Les fournisseurs d’électricité français veulent frapper fort : ils proposent la création d’un permis de conduire exclusivement réservé aux voitures électriques. L’idée, selon eux, est simple mais stratégique : une formation plus économique, capable d’accélérer l’adoption des véhicules « zéro émission » et de donner un coup de pouce décisif à la transition énergétique.

Cette initiative intervient alors que la Commission européenne vient de réviser l’interdiction des voitures thermiques et hybrides neuves prévue à partir de 2035. Bruxelles envisage désormais une réduction des émissions de CO₂ de 90 % par rapport à 1990, au lieu des 100 % initialement prévus. Une concession qui hérisse les industriels de l’électricité. En France, l’Union française de l’électricité (UFE), porte-voix de la filière, réclame « le maintien strict de l’obligation de vendre uniquement des véhicules neufs à zéro émission à partir de 2035 ». Dans ce contexte, l’idée d’un permis de conduire moins cher pour les voitures électriques fait son chemin. Aujourd’hui, l’entreprise ECF propose à ses clients d’apprendre à conduire au volant de la Renault 5 100 % électrique.

vers un permis low-cost pour accélérer la transition

Dans la foulée de la publication par le Gouvernement, le 12 décembre 2025, du projet de 3e Stratégie nationale bas-carbone, l’UFE a dévoilé son « Plan d’électrification des usages ». Objectif affiché : porter notamment la part des ventes annuelles de voitures électriques neuves à 67 % en 2030 (contre 16,8 % en 2024) et le parc roulant à 15 % (contre environ 2,8 % en 2024) . Pour y parvenir, l’organisation avance une mesure choc : instaurer un permis de conduire limité aux voitures électriques, moins coûteux que le permis B classique.

Ce permis de conduire dit « électrique » s’inscrirait dans la continuité du permis boîte automatique (BEA), déjà en place. Le BEA ne requiert que 13 heures de cours minimum, contre 20 heures pour le permis B, et son tarif plus bas séduit de plus en plus d’élèves, d’autant que l’offre en voitures à boîte manuelle s’amenuise. L’UFE souhaite rendre obligatoire ce nouveau permis dans toutes les auto-écoles, avec un soutien financier sous forme de prêts à taux zéro pour l’achat de voitures électriques, dont le prix reste supérieur à celui des thermiques. « Un véhicule électrique générant moins de dépenses à l’usage qu’un véhicule thermique, il présenterait un avantage économique pour les auto-écoles qui serait répercuté sur le prix du permis », insiste l’UFE.

L’organisation ne s’arrête pas là. Elle propose que ces prêts à taux zéro soient également accessibles aux élèves, afin de leur permettre de financer un leasing dès l’obtention du permis. Une manière d’accélérer l’électrification du parc automobile en France. Parallèlement, l’UFE plaide pour l’intégration de nouveaux modules pédagogiques dans la formation des auto-écoles, dédiés à la mobilité électrique : sensibilisation aux spécificités de conduite, apprentissage des techniques de recharge, et préparation à un usage quotidien des voitures électriques.

Enfin, le lobby des énergéticiens réclame une trajectoire pluriannuelle pour le leasing social, inscrit dans le dispositif des CEE (Certificats d’Économie d’Energie). Ce mécanisme, déjà utilisé pour financer des offres de LLD subventionnée tel que le leasing social, pourrait devenir un levier majeur pour démocratiser l’accès aux voitures électriques. Reste à savoir si ces propositions ambitieuses trouveront un écho favorable à Matignon.

La rédaction

Photos : ECF

Frédéric Martin

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