A l’heure où les pick-ups double cabine se voient accorder un sursis, nous prenons le volant de celui qui s’annonce comme le plus efficace. Le Nissan Navara Off-Roader+ AT32 n’est pas un simple pick-up. Mis au point avec le préparateur islandais Artic Trucks, il repousse les limites du tout-terrain. Direction la boue avec l’ultime évolution d’une “espèce automobile” en danger.
Après avoir testé le Mercedes-Benz Classe X, ainsi que tous ses confrères lors d’un comparo géant à l’Alpe d’huez, nous partons du côté de Lyon pour essayer une version spéciale du Navara de Nissan. Le pick-up Nissan est un succès depuis son apparition, avec plus de 50 000 clients en Europe dont plus de 7 000 en France. Lisez bien ce qui va suivre car le Nissan Navara Off-Roader+ AT32 et son “frère” AT32 forme un duo d’exception.
Nissan nous a en effet concocté un cocktail inédit sur le marché français. Un pick-up de l’extrême entièrement tourné vers l’aventure et le franchissement. Le genre de véhicule disponible chez certains préparateurs ou en ayant recours à des accessoiristes. Mais, ici, tout l’intérêt réside dans le fait que ce Navara est vendu, garanti et pensé par Nissan, gage de sérieux et de fiabilité. D’ailleurs comme toute la gamme Nissan Pro, ce véhicule est garanti 5 ans et 160 000 km. Pour proposer pareille évolution, le constructeur nippon s’est adressé à un préparateur chevronné, à savoir Artic Trucks, un spécialiste islandais de la transformation de 4X4 en “bêtes sauvages”. Mais avant de mettre le contact et de se diriger vers le terrain d’essai, faisons le point sur les différences de cette version Off-Roader AT32 avec un Navara “normal”.
Pour commencer, cet AT32 reçoit une protection de soubassement. De l’acier haute résistance qui protège la mécanique, la boîte de transfert et le réservoir. Le Navara se voit aussi doté de pneus et de jantes tout-terrain. Vous passerez des gués sans noyer le moteur grâce au snorkel, une prise d’air déportée qui protège le moteur de la poussière et de l’eau. Le Nissan Navara Off-Roader AT32 propose également des marchepieds latéraux et des bavettes. Les pneus sont plus hauts, plus larges et la garde au sol relevée. Sur le papier cela entraîne des angles d’attaque et de fuite optimisés. A cette dotation destinée à partir à l’aventure, Artic Trucks vient greffer sa suspension Performance. Au menu 20 mm de plus en garde au sol et un amortissement encore plus efficace.
En plus du blocage de différentiel arrière original du Navara, le préparateur venu du nord de l’Europe ajoute un inédit blocage de différentiel avant. L’objectif est d’apporter un meilleur contrôle du véhicule et vous permet d’affronter plus facilement les terrains les plus difficiles. Une fois verrouillé, il répartit 100 % du couple disponible à égalité entre les deux extrémités de l’essieu.
Assez de technique, il est temps de lancer notre Nissan dans la boue. Remercions Nissan France qui nous a permis de barboter toute une après midi sur des terrains où peu de constructeurs se risqueraient à nous confier un véhicule si rare. Nous partons donc accompagnés d’un Navara “normal” afin de pouvoir comparer les capacités de franchissement et aussi pourquoi pas pour avoir une assistance en cas de plantage. Sur les chemins de forêt, et malgré le terrain très gras, deux roues motrices suffisent. C’est d’ailleurs assez impressionnant de voir que dans cette configuration, le pick-up au poids non négligeable arrive déjà à passer sans difficulté. Mais ce serait mal connaître le moniteur qui m’accompagne dans l’habitacle du Navara. Bien décidé à passer un cap en difficulté il me conseille de passer en 4X4 via la petite molette bien pratique pour affronter la première difficulté du jour, à savoir une grosse montée bien grasse, qui ferait caler plus d’un 4X4. L’aide au démarrage en côte maintient la pression quelques secondes sur les freins, et c’est en toute décontraction et sur un filet de gaz que le Navara s’élance dans une montée abrupte. Malgré des pneus chargés de terre, rien ne semble vouloir perturber notre Nissan qui monte à un train de sénateur cette interminable bosse. C’est bien cela le plus impressionnant. Le Navara monte sur le couple et ne semble souffrir ou forcer à aucun moment.
