La loi Montagne, instaurée en 2021, impose des pneus adaptés dans 34 départements entre le 1er novembre et le 31 mars. Si l’obligation d’équipement est bien réelle, la verbalisation n’a jamais été appliquée et ne le sera pas, faute de décret et de priorité politique.

Depuis son entrée en vigueur en novembre 2021, la loi Montagne II suscite chaque automne les mêmes interrogations : les automobilistes risquent-ils une amende s’ils circulent sans pneus adaptés dans les zones concernées ? La réponse est désormais définitive : aucune sanction financière ne sera infligée, malgré l’obligation d’équipement. L’État a renoncé à publier le décret de verbalisation, préférant miser sur la responsabilisation des conducteurs et sur un contexte politique qui ne permet pas d’ajouter une contrainte supplémentaire. Faisons donc notre mea-culpa, car, dans un article publié hier, sur le sujet des pneus hiver, nous avons indiqué, à tort, qu’une amende forfaitaire de 135 €, et l’immobilisation immédiate du véhicule pouvaient tous deux être appliquées aux contrevenants.

pneus hiver Loi Montagne 2025 amende 135 €

Pourtant, la règle est claire : entre le 1er novembre et le 31 mars, dans 34 départements de montagne, les véhicules doivent être équipés de pneus hiver homologués 3PMSF (Three Peak Mountain SnowFlake) ou de dispositifs antidérapants amovibles (chaînes, chaussettes). Depuis le 1er octobre 2024, les pneus simplement marqués M+S (Mud and Snow) ne sont plus acceptés, jugés insuffisants en conditions hivernales.

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Les chiffres confirment que les automobilistes se sont adaptés. Selon les données du Syndicat du pneu, 91 % des Français considèrent la loi Montagne comme une mesure positive. Au premier semestre 2025, les ventes de pneus 4 saisons ont bondi de 12,1 %, représentant désormais 39 % du marché. Dans le même temps, les pneus été classiques ont reculé de 8,5 %, tombant à 55,8 %, tandis que les pneus hiver ne représentent plus que 5,2 %. Cette évolution illustre une tendance nette : les automobilistes privilégient les pneus polyvalents, capables de répondre aux exigences légales sans nécessiter un changement saisonnier.

Malgré cette adoption massive, l’absence de décret de sanction s’explique aussi par des raisons politiques. Un porte-parole du Syndicat du pneu souligne que la verbalisation « n’est pas une priorité dans le contexte actuel ». Les remaniements ministériels successifs, dont la démission de Sébastien Lecornu le 6 octobre 2025, ont repoussé ce dossier au second plan. Résultat : les automobilistes échappent à une amende de 135 € et à l’immobilisation de leur véhicule, sanctions pourtant prévues dans le texte initial.

Il faut rappeler que si 48 départements sont théoriquement concernés par la loi Montagne en raison de leur relief, seuls 34 appliquent réellement l’obligation, sur décision préfectorale. La liste inclut notamment : l’Ain, l’Allier, les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, l’Ardèche, l’Ariège, l’Aude, l’Aveyron, le Bas-Rhin, le Cantal, le Doubs, la Drôme, la Haute-Garonne, la Haute-Loire, les Hautes-Alpes, la Haute-Saône, la Haute-Savoie, les Hautes-Pyrénées, le Haut-Rhin, l’Isère, le Jura, la Loire, la Lozère, la Moselle, le Puy-de-Dôme, les Pyrénées-Atlantiques, les Pyrénées-Orientales, le Rhône, la Savoie, le Tarn, le Territoire de Belfort, le Var, le Vaucluse et les Vosges.

Enfin, la loi Montagne reste donc une obligation sans sanction. Mais au-delà de l’absence de verbalisation, l’enjeu demeure celui de la sécurité routière : sous 7 °C, un pneu été perd jusqu’à 50 % de son efficacité, augmentant considérablement les distances de freinage et les risques de perte d’adhérence. Les autorités rappellent que l’équipement hivernal n’est pas une contrainte administrative, mais une condition essentielle de sécurité collective.

La rédaction

Photos : LesVoitures.com