À partir du 3 novembre, trois voitures-radars privées sillonnent les routes des Alpes-Maritimes. Ces véhicules banalisés, confiés à des opérateurs privés mais placés sous le contrôle de l’État, circuleront jour et nuit sur 44 itinéraires jugés accidentogènes, avec pour mission de sanctionner les excès de vitesse en toute discrétion.
Les Alpes-Maritimes rejoignent la longue liste des départements déjà concernés par ces voitures-radars privées, ou externalisées. En France, près de 400 véhicules de ce type circulent désormais, dont environ 250 confiés à des sociétés privées et 150 encore conduits par les forces de l’ordre. Chaque jour, une centaine de ces voitures patrouillent simultanément sur les routes, à l’exception de l’Île-de-France et de la Corse, où le dispositif « DEXTER (Dispositif EXTERnalisé) », n’est pas encore déployé.
| Sécurité routière : déploiement des voitures-radar dans les Alpes-Maritimes |
Pour réduire les risques d’accidents et lutter contre les comportements dangereux au volant, 3 voitures-radar conduites par un opérateur privé seront déployées dans les Alpes-Maritimes à compter du… pic.twitter.com/SkyMhZXiVK
— Préfet des Alpes-Maritimes (@prefet06) October 31, 2025
L’objectif affiché est clair : lutter contre la vitesse excessive, responsable d’environ 30 % des accidents mortels. Mais derrière cette volonté de renforcer la sécurité routière, se cache aussi un enjeu budgétaire. En effet, entre 2023 et 2024, l’État a perdu 76 M€ liés aux radars automatiques, en raison d’une vague de dégradations massives (incendies, bâchages, sciages) qui a rendu de nombreux appareils inopérants. Les recettes sont ainsi passées de 965 à 889 M€ en un an. Dans ce contexte, le déploiement des voitures-radars privées apparaît comme une réponse pour compenser ce manque à gagner et maintenir la pression sur les automobilistes.
Si ces voitures-radars privées traquent efficacement les excès de vitesse, elles laissent de côté d’autres comportements autrement plus dangereux. Un conducteur sous l’emprise de drogue ou d’alcool, pourtant bien plus menaçant pour la sécurité publique, ne sera jamais détecté par ces dispositifs. Les critiques dénoncent une logique purement punitive et financière, qui cible la vitesse parce qu’elle est facile à contrôler automatiquement, mais ignore les causes profondes des drames routiers.
De nombreux observateurs estiment que la France devrait investir dans une véritable police de la route, capable de multiplier les contrôles d’alcoolémie et de dépistage de stupéfiants, plutôt que de déléguer à des sociétés privées la mission de flasher des automobilistes parfois à quelques km/h au-dessus de la limite.
Enfin, pour les autorités, ces voitures-radars privées sont un outil moderne et efficace pour sauver des vies. Pour leurs détracteurs, elles incarnent une dérive : celle d’une sécurité routière transformée en machine à cash, qui ne s’attaque pas aux vrais dangers. Une chose est sûre : à partir du lundi 3 novembre, les conducteurs des Alpes-Maritimes devront redoubler de vigilance, car ça va flasher, mais personne ne le verra.
La rédaction

