En 2026, les prix des carburants devraient connaître une nouvelle hausse, hors choc géopolitique majeur. En cause, le financement des CEE (Certificats d’Économie d’Énergie), un mécanisme qui, s’il soutient le marché des voitures électriques, via le coup de pouce électrique, finit par peser indirectement sur les automobilistes qui possédant un véhicule thermique. Cette semaine, le ministre des Finances a confirmé l’augmentation du bonus électrique, porté jusqu’à 5 700 € pour les foyers modestes, notamment lorsque la batterie est fabriquée en Europe. Mais derrière cette annonce se cache une réalité moins reluisante : ce sont les conducteurs de voitures à essence ou au gazole qui paieront la note.

Les CEE sont au cœur de la politique énergétique française. Créés pour inciter les entreprises à financer des économies d’énergie, ils ont d’abord concerné le bâtiment et l’industrie avant de s’étendre au transport et à l’achat de voitures électriques, à travers le coup de pouce électrique. Suite à un décret publié en novembre, leur enveloppe va sensiblement augmenter : de 6 milliards d’euros en 2025, il passera à 8 milliards en 2026. Les grands groupes énergétiques, qui engrangent pourtant des profits très importants, doivent financer ces certificats. Mais plutôt que d’absorber ces charges, beaucoup choisissent de les répercuter sur leurs clients. Concrètement, cela signifie que les automobilistes paieront plus cher leur plein, car les distributeurs de carburants ajusteront leurs prix pour compenser.

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Le mécanisme est simple : les énergéticiens, tel que le groupe TotalEnergies, financent les CEE, mais pour préserver leurs marges que l’on peut qualifier de colossales, ils augmenteront néanmoins le prix de ce qu’ils vendent. Dans le cas des carburants, cette répercussion devrait se traduire par une hausse estimée entre 4 et 6 centimes par litre en 2026, selon Olivier Gantois, président de l’Ufip Énergies et Mobilités. Une prévision qui reste incertaine, car le marché des carburants est libre, contrairement à celui du gaz ou de l’électricité. Mais dans un contexte où le baril de brut repart à la hausse, les conséquences sont déjà visibles : le gazole dépasse désormais les 1,70 €/litre en moyenne en France.

Le ministre des Finances, Roland Lescure, a confirmé le 26 novembre l’augmentation du coup de pouce électrique, une mesure qui vise à accélérer la transition vers l’électrique. Pourtant, cette politique accentue la fracture : les automobilistes qui roulent encore en thermique financent, via la hausse des prix à la pompe, les aides destinées aux acheteurs de voitures électriques.

Et ce n’est qu’un début. Car au-delà des CEE, la France devra composer avec le nouveau système européen de quotas carbone, l’ETS2, qui entrera en vigueur en 2027. Ce mécanisme, appliqué aux carburants routiers, pourrait provoquer une flambée bien plus importante. Certains analystes évoquent déjà une hausse d’une vingtaine de centimes par litre à moyen terme, une fois cumulés les effets des CEE et de l’ETS2.

La fin de la décennie s’annonce donc particulièrement difficile pour les automobilistes. Même les carburants alternatifs comme le bioéthanol E85, longtemps épargnés par la fiscalité, ne sont plus à l’abri. Si l’E85 a échappé récemment à une défiscalisation partielle, rien ne garantit que cette protection sera maintenue dans les prochaines lois de finances. Plus l’État sera en difficulté budgétaire, plus il cherchera à resserrer l’étau sur ces carburants.

Enfin, malgré des profits records pour les grandes sociétés d’énergie, ce sont les automobilistes qui paieront la transition énergétique. Les CEE, censés encourager les économies d’énergie, deviennent un levier de hausse des prix à la pompe. Et avec l’arrivée de l’ETS2, la facture risque de s’alourdir encore davantage. Pour les conducteurs de véhicules thermiques, l’avenir s’annonce comme une succession de hausses inévitables, où chaque plein sera un rappel du coût de la transition énergétique.

La rédaction

Photos : LesVoitures.com

Frédéric Martin

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