Lorsqu’un constructeur comme Infiniti prend en charge ses apprentis ingénieurs pour les accompagner au sommet du monde de l’automobile, les choses ne sont pas faites à moitié. C’est ainsi que l’IEA (Infiniti Engineering Academy) a mis en place un concours pour les ingénieurs de demain afin de les propulser dans les hautes sphères du Sport Automobile et notamment chez Renault Sport Formula One Team.
Ce partenariat découle de l’Alliance Renault-Nissan et par conséquent de la marque premium Infiniti. Les 24 Heures du Mans 2016 ont représentées une belle opportunité pour intégrer l’un des ingénieurs présents sur le programme de Formule 1 2016 chez Renault au sein de l’équipe Algarve Pro Racing (LM P2). L’heureux vainqueur de l’opération de l’IEA se nomme Daniel Sanham (en photo ci-dessous), élève à l’université de Nottingham, intégré au programme de l’IEA depuis 2015.
L’équipe portugaise concourait avec une Ligier JS P2, la #25, motorisée par Nissan. Elle a donc profité des compétences de ce nouveau venu des essais libres à l’arrivée de la 84ème édition des 24 Heures du Mans. Cependant, il est important de noter que le saut dans le grand bain a été de mise pour l’ensemble de cette équipe engagée en ELMS (European Le Mans Series) car c’était leur première venue au Mans.
Revenons plus précisément sur cette aventure des 24 Heures du Mans 2016 pour ce jeune en phase d’apprentissage, mais tout de même capable de faire part d’une expérience non négligeable. Nous avons ainsi eu l’occasion de poser quelques questions au principal intéressé quelques heures avant le départ de la course. Jan Cantryn (Global Motorsport Technical Manager) a également participé a l’interview.
– Pouvez-vous nous expliquer votre positionnement vis-à-vis de Nissan, motoriste quasiment exclusif en LM P2, et Renault aujourd’hui présent en F1 comme constructeur ?
« Infiniti, en tant que marque premium de Nissan, et donc de l’Alliance, a créé au Mans le lien, en tant que partenaire technique de Renault en Formule 1, entre les entités qui sont présentes au sein de l’équipe Algarve Pro Racing. Vous aviez au Mans un pilote Renault, Andrea, un pilote Nissan, Chris Hoy, un ingénieur Infiniti et une voiture LM P2 motorisée par une mécanique Nissan. Plus généralement, Infiniti utilise la banