Dans les périodes de turbulences économiques qui touchent la France, et dont les coûts pèsent sur les contribuables, nos politiques ressortent « l’arme » de la nationalisation des autoroutes, ceci alors que l’élection présidentielle 2022 est en approche. La hausse d’environ 2% des tarifs des péages des autoroutes, intervenue le 1er février dernier, représente ainsi l’un des derniers exemples de la hausse des coûts liés à la mobilité. Bizarrement, quel que soit le bord politique, les avis vont dans le même sens.
Pour Marine Le Pen (RN), candidate à l’élection présidentielle 2022, nationaliser les autoroutes, c’est « faire baisser de 10 à 15 % le prix des péages, de livrer un milliard et demi d’euros par an à l’Etat et ainsi permettre la mise en œuvre de politiques de réaménagement du territoire ».
A l’opposé de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon (LFI) déclare qu’il veut « mettre fin au vol organisé que constituent les péages ». Et il serait même tenté de les supprimer.
Du côté de Fabien Roussel (PCF), lui, il souhaite « renationaliser les autoroutes et reprendre la main sur les grandes routes françaises ».
Quant aux écologistes, même son de cloche. « Il y a des entreprises qui se font beaucoup d’argent sur les autoroutes au détriment du pouvoir d’achat des Français », a récemment dit Yannick Jadot (Les Verts).
Nous ne sommes pas dans un prétoire mais, on a vraiment l’impression d’effets de manche. Et dont le but, à court terme, celui du premier tour de l’élection présidentielle, est de s’attirer les bonnes grâces, pardon, le bulletin de vote qui va bien.
Pourquoi est-ce illusoire, voire cynique, de lire de telles déclarations ? Plusieurs raisons à cela :
– Les autoroutes sont déjà dans le giron de l’Etat puisque ce sont des entreprises qui en sont concessionnaires. Elles ont une délégation de mission de service public avec pour seule contrepartie, la perception du péage. On ne peut pas nationaliser une entité qui appartient déjà à l’Etat !
– L’Etat s’exposerait à une obligation de rachat des concessions (coût entre 20 et 50 milliards d’€) pour tenir compte du manque à gagner d’ici la fin des contrats (dernière échéance en 2036). Pourquoi payer, quand il suffit d’attendre ? Mais la notion de temps pour l’Etat n’est pas la même que celle des automobilistes.
– La bonne question, c’est celle de l’équilibre financier des contrats conclus. Récemment une commission d’enquête du Sénat avait pointé du doigt « la surrentabilité » de ces entreprises. Ce serait donc à l’Etat de faire pression pour faire baisser les tarifs mais, surtout, ne plus prolonger les contrats en l’état et redéfinir l’équité financière des contrats de concession.
Comme évoqué en introduction, les tarifs aux péages des autoroutes sont en hausse. Après, si les dirigeants des sociétés d’autoroutes souhaitent baisser les tarifs, ils peuvent le faire. Disons plutôt s’ils veulent le faire. Mais pour quelles raisons ? Si ce n’est faire plaisir à leurs usagers. Mais ces dirigeants de sociétés ne sont pas soumis au résultat d’une élection présidentielle. Du moins, pas par un vote d’usagers…
Texte : Pierre-Jean Côme
Photos : LesVoitures.com