Taxis : 25 juin 2015, une journée en enfer pour UberPop…

Le conflit qui oppose les taxis et les chauffeurs UberPop a pris une nouvelle dimension aujourd’hui avec d’importants incidents à Paris et dans toute la France. Voici, les principaux faits marquants de cette “journée en enfer” pour les automobilistes et UberPop…

“Concurrence sauvage”, voici comment les taxis nomment UberPop. Aujourd”hui, environ 3 000 chauffeurs de taxis ont participé à des actions parfois très violentes.  Paris a été la principale ville touchée dès les premières lueurs du jour. C’est à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle que les actions ont débuté dans le calme vers 6h30, Ainsi, les taxis ont tout d’abord bloqué la plupart des terminaux mais la situation a vite évolué dans le mauvais sens…

Aux alentours de 7h00, c’est le périphérique parisien qui a été le théâtre des premiers heurts avec le blocage de la porte Maillot. Les chauffeurs de taxis ont mis le feu à des pneus et des palettes. Les CRS ont chargé à plusieurs reprises face à des manifestants qui ont lancé des pierres et parpaings. Des véhicules UberPop ont été détruits dans une ambiance de guerre civile. Les usagers du périphérique, comme des parents qui accompagnaient leurs enfants à l’école, auraient quitté leurs voitures en urgence. Le ton est monté rapidement avec les automobilistes pris en otage par cette désolante situation. A Roissy durant la matinée, la tension a atteint son apogée avec la chasse des chauffeurs UberPop comme le montre la vidéo qui suit !

Le périphérique a été rouvert vers 8h00 mais avec de très forte perturbations. Les villes de Marseille et Toulouse ont aussi été touchées par différentes mobilisations et actions. A 9h30, les taxis parisiens ont de nouveau affronté les CRS en tentant de redescendre sur le “Périph”. Et à Nice (photo ci-dessous), des pneus ont été incendiés aux accès de l’aéroport. Metz et Bordeaux n’ont pas échappé aux revendications des taxis.

nice-aeroport-taxiPhoto : France Bleu Azur/Twitter

Les tristes événements de la matinée ont profité à Uber et aux autres sociétés de VTCs qui ont vu leurs demandes augmenter fortement. Le gouvernement a réagi seulement vers 12h00. Bernard Cazeneuve a rappelé la fermeté du gouvernement en donnant des instructions au préfet de police de Paris pour qu’un arrêté soit mis en place en urgence pour interdire UberPop.

Les réseaux sociaux se sont enflammés tout au long de la journée. L’exemple même, le plus médiatisé, est le twitt de Courtney Love dont la voiture a été attaquée par des chauffeurs de taxis.

Courtney-love-taxi-paris-twitter

Vers 15h00, les syndicats de taxis ont été invités à Matignon mais ils ont refusé de participer à une réunion sous prétexte que le Premier ministre, Manuel Valls, n’était pas présent pour cause de déplacement en Colombie. Tout juste après le Ministère de l’Intérieur a saisi la Justice contre UberPop qui, selon Cazeneuve, représente « un délit d’organisation d’activités illicites de transports de personnes. » Parallèlement à cette demande du gouvernement, l’arrêt préfectoral interdisant UberPop à Paris et ses départements proches (92,93, 94) est tombé. Les services Heetch et Djump n’ont pas été épargnés. Pour Uber, cet arrêt ne change rien d’après son directeur général, Thibaud Simphal. Rappelons un point très important, le fait qu’en octobre dernier, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Uber à 100 000 € d’amende pour avoir abusivement présenté UberPop comme un dispositif de covoiturage. UberPop a bien sûr fait appel et la suite de l’affaire sur le volet juridique aura lieu en octobre 2015 lors de la reprise des audiences. Juridiquement, UberPop pourrait continuer de fonctionner aujourd’hui. Le Conseil Constitutionnel doit également répondre à la question soumise par la direction d’Uber, à savoir que la loi Thévenoud porte atteinte, selon Uber, au principe d’égalité et de liberté d’entreprendre. Pour être tout à fait complet, le groupe américain a récemment déposé deux plaintes auprès de la Commission Européenne contre cette loi. Les procédures en cours et le flou juridique sont donc en faveur d’Uber pour le moment.

Finalement, plusieurs fédérations nationales se sont rendues à Matignon vers 17h00 malgré le boycott de l’intersyndicale des taxis. Au même moment la pétition en faveur d’UberPop en était déjà à plus de 69 000 signatures (à retrouver sur : UberPop). Puis Manuel Valls a condamné de Bogota « avec la plus grande sévérité » , les violences « inadmissibles »  commises par les taxis, pour reprendre ses propos. Le Premier ministre a profité de son allocution pour rappeler qu’UberPop était « clairement illégal » .

porte-maillot-taxiPhoto : Paristaxi95/Twitter

La situation s’est calmée en fin d’après-midi. Mais les taxis, après avoir gagné “une bataille” aujourd’hui, on immédiatement déplacé leurs revendications contre l’ensemble des sociétés de VTC. Au terme de ce triste jeudi, Cazeneuve a affirmé de nouveau son soutien aux taxis à la sortie de la réunion promettant deux nouvelles réunions dans les prochain jours avec les autorités afin de mettre en place des mesures contre UberPop (saisies des véhicules, contrôle fiscaux des conducteurs, etc…). Le ministre de l’Intérieur a indiqué quelques chiffres au sujet des faits de ce jour : 70 voitures dégradés, 7 policiers blessés et 10 interpellations !

Le gouvernement doit prendre rapidement ses responsabilités pour réformer, moderniser les lois et le système des taxis, l’économie française doit savoir vivre avec son temps. Le conflit Taxi/UberPop est à l’image de notre pays vieillissant sur le plan économique et de notre gouvernement incapable de gérer les crises… Les taxis lourdement critiqués depuis des années pour leurs incivilités sur la route, leurs accueils désastreux, et leurs prix indécents montrent une image triste de leur profession et de la France au monde entier. Personne ne peut cautionner les actes de violence de ce jour. Les taxis de la Marne sont bien loin, les taxis 2015 mènent une autre guerre et pas celle des usagers, des automobilistes et surtout pas “pour la France”…

La rédaction