Il était une fois AMG… Trois lettres à connotation très sportive également synonyme d’une expertise technique historique née du génie de deux artisans. A l’occasion des 50 ans d’AMG, nous vous proposons de découvrir l’histoire de cette entité Mercedes ainsi que la plus puissante des GT en piste à travers son essai réalisé sur le circuit de Chenevières dans le cadre de la tournée AMG Live 2017.
AMG c’est avant-tout une histoire de passion, celle partagée par deux amis, Hans Werner Aufrecht (A) et Erhard Melcher (M). Fin 1963, la firme à l’étoile décide de fermer son département Compétition pour lequel ils travaillaient. Mais les deux compères continuent à développer des sportives avant de fonder, 4 ans plus tard, AMG. Le G correspondant à la Großaspach, la ville natale d’Aufrech.
En 1971, ils frappent un grand coup lors des 24 Heures de Spa qu’ils remportent grâce à l’AMG 300 SEL 6.8 l. L’auto, surnommée “Le cochon rouge”, finit même à la 2ème place du général. 9 ans plus tard, c’est sur un autre tracé mythique qu’ils signent une nouvelle victoire. Ainsi, la Mercedes-Benz 450 SLC AMG (375 ch) s’impose sur la Nordschleife. Après avoir développé en 1984 une technologie de culasse novatrice à 4 soupapes, les dirigeants de Mercedes ont les yeux de plus en plus tournés vers les deux sorciers Aufrecht et Melcher à qui ils décident de confier, en 1988, le développement des voitures qui seront engagées en DTM. Ce premier “contrat”, couronné de succès, accélère la collaboration directe entre Mercedes et AMG.
En 1990, Mercedes décide que les sportives de la marque seront construites en collaboration avec AMG. 3 ans plus tard, le premier modèle, la C 36 AMG, sort de l’usine (photo ci-dessus). Les victoires en compétition se transforment alors en victoires commerciales avec pas moins de 5 000 ventes juqu’en 1997. Entre-temps, l’auto devient en 1996 le premier « Official F1 Safety Car ». Et quel passionné de Sport Auto ne se souvient pas de la Mercedes CLK GTR victorieuse du FIA GT en 1998 marquant le début d’une fulgurante suprématie dans la discipline. 1999 marque une nouvelle étape importante pour AMG, à savoir que Daimler Chrysler en possède 51%. 6 ans plus tard, ce sera 100%.
Aujourd’hui,ils sont près de 1 600 employés à travailler pour AMG. Ce chiffre était de 40 dans les années 70. En termes de palmarès en DTM, les chiffres sont impressionnants : 177 victoires, 10 titres pilote, 13 titres équipe et 6 en tant que constructeur. Sans oublier l’AMG GT GT3 qui, depuis 2015 évolue, entre autres en Blancpain GT Series. Transition toute trouvée pour aborder les vibreurs du circuit de Chenevières mais avant, rappelons que l’AMG GT est la digne héritière de la fantastique SLS.
Née en 2014, la gamme AMG GT a été considérablement revue en 2016 après l’apparition de l’AMG GT R. Profitant des 50 ans d’AMG, c’est en début d’année que la gamme AMG GT s’est dévoilée entièrement : Mercedes-AMG GT Roadster (476 ch), Mercedes-AMG GT Coupé (476 ch), Mercedes-AMG GT S Coupé (522 ch), Mercedes-AMG GT C Roadster (557 ch), Mercedes-AMG GT C Coupé (557 ch), Mercedes-AMG GT-R (585 ch). Il en manque une à cette puissante liste car 50 ans cela se fête comme il se doit. Dans ce but, une série très spéciale a été lancée, la Mercedes-AMG GT C Edition 50. Les initiés auront également remarqué que les puissances de chaque modèle gagnent en chevaux comparativement aux modèles de 2014. L’une des optimisations les plus redoutables est celle représentée par le train arrière directionnel qui équipe les AMG GT R et GT C…
Entre la première génération des AMG GT et les versions restylées, les évolutions sont donc majeures, tant au niveau esthétique que mécanique. Le design des toutes dernières AMG GT reprend ainsi celui de la radicale GT R de 2016 (les détails ici) à l’aérodynamisme optimisé, même si cette dernière profite de quelques spécificités qui font d’elle une GT “monstrueuse” à l’image de sa partie arrière.
L’AMG GT R se distingue également à l’avant de ses “sœurs” grâce à un bouclier avant radical et agressif aux entrés d’air béantes. Comme évoqué précédemment, elles sont au service de l’aéro. Ainsi, la Supercar à l’étoile GT R, cache une spécificité digne des “Flèches d’Argent” de Lewis Hamilton et Valtteri Bottas, le système actif AIRPANEL. Concentrons-nous sur son fonctionnement. Il est composé de 14 lamelles “actives” qui sont contrôlées par le calculateur moteur. A vitesse réduite, en deçà de 180 k/h, les lamelles peuvent, sous certains autres paramètres comme ceux des températures du liquide de refroidissement de l’air de suralimentation, peuvent empêcher presque totalement les flux d’air de s’infiltrer à l’avant afin d’optimiser l’aéro du bolide.
Les habitués de LesVoitures.com se souviennent que nous avions offert à “l’ancienne” AMG GT, ses derniers tours de piste, lors de l’événement Exclusive Drive du Mans en avril dernier (photo ci-dessous, à lire sur : Mercedes-AMG GT : un dernier tour de piste avant la nouvelle génération…). D’un circuit à un autre, nous avons donc pu prendre conscience en piste de l’apport majeur de cette direction active de l’essieu arrière.
Lors de cet essai piste, nous avons évolué sur la configuration de 2,5 km du circuit de Chenevières. Malgré une distance réduite, il propose un tracé varié où s’enchaînent des courbes rapides, une longue ligne droite, des chicanes ainsi qu’une partie finale très technique avec un long droit qui emmène vers un virage à droite serré. Ce dernier se refermant instantanément sur un double gauche à aborder à faible allure. Ce n’est pas par hasard que nous mettons en avant ce secteur du circuit car, il nous a paru le plus intéressant en termes de pilotage. Pour couronner le tout, c’est donc au volant d’une Mercedes-AMG GT R que nous effectué notre “roulage” qui n’en a que le nom…
585 ch (à 6 250 tr/min) envoyés sur les seules roues arrière à contrôler face, et comparativement, aux 462 de la Mercedes-AMG GT du Mans. Quant au couple de la GT R, il est de 700 Nm. Une donnée est importante à préciser pour ce type d’auto, son poids, à savoir 1 630 kilos. Inutile d’être un “matheux” pour comprendre que l’exercice qui nous attend va nous demander une certaine maîtrise de l’engin. Dans ce but, un coach nous accompagne.
Très confortablement installé au volant de l’AMG GT R, nous enclenchons le mode Sport+ du contacteur DYNAMIC SELECT. Une sonorité rauque et rageuse nous procure, déjà, une montée d’adrénaline rare. Après s’être habitué au tracé, nous gagnons en confiance. A cet instant, nous entrons dans un “autre monde automobile”…
Dans la ligne droite, on dépasse allègrement les 200 km/h tout en projetant son regard loin, afin de se préparer à aborder la première chicane. A son approche, on tape fort dans les freins. Puis, on accompagne la motricité de l’AMG GT en gardant du frein sur le train avant en effectuant un freinage dégressif sans lâcher trop tôt la pédale de gauche. Quelle sensation d’agilité alors ressentie ! L’architecture à moteur avant de la Supercar n’est pas faite pour faciliter ce type de manœuvre mais, avec l’apport des technologies développées par AMG dont les roues arrière directrices, notre AMG GT R se joue des lois de la physique. Le gain de dynamisme entre l’AMG GT du circuit Bugatti et cette AMG GT R à Chenevières est “Kolossal” !
Le V8 4.0 l biturbo rugit à l’accélération telle une bête féroce qui fait littéralement oublier la signification des deux lettres “GT” : Grand Tourisme. Le fameux long droit technique a révélé les autres qualités impressionnantes de cette voiture de compétition en vente libre ! Sa répartition des masses ne l’handicape aucunement, les appuis et le grip la scotchent au sol. Il faut néanmoins s’appliquer à freiner les roues droites. En cas d’erreur de pilotage, l’électronique n’hésitera pas à intervenir mais très discrètement, laissant un maximum de plaisir au conducteur.
Sensationnelle, époustouflante, démoniaque… Les superlatifs sont de rigueur après nos quelques tours de piste au volant de l’AMG GT R. Elle porte dans ses entrailles le savoir-faire acquis depuis 50 ans par AMG. Et l’histoire n’est pas prête de s’arrêter.. Le coupé 4 portes hybride AMG GT qui a été présenté sous forme de concept-car à Genève est en approche. Sans oublier bien sûr, l’Hypercar AMG R50, si cette dénomination est confirmée en septembre, date à laquelle les plus de 1 000 chevaux attendus seront dévoilés sous des lignes que nous avons hâte de découvrir. Vivement le salon de Francfort… Retrouvez d’autres photos des Mercedes-AMG GT au terme de cet article.
Texte, essai et photos : Frédéric Lagadec