée dans le rétrofit automobile, est contrainte de mettre la clé sous la porte. La raison ? Un financement qui n’est jamais arrivé à temps, notamment la subvention de l’État et le soutien bancaire de Bpifrance, qui semble avoir changé d’avis sur la viabilité économique du projet. Le tribunal de commerce de Caen devrait, sans aucun doute, prononcer la liquidation de Lormauto en ce mercredi 21 mai, ce qui a été annoncé hier, par le co-fondateur et Vice-Président de Lormauto, Franck Lefèvre.
L’idée de Lormauto paraissait pourtant prometteuse : plutôt que de fabriquer de nouvelles voitures électriques, la société proposait, via la technologie du rétrofit, de convertir des modèles thermiques existants, principalement la célèbre Renault Twingo 1, mais aussi des Kangoo, Partner et Berlingo, ceci en véhicules dits « à zéro émission ». Une démarche écoresponsable et alignée avec l’objectif européen de neutralité carbone en 2050. Rappelons qu’en décembre 2024, c’est l’entreprise EP Tender qui a déposé le bilan, sachant qu’elle proposait des batteries sous forme de remorques, en guise de prolongateurs d’autonomie, ainsi que des services associés. Comme évoqué en introduction, hier sur LinkedIn, Franck Lefèvre, également co-fondateur de Lormauto, a annoncé « la mort » de son entreprise.
En 2022, le projet avait franchi une étape décisive : homologation validée, et une usine planifiée en Normandie, avec une capacité de 3 000 véhicules par an et 120 salariés. Mais malgré cette avancée, Lormauto n’a pas réussi à assurer son financement. Frank Lefèvre a vivement critiqué, toujours sur LinkedIn, le revirement de Bpifrance, en écrivant : « Alors qu’un plan de financement avait été mis au point avec le ministère de l’Industrie, Bpifrance a réécrit les règles en cours de route. Accord politique balayé. Urgence ignorée. Engagements requalifiés. Avenir industriel piétiné. Et mutisme total de Nicolas Dufourcq, DG de Bpifrance mais aussi administrateur de Stellantis, quand on s’étonne de ses choix. »
Le frein principal au projet Lormauto semble clairement avoir été le prix de la conversion. A 24 000 €, la Twingo 1 rétrofitée coûte quasiment autant qu’une Citroën ë-C3 neuve ou une Fiat Grande Panda, deux citadines électriques plus modernes et aux performances supérieures. Les aides de l’État pour le rétrofit sont variables : de 5 000 € pour les revenus les plus faibles à 1 500 € pour les foyers intermédiaires, voire aucune aide pour les plus aisés. Certaines régions offrent des subventions locales pouvant aller jusqu’à 6 500 €, mais uniquement dans des zones comme l’Île-de-France, PACA, Toulouse ou Grenoble. Même avec ces aides cumulées, la Twingo rétrofitée reste chère pour ce qu’elle offre, à savoir une puissance de 52 ch, une batterie de 16 kWh pour une autonomie très faible de seulement 100 km en ville. Cette année, d’ailleurs, rappelons que la nouvelle Renault Twingo E-Tech électrique sera présentée en version définitive, sachant qu’elle devrait être très abordable, à moins de 20 000 € (hors bonus écologique), grâce à des éléments conçus en Chine. Cette Twingo E-Tech électrique devrait proposer environ 300 km d’autonomie. Précisons que sa commercialisation est programmée à courant 2026.
Difficile donc pour Lormauto de rivaliser avec les nouvelles et futures citadines électriques qui bénéficient aussi d’offres de financement plus attractives et bientôt d’un nouveau leasing social. Une meilleure politique de subventions ou une option de location longue durée aurait pu rendre le projet plus viable.
Enfin, malgré tout, Franck Lefèvre reste optimiste et affirme que son combat continue. Peut-être qu’un autre investisseur saura relancer cette idée qui avait séduit les amateurs de voitures simples, économiques et écologiques. Affaire à suivre…
La rédaction
Photos : Lormauto, LesVoitures.com et impression d’écran compte LinkedIn Franck Lefèvre
