Les routes de France sont connues pour être parmi les plus belles d’Europe et du monde. L’Hexagone recèle ainsi de paysages aussi variés qu’extraordinaires mais, c’est à plus de 7 000 km de Paris que nous vous proposons de partir pour un road trip synonyme d’aventure, tout en restant chez nous. La Guyane et sa forêt amazonienne nous attendaient pour mettre à l’épreuve les Peugeot 2008, Ford Puma et Volkswagen T-Roc, de la frontière du Brésil jusqu’à Kourou, en passant par Cayenne, via des pistes et même en “surfant” sur l’eau… Alors quand Etienne Bruet (M6 Turbo) nous a passé un coup de fil pour nous convier à ce road trip, notre sac de voyage n’a pas mis longtemps à se remplir, comme celui de notre amie, Clémence de Bernis (Les Enjoliveuses).
La Guyane est ainsi le plus grand département français en termes de superficie avec 83 846 km². A l’opposé, ce territoire d’outre-Mer, le seul de l’Union Européenne de l’Amérique du Sud, est très peu peuplé car, la forêt amazonienne y est omniprésente, à hauteur de 97%. Alors, nos trois “compagnons de voyage” ont-ils relevé le défi de notre road trip, loin, très loin des villes où ils ont l’habitude d’évoluer ? Avant de répondre à cette question, rappelons qu’ il y a quatre ans, les Peugeot 2008, Nissan Qashqai et Seat Ateca avaient tenté, avec succès, le même type de périple (à découvrir ou redécouvrir en cliquant sur : “Les routes de l’impossible” d’Afrique du Sud).
“Oyapock”, ce nom ne doit pas vous êtes familier mais sachez qu’il est à moitié français car, il désigne le pont et le fleuve qui forment, à eux deux, la frontière entre le Brésil et la Guyane. Hauts de 83 m, les deux pylônes à double mat “écrasent” nos SUV, telles des portes créées par la main de l’homme qui transpercent le ciel, à l’image des cimes de la canopée amazonienne.
Avant de nous lancer en plein coeur de la Guyane, présentons nos trois voitures, Clémence ayant choisi le Ford Puma, nous, le Volkswagen T-Roc avec “votre serviteur” moi-même Frédéric Lagadec et, Etienne n’a pas eu d’autre choix que de conduire le nouveau Peugeot 2008.
Le Peugeot 2008 dispose de la finition GT et d’un 3-cylindres essence 1.2 l PureTech de 155 ch/ 240 Nm (boîte EAT8). Pour la petite histoire, c’est ce modèle précis, à la plaque d’immatriculation près, que nous avons conduit dans le sud de la France dans le cadre de l’essai de cette nouveauté Peugeot (à lire ici). Le Ford Puma, à la finition ST Line X, est plus récent, ce SUV très compact est motorisé par un 3-cylindres essence (boîte manuelle) encore plus petit (1.0 l EcoBoost) qui est associé à un sytème de type mild hybrid (mHEV). Le “petit nouveau” affiche ainsi des chiffres identiques à ceux du 2008 : 155 ch/240 Nm. Quant au Volkswagen T-Roc, il peut être considéré comme “l’aîné de la bande” car, il a été lancé sur le marché à la rentrée 2017. Mû par un 4-cylindres 1.5l TSI (boîte DSG7), notre SUV allemand propose 150 ch/250 Nm, sa finition étant celle d’entrée de gamme : Lounge.
Nous y voilà ! Après quelques kilomètres parcourus depuis l’Oyapok en passant par Saint-Georges, nous plongeons littéralement dans un univers qui nous est presque inconnu et les Dieux de la pluie participent à créer une atmosphère plutôt hostile. Sur ce nouveau terrain de jeu très humide, les 2008, Puma et T-Roc ont rapidement montré leurs capacités à passer partout même dans des conditions délicates.
Certes, cela glisse un tantinet de l’arrière mais à aucun moment nous nous sommes sentis en difficulté. Nos pneus neufs, les aides électroniques et les trains roulants des 2008, Puma et T-Roc travaillent en parfaite harmonie pour générer une sécurité de conduite de tous les instants. Pondérons nos propos en précisant que cette première piste qui longe le fleuve Oyapock est assez large et facile à appréhender, mis à part les quelques trous et autres petits ponts. Le danger vient plutôt de l’extérieur comme le serpent qui a décidé de traverser devant nous ou, cet arbre qui n’a pas résisté aux violentes chutes d’eau. Un simple coup de tronçonneuse et c’est reparti vers…
De la structure verticale du pont Oyapock à un spectacle aquatique horizontal mais, non moins grandiose, notre première escapade en forêt amazonienne nous offre un final encore plus dépaysant, dans une enclave rocheuse dont les bords flirtent avec le fleuve. En face, le Brésil… Ce décor laisse peu de place à l’homme. Sur l’Oypaock, il faut être prudent pour naviguer en pirogue. Ici, le terme “mobilité” prend un tout autre sens, celui de l’humilité face à la grandeur de la nature. En effet, Les rapides formés par le seuil des marées du fleuve sont particulièrement dangereux. Après 22 km de piste, les trois SUV n’ont pas franchi l’ultime obstacle du sentier Saut Maripa. Trop glissants, trop pentus, les tout derniers mètres de notre parcours sont effectués à pied. Seul un bon vieux 4×4 pourrait aller se “rafraîchir ses gommes dans l’eau”.
De retour sur la route, la RN2, l’une des deux nationales de la Guyane, c’est l’occasion d’évoquer les qualités routières des trois SUV. Le Peugeot 2008, nous le connaissons donc déjà; il joue la carte d’un dynamisme confortable s’il fallait le définir en deux mots. Précisons que le 1.2 l PureTech de 155 chevaux est le plus puissant du catalogue du SUV. Parfaitement épaulé par la boîte de vitesses automatique EAT8, ce petit bloc fait preuve d’une bonne aisance. En revanche, comme nous l’avons constaté lors de notre essai dans le sud de la France, le petit moteur se fait trop entendre lorsqu’il monte dans les tours.
Concernant, le Ford Puma, c’est la première fois que nous avons l’occasion de passer derrière son volant. Rigoureux, ferme en matière de suspension, ce SUV révèle un aspect plutôt sportif très plaisant en enfilant les courbes avec beaucoup de précision. L’étonnant 1.0 l EcoBoost fait clairement le boulot grâce à son hybridation légère (alterno-démarreur de 11,5 kW et batterie 48V). Pour opposer le Puma au 2008, les deux SUV souffrent du même mal d’insonorisation. Quand on écrase la pédale de droite, les 3-cylindres se font entendre. Ce que l’on aime sur le Puma, c’est jouer avec sa boîte de vitesses manuelle (6 rapports) mais, qu’en sera-t-il en ville ?
Aux commandes du Volkswagen T-Roc, l’allonge de son 4-cylindres offre un agrément de conduite intéressant sachant qu’à haut régime, il ne souffre pas comme ces deux camarades de road trip surtout que la boîte à double embrayage DSG7, très réactive, apporte également de la souplesse au SUV compact teuton. Celui qui pourrait souffrir de ces deux ans d’ancienneté face aux 2008 et Puma peut être clairement considéré comme une voiture routière sachant que le T-Roc est un peu moins dynamique que le Peugeot 2008 mais, plus confortable.
Cayenne en vue… La capitale de la Guyane française et ses bâtiments qui portent des “couleurs passées”, comprendre le passé colonial du pays, nous accueillent avec une effervescence que nous ressentons à chaque intersection. Dans cette “jungle urbaine”, le temps est venu de faire passer un test en ville à nos trois SUV.
Le Peugeot 2008, la plus longue de nos trois voitures avec 4,30 m, se manie plutôt facilement grâce l’EAT8. En ville, c’est le principal atout du Peugeot sachant que, comme tous les véhicules hauts perchés, la position de conduite est idéale pour affronter les pièges de la ville. On profite également d’un espace important aux coudes pour utiliser le volant, ce qui n’est pas le cas pour le Puma.
Ce dernier est, en effet, le plus compact des trois SUV avec 4,186 m de long. Le Ford Puma peut donc être considéré d’avantage comme un SUV dit urbain. Ce gabarit est un véritable gage d’aisance en centre ville, c’est l’atout N°1 du Puma ! Son atout N°2, c’est bien sa micro-hybridation qui apporte des reprises immédiates, ceci avec une consommation de carburant record ! Pour répondre à la question précédemment posée au sujet de la boîte manuelle du Puma, c’est, en revanche un petit handicap en ville. Rassurez-vous, une boîte de de vitesses automatique DCT7 à double embrayage vient de faire son apparition au catalogue du Puma mais, uniquement sur la version EcoBoost Hybrid de 125 ch. L’autre aspect à prendre en compte pour le Puma en ville, ce sont ces trains roulants rigides qui pourraient déplaire à certains.
Venons-en au Volkswagen T-Roc dans les rues de Cayenne. Long de 4,234 m, le SUV d’outre-Rhin propose un espace de vie automobile grandiose qui profite à nos mouvements. On se sent ainsi plus à notre aise dans le T-Roc que dans les deux autres SUV. Hyper-maniable et aidé par la DSG7, le T-Roc se joue de tout. En cas de danger, son dispositif “Front Assist” enclenche automatiquement les freins, ce qui “sauvera” les plus étourdis lorsqu’un obstacle (piéton, cycliste, etc..) se présentera devant eux. Non sans humour, pour revenir sur notre première expérience en jungle amazonienne, à noter que le système “Front Assist” ne détecte pas les serpents !
Pour trouver un point faible au T-Roc, c’est logiquement son “gros” 4-cylindres qui “boit” plus de rhum, pardon d’essence ! Au terme de notre test urbain, nous resterons bloqués dans Cayenne pour profiter du carnaval. Enfin, nous en profitons avec Clémence pendant qu’Etienne participe au jury !
A Cayenne, une autre pause s’impose pour présenter rapidement le style de nos trois SUV. Nous allons faire donc court car, vous les connaissez déjà. Alors que le Peugeot 2008 génère un rendu hyper-moderne, graphique et robuste, le Ford Puma lui oppose une plus grande sportivité visuelle et, sans manquer de volumes. Notre T-Roc ressort alors de notre “photo de vacances” comme le plus sage mais, il ne manque pas de charme avec, comme le Puma, un rendu compact et dynamique auquel participe une chute de toit prononcée. Pour résumer, le design du 2008 est le plus tendance du moment sur le segment des SUV compact, celui du Puma est plutôt très attractif et fait surtout (enfin) oublier le Ford EcoSport. Quant au T-Roc, sa force est de plaire à une clientèle plus large tout en pouvant se vanter d’attributs esthétiques qui sauront séduire les plus jeunes.
Notre road trip reprend en direction de Saint-Jean-du-Maroni en passant par la piste Paul Isnard, connue pour être empruntée par les orpailleurs mais, nous ne sommes pas là pour chercher de l’or même si la mine de la Montagne d’or n’est pas loin. Dès les premiers kilomètres effectués sur cette piste à la terre rouge, la latérite typique des climats tropicaux, on se sent comme avalés par l’immensité de la forêt. La végétation est, en effet, beaucoup plus dense et la largeur de la piste se rétrécit de kilomètre en kilomètre. Les pièges se font également plus nombreux, la concentration est de mise au volant des Peugeot 2008, Ford Puma et Volkswagen T-Roc dont les couleurs de carrosserie se confondent avec la latérite.
Le danger est donc partout et l’ambiance sonore est très peu rassurante. Nous, les urbains, nous ne sommes pas habitués à entendre des bruits étranges d’animaux sauvages sauf, peut-être, confortablement installés devant la chaîne de télévision National Geographic. Pour l’anecdote, ni Etienne, ni Clémence, n’a osé faire plus de 30 cm à pied en-dehors de la piste, c’est sincèrement, excusez-nous l’expression, flippant !
Tout en haut de la piste, des ornières nous attendaient. Tel un juge de paix, nos trois baroudeurs à quatre roues n’ont pas flanché face à cette obstacle. Le Peugeot 2008 passe assez facilement grâce à sa garde au sol de 16,5 cm. Le Ford Puma rencontre plus de difficulté à cause d’une garde au sol plus faible (14 cm). Solide comme un roc, le T-Roc peut compter sur 16,1 cm et des portes-à-faux courts pour passer presque partout. Pour Etienne, Clémence et moi-même, il a néanmoins fallu faire preuve de prudence et de dextérité mais, avouons qu’il y a 10 ans, aucun SUV ne serait passé facilement sur les ornières, pourquoi ?
Les systèmes d’antipatinage et de stabilité (ESC) ont aujourd’hui largement progressé, les montes pneumatiques aussi et nos SUV disposent d’aides électroniques complémentaires. Le Peugeot 2008, selon les modèles, peut être équipé, en option, du système Grip Control (antipatinage optimisé avec trois modes : “Neige”, “Sable” et “Boue”). Le Ford Puma ne manque de rien avec 5 modes intelligents de série : “Normal”, “Eco”, “Spor”t, “Faible adhérence” et “Trail”. Pour le Volkswagen T-Roc, sachez que c’est le seul de nos trois SUV à être proposé avec la transmission intégrale, ce qui n’est pas le cas sur le T-Roc de notre road trip. Sur les T-Roc essence (190 ch) et diesel (150 ch et 190 ch), la transmission intégrale 4Motion peut même intégrée 4 modes d’optimisation : “Neige”, “Offroad”, “Offroad Individuel” et “Onroad”.
Repartis sur la piste Paul Isnard, nous devons faire demi-tour, la priorité de la Gendarmerie nationale et de la Légion Etrangère étant de sécuriser la zone contre le trafic illégal d’or. A Saint-Laurent-du-Maroni, pour rejoindre Saint-Jean, nous décidons de passer par le fleuve Maroni, sur des pirogues !
Nos images parlent d’elles-mêmes et elles vont peut-être donner des idées à notre “chère” Anne Hidalgo ! La Pirogue, c’est hyper-écologique et fun. Comme l’Oypaock pour le Brésil, le Maroni est une autre frontière naturelle, cette fois avec le Surinam.
Une fois à bon port, prenons le temps de présenter, dans les grandes lignes, les habitacles de nos trois SUV. Le Peugeot 2008 et son environnement i-Cockpit 3D met tout le monde d’accord ou presque. C’est hyper high-tech, très bien fini mais cela manque juste un peu d’ergonomie sachant que l’espace intérieur est largement suffisant (volume du coffre : 434 l). Le Ford Puma surprend car, on notera une très intéressante montée en gamme à tous les niveaux que ce soit pour l’assemblage des différents éléments et le choix des matériaux. On se sent néanmoins plus à l’étroit dans le SUV américain, chose logique, c’est le plus compact. Mais, comme un “félin” qu’il est, le Puma est très malin car, son volume de chargement est supérieur à celui du 2008 et du T-Roc. 456 l de chargement sont disponibles sur le Puma avec, de surcroît, 80 l supplémentaires avec la Mégabox étanche, étanche aux bonbons de Clémence.
Au tour du Volkswagen T-Roc qui fait dans une habitabilité remarquable avec un effet grandiose obtenue grâce à une planche de bord d’une pièce. Tout tombe facilement sous la mains dans le SUV allemand et il y a beaucoup plus d’espace que dans les deux autres. Son coffre de 445 l est également plus accessible. Bref, c’est pragmatique et qualitatif pour notre T-Roc.
Avant de rejoindre Kourou, une troisième piste d’une distance assez courte nous a fait presque voyager loin de la Guyane, en Asie, en Tanzanie ? Le contraste de ce paysage est frappant car, plus aéré et composé d’une végétation nouvelle. Nous roulons en formation serrée, le sourire aux lèvres devant la beauté de cette nature.
En guise de carte postale finale, Kourou et son centre spatial guyanais inauguré en 1968. Le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), Arianespace et l’ESA (European Space Agency) y gèrent trois lanceurs : Ariane 5, bientôt Ariane 6, Soyouz (Russie) et Vega. Cette dernière fusée conçue par les Italiens, la plus petite des trois, étant destinée à envoyer sur orbite basse de petits satellites. C’est sur la zone de lancement d’Ariane 5 que nous concluons notre road trip devant ce que l’homme est capable de faire de plus sophistiqué en matière de mobilité, même si Ariane 5 n’envoie en aucun cas dans l’espace des êtres humains. On se sent alors tout petit, les pieds sur terre, c’est le moment choisi pour parler prix.
Le Peugeot 2008 s’offre à partir de 32 900 € en PureTech 155 EAT8 dans sa finition la plus haut de gamme GT, le premier prix du SUV au Lion étant de 21 500 € (PureTech 100 BVM6). Le Ford Puma est aussi agressif niveau prix que “ses griffes” avec 27 900 € pour le 1.0 EcoBoost 155 ch BVM6 finition ST-Line X. L’entrée de gamme du Puma s’offre pour seulement 22 900 € (1.0 EcoBoost 125 ch mHEV BVM6 finition Titanium). Enfin, le Volkswagen T-Roc 1.5 TSI DSG7 finition Lounge démarre à 29 810 € puis, “décolle” à plus de 36 400 € avec les options de notre SUV du road trip. Le premier prix du T-Roc est de 25 860 € (1.0 TSI BVM6 finition Lounge). A chacun son SUV donc car, les 2008, Puma et T-Roc présentent tous des philosophies finalement différentes sur un marché où les offres sont pléthore.
Pour conclure, nous espérons que ce reportage très complet et détaillé vous aura fait voyager. Dans quelques semaines, ne manquez pas le sujet M6 Turbo qui vous réserve des images incroyables. C’est l’occasion de remercier Etienne Bruet pour ce road trip lointain et aussi dépaysant que grandiose. Au volant des SUV, on peut vraiment se prendre pour des explorateurs ! Précisons que ce reportage a été réalisé avant la mise en place des mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie de Coronavirus.
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos et vidéo : LesVoitures.com (Thomas de Chessé) et Vincent Perret