Dans une interview croisée et exclusive, Le Figaro a réuni les patrons de Stellantis et de Renault Group, respectivement John Elkann et Luca de Meo. Face aux constructeurs chinois, qui ont des années d’avance dans le domaine des voitures électriques et surtout des coûts de fabrication plus faibles, sans oublier la crise déclenchée par Donald Trump avec la hausse des droits de douane, l’industrie automobile européenne est en souffrance. C’est pourquoi John Elkann et Luca de Meo exhortent l’Union européenne (UE) à simplifier les normes pour les petites voitures, dans le but de relancer les ventes.
Selon les chiffres récents publiés par l’ACEA (European Automobile Manufacturers’ Association), les ventes de voitures en Europe sont en baisse de 1,9 % sur le premier trimestre 2025. Rappelons aussi que le groupe automobile allemand Volkswagen, sa marque éponyme, ainsi qu’Audi et Porsche, ont lancé, en 2024, différents plans sociaux. Du côté de Renault Group dont le CEO est donc Luca de Meo, et de Stellantis, on n’en est pas là concernant la situation de l’industrie automobile européenne, mais selon John Elkann, le remplaçant provisoire de Carlos Tavares à la tête de Stellantis :
« Le sort de l’industrie automobile européenne se joue cette année. »
John Elkann rajoute, dans les colonnes de Le Figaro :
« A l’inverse, s’il y a une mobilisation autour d’un choix politique clair, si nous recréons un marché et des volumes, nous sommes l’un et l’autre convaincus que nous pourrons continuer à produire en Europe, y compris en Europe de l’Ouest. »
Concernant l’avenir du marché automobile européen et la crise qui pourrait se prolonger, John Elkann, en photo ci-dessus aux côtés de Carlos Tavares lors de l’annonce de la création de Stellantis (fusion entre FCA et PSA) en 2021, a précisé :
« Si la trajectoire ne change pas, nous devrons prendre dans les trois ans qui viennent des décisions douloureuses pour l’appareil de production. »
Les acheteurs européens de voitures sont friands de petits modèles économiques, destinés principalement à une utilisation urbaine. Cependant, ces mêmes petites voitures sont soumises aux mêmes normes de sécurité et autres réglementations drastiques des modèles plus grands, ces mêmes réglementations ayant été décidées par l’Union européenne (UE). Cette situation impacte le prix des modèles de petite taille. C’est pourquoi John Elkann et Luca de Meo demandent à l’UE de simplifier les règles liées aux voitures de petite taille, comme l’a exprimé cette fois Luca de Meo :
« Ce que nous demandons, c’est une réglementation différenciée pour les petites voitures. »
Pour le CEO de Renault Group et d’Ampere, il faudrait mettre en place trois choses :
« Un, la réglementation ne doit désormais porter que sur les nouveaux modèles, pas les anciens ; deux, faites-nous des règles par “paquets”, plutôt qu’une tous les mois ; et trois, il nous faut un guichet unique à la Commission. »
Ainsi, Luca de Meo réagit à une situation européenne bien connue concernant le marché automobile, comme il l’a expliqué à nos confrères de Le Figaro, en présentant deux domaines : celui lié aux constructeurs généralistes, comme Renault Group et Stellantis, et un autre, celui des marques haut de gamme :
« Celle de Stellantis et du groupe Renault, qui pèsent à eux deux 30 % du marché, et qui veulent produire et vendre des voitures populaires en Europe et pour l’Europe. Et celle des marques premium, pour lesquelles l’Europe compte, certes, mais dont la priorité est l’exportation. »
Enfin, rappelons qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a lancé en mars dernier un plan d’action pour aider l’industrie automobile européenne. Quelle sera alors la réponse de l’UE aux demandes formulées par John Elkann et Luca de Meo ? Affaire à suivre.
La rédaction
Photos : Renault Group et Stellantis
