C’est un sujet que nous abordons régulièrement dans nos colonnes, à savoir les matières premières nécessaires pour produire suffisamment de batteries électriques. Alors que l’UE a récemment entériné l’interdiction des ventes de voitures neuves thermiques et hybrides à partir de 2035, la Cour des comptes européenne “tire la sonnette d’alarme”. En effet, l’Europe va tout droit vers une pénurie de matières premières, selon le rapport “La politique industrielle de l’UE en matière de batteries – Un nouvel élan stratégique est nécessaire” publié le 19 juin dernier.
En septembre 2022, sur BFMTV, Jean-Marc Jancovici, président de The Shift Project et créateur du “Bilan Carbone” à déclaré, au sujet de la voiture électrique : « On ne va pas y arriver. » Ainsi, l’ingénieur français, diplômé de l’Ecole polytechnique, a mis en avant le manque de matières premières concernant la production de batteries électriques. Cette fois, c’est donc la Cour des comptes européenne qui annonce : « A brève échéance, la production européenne de batteries sera confrontée à une pénurie mondiale de matières premières essentielles. »
L’Europe n’est, en effet, pas autosuffisante en termes de matières premières, ces dernières étant, bien sûr, au coeur l’industrie automobile liée à la voiture électrique. Malgré le fait que l’UE, comme le veut l’expression, “met le paquet” sur le développement de gigafactories, l’Europe est “soumise” aux différents contextes internationaux économiques et géopolitiques, comme le rappelle l’étude menée par Cour des comptes européenne : « La capacité de production de cellules de batteries lithium-ion se développe rapidement au sein de l’EU-27 et pourrait passer de 44 gigawattheures en 2020 à environ 1 200 d’ici à 2030. Toutefois, le déploiement effectif de ces capacités n’est pas assuré et pourrait être compromis par des facteurs géopolitiques et économiques. » Ci-dessous en tableau, les différentes sources d’approvisionnement, pour l’Europe, de matières premières pour produire des batteries électriques.
Annemie Turtelboom, Membre de la Cour des comptes européenne, en charge de l’audit mené au sujet des batteries électriques, nous en dit plus :
« En prévoyant d’interdire les voitures neuves à essence ou diesel d’ici à 2035, l’Union Européenne mise gros sur les batteries. Mais elle n’a pas toutes les cartes en main : l’accès aux matières premières, l’attrait pour les investisseurs et les coûts à supporter pourraient lui faire perdre son pari. »
Pour celles et ceux d’entre vous qui s’intéressent à l’avenir de la voiture électrique, l’étude “La politique industrielle de l’UE en matière de batteries – Un nouvel élan stratégique est nécessaire” est à télécharger gratuitement (71 pages – format pdf), ceci en cliquant sur l’image située ci-dessous.
Enfin, la voiture électrique est-elle, déjà, dans la tourmente en Europe ? Affaire à suivre… L’UE a prévu une clause de revoyure en 2026, concernant la décision prise pour 2035. Rappelons que, notamment, grâce à l’Allemagne, les eFuels pourront être utilisés, après 2035, pour continuer à vendre des voitures thermiques, plutôt haut de gamme au vue des coûts de production de ces mêmes eFuels.
Texte : Frédéric Lagadec
Photos : Skoda et LesVoitures.com