Enfin, la mythique japonaise est de retour ! La Toyota Supra nourrit, depuis 1978, les rêves des passionnés de sportives. Après quatre générations, la Toyota GR Supra « atterrit » sur la planète auto avec de forts arguments. Une telle voiture mérite des conditions d’essai exceptionnelles. Ainsi, sur route, sur une base aérienne et sur le tracé des 24 Heures du Mans, nous avons pris les commandes de la Supra.
Disparue des radars depuis 2002, la Supra est apparue un an avant dans le film Fast and Furious sous les courbes de la MK IV. Avec la nouvelle Toyota GR Supra (GR pour Gazoo Racing), le constructeur connu pour son catalogue de véhicules hybrides et électriques, ne pouvait donc pas se louper. Le spécialiste des voitures propres a-t-il réussi, à l’opposé, à créer une sportive digne de ce nom ?
En mars dernier au salon de Genève, avouons que nous n’avons pas été séduits pas le style de la Supra 2019 mais, une fois posée sur le bitume de la base aérienne 279 de Châteaudun, la sportive japonaise génère une forte attractivité, à en oublier le Mirage IIIB 2 (photo ci-dessus) et le bombardier nucléaire Mirage IV (photo ci-dessous). Sachant que la nouvelle Supra est basée sur la BMW Z4, c’est l’occasion de rappeler que la marque à l’hélice est née de la construction de moteurs d’avions.
Longue de 4,379 m, large de 1,854 m et haute de 1,292 m, la Supra peut presque être comparée à un avion de chasse avec son long capot, sa face avant aiguisée et sa partie arrière imposante. Ajoutez à cela un important travail aérodynamique et vous obtiendrez une « copie » qui n’a plus rien à voir avec la BMW, tant mieux !
Le bouclier avant très travaillé, les jantes de 19″ et les appendices noirs qui soulignent la carrosserie de la Supra en font un « méchant » et désirable jouet. Quant à la partie arrière, elle ne fait pas dans la demi-mesure. On est loin, très loin de la Prius !
En Europe, le design de la Supra est loin de laisser indifférent. Sur ce coup, Toyota prend un certain risque mais, saluons cette initiative qui provoque immédiatement une envie irrésistible de passer derrière le volant.
L’habitacle de la Toyota Supra reprend une majorité des éléments de la BMW Z4. La planche de bord, l’intégration de l’écran tactile, l’instrumentation, le volant et les sièges étant différents de l’Allemande. L’intérieur de la Supra révèle ainsi de très bonnes finitions mais souffre d’un manque d’originalité et de fun. En matière de technologies embarquées et d’aides à la conduite, l’auto ne manque également de rien car elle profite des systèmes BMW. Toyota n’étant pas un constructeur premium, il le devient avec la Supra grâce à l’apport de l’expertise BMW mais, encore une fois, on aurait apprécié, des inserts décoratifs, des surpiqûres couleur carrosserie et, surtout, un volant beaucoup plus sportif. Il fallait bien intégrer l’électronique, commandes incluses, venue d’outre-Rhin.
Une fois assis derrière le volant, on oublie vite ces petits détails tant la position de conduite et l’assise des sièges sont parfaites. Le « bouton lift-off » est à portée de nos doigts… Place à nos impressions de conduite, pardon, à notre « envol ».
La Toyota Supra partage tout avec la BMW Z4 : son 6-cylindres en ligne turbo, son châssis, ses trains roulants, son système de freinage, etc… Les ingènieurs de chez Toyota ont alors travaillé sur les réglages de la direction et des suspensions (MacPherson à double articulation à l’avant – 5 bras à l’arrière). Trêve de caractéristiques, le premier exercice qui nous a été proposé nous a démontré la puissante générosité du bloc BMW qui est, sans nul doute, le meilleur 6-cylindres du moment. Alors pourquoi Toyota se serait embêté à développer son propre moteur, chose coûteuse, longue à concevoir et pour un résultat probablement inférieur à celui de BMW ? La démarche adoptée par le constructeur japonais est donc plus que judicieuse.
Launch Control enclenché, la Toyota GR Supra décolle à une allure impressionnante ! Après une manœuvre d’évitement à haute vitesse réalisée avec une facilité déconcertante, nous appuyons au plus fort sur la pédale de droite. On ressent alors une sensation d’accélération assez bluffante, à se demander s’il n’y a pas bien plus de 340 chevaux sous le capot. En effet, l’allonge, la générosité du 6-cylindres sont tellement impressionnantes que l’on se sent plus dans une sportive d’environ 400 chevaux ! En mode « Sport », la boîte de vitesses automatique enchaîne les rapports avec rapidité et sans aucun à-coup.
A l’approche du pic de la puissance (entre 5 000 et 6 500 tr/min), le moteur ne cesse d’envoyer les chevaux jusqu’à la zone rouge ! Le volant bien en main car, une piste d’envol, c’est bosselé, on atteint alors 257 km/h au compteur ! Bridée à 250 km/h, la Toyota Supra a été prise précisément à 243 km/h au radar du gendarme présent, en observateur, sur la base militaire. Au moment de freiner, hélas, le ressenti est beaucoup moins positif. Nous reviendrons sur ce dernier point.
Sur route, en direction du circuit du Mans, la Toyota Supra a provoqué autant de sensations, si ce n’est plus, que sur la piste de la base aérienne 279 de Châteaudun « Lieutenant Marcel Beau ». Cette fois, c’est un autre chiffre, celui du couple (500 Nm entre 1 600 et 4 500 tr/min) qui propulse, dans tous les sens du terme, la sportive avec une force exceptionnelle. Les trains roulants jouent alors une partition parfaite pour offrir un tempérament joueur juste comme il faut. Cela bouge alors un tantinet à l’arrière avec une force d’attraction sécurisante, ceci notamment grâce aux Michelin Pilot Super Sport et, l’adoption d’un différentiel actif. On a alors déjà hâte « d’attaquer » un autre virage. A cet instant, on repense alors au coup de frein de la piste aérienne; on anticipe alors les choses. Le train avant se place précisément où l’on veut puis la Toyata Supra tient la courbe avec facilité.
Sans être des plus directs, la direction offre une bonne précision alors que les suspensions manquent quelque peu de fermeté mais, encore une fois, la Supra fait des merveilles sachant que sa répartition des masses avant/arrière de 50/50 assure un comportement très sain. Son poids élevé de 1 495 kilos (à vide en ordre de marche) n’est en aucun cas un handicap. Le plaisir ressenti est alors intense surtout que le 6-cylindres se fait entendre. Il devient alors impossible de résister à l’envie de jouer avec les palettes au volant !
Comme vous l’aurez compris, la Supra 2019 a été pensée pour un maximum de sportivité mais aussi pour garantir un confort au quotidien. A allure modérée, on projette le regard loin, au-delà de ce capot sans fin, pour profiter d’un coupé au sens noble du terme.
Avant d’évoquer notre tour du circuit des 24 Heures du Mans, présentons les performances et les autres chiffres de la Toyota GR Supra : 0 à 100 km/h en 4,3 s – vitesse maximale : 250 km/h – 170 g/km de CO2 émis – 7,5 l/100 km de consommation (en cycle mixte). Les deux dernières données étant anecdotiques si on jette son dévolu sur la Supra 2019.
C’est parti sur le circuit du Mans, la Toyota GR Supra est tout aussi redoutable en piste même si elle n’a pas été développée dans ce seul but. La vidéo qui suit en est la preuve. Nous avons choisi, en toute transparence, de vous laisser entendre nos commentaires. Alors, on en vient au système de freinage de la Supra. Hélas, c’est son seul défaut du fait qu’il manque de contenu et de mordant (Brembo à 4 pistons à l’avant 348 mm x 36 mm et étrier flottant à l’arrière à simple piston 345 mm x 24 mm).
En conclusion, la Toyota GR Supra nous a clairement conquis grâce à son look sophistiqué, son caractère moteur unique sur le marché des coupés sportifs et son dynamisme sain et joueur. Le succès de cette 5ème génération est d’ailleurs déjà acquis puisqu’il faut se battre pour un acquérir une. Seulement 900 exemplaires seront assemblés à terme en 2019 dont les 50 destinés à la France ont tous trouvé preneur, comme les 150 programmés en 2020. Facturée à partir de 65 900 € (67 900 € en finition premium), la Toyota GR Supra est donc une voiture qui provoque un plaisir aussi rare que sa disponibilité. Voyons cet aspect de manière positive car, la patience des acheteurs sera récompensée. On n’acquiert pas une légende aussi facilement que cela…
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : LesVoitures.com