Je décide de faire la même montée… mais dans le sens de la descente. Le système de contrôle de la vitesse en descente maintient automatiquement une allure constante quand vous descendez une pente raide en ajustant la pression des freins. Il vous aide à affronter les pentes les plus raides en restant totalement serein. Je positionne le Nissan Navara Off-Roader AT32+ dans le sens de la “plongée”, je me cale dans les ornières et le gros pick-up descend tout seul en douceur.
Nous poursuivons notre balade peu reposante en nous enfonçant dans la forêt. Sur notre chemin, les ornières se font de plus en plus menaçantes et surtout de plus en plus profondes. Le volontaire moteur dCi 190 chevaux ne semble pas s’en émouvoir, et c’est sur un filet de gaz que je sors victorieux d’un long chemin qui m’amène à une série de croisements de ponts. Ce n’est pas le passage de gué qui fera couler le Nissan, celui ci grâce à son snorkel peut encaisser un 80 cm de flotte. Les croisements de ponts ne lui font pas peur et même sur une roue et, avec le châssis posé au sol, le pick-up continue à bondir.
Je poursuis mon exploration du domaine avec des passages de bosses, des descentes en dévers, des accélérations sur du bosselé. Le système Nissan AVM – Vision 360° m’aide à repérer les éventuels obstacles comme les pierres ou les souches. Grâce à ses quatre caméras, il reconstitue une vue aérienne du Nissan Navara Off-Roader AT32 dans son environnement et permet de zoomer sur l’avant, l’arrière et les côtés du “gros jouet”.
En fin d’après midi, alors que je pensais avoir tout vu, les locaux décident de m’emmener “tout en haut”. J’ignore encore ce qui m’attend mais déjà les moniteurs qui m’accompagnent décident de ne pas emmener le Nissan Navara “normal” et d’y aller uniquement avec le Nissan Navara Off-Roader AT32. Il a beaucoup plu ces derniers jours et parvenir tout en haut du domaine implique de gravir une immense vallée, déjà compliquée à franchir par temps sec. A l’heure où on se lance, personne n’est convaincu qu’on arrivera là haut. Je m’élance, et grâce au blocage de différentiel arrière, notre Nissan islandais s’extrait sans mal de tous les trous et trouve la motricité pour arriver au sommet. Avec de la boue jusqu’aux ailes, des trous immenses, et un dénivelé important, le Nissan a réussi à s’extraire de toutes les difficultés.
Je dois l’avouer, malgré de nombreux essais 4×4, jamais je n’avais poussé un tout-terrain dans de telles difficultés. Non seulement ce Navara un peu spécial s’en est très bien sorti mais surtout il nous a prouvé qu’il faisait partie de l’espèce rare des vrais franchisseurs. Le plus impressionnant c’est qu’a aucun moment nous n’avons eu à enclencher l’arme absolue, à savoir le différentiel avant. Preuve que la bête en avait encore sous le pied.
L’Off-Roader AT32+ est bien plus qu’une série limitée pour la frime. Il apporte un vrai plus en franchissement, pour devenir redoutable. Si comme moi vous êtes tombé amoureux, sachez qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. Le Nissan Navara Off-Roader AT32+ que nous avons essayé existe au catalogue à 58 000 € vendu à…3 exemplaires. Même en se rabattant sur la version Off-Roader AT32 “normale”, accessible sous les 50 000 €, il sera trop tard puisque ses 25 exemplaires sembleraient déjà avoir été tous vendus. En attendant une réédition, cet exercice a au moins le mérite de démontrer qu’on peut aller très loin en Navara. Il rappelle également le savoir faire de Nissan qui a déjà vendu 15 millions de pick-ups en 85 ans.
Texte et photos : Niko Laperruque – LesVoitures.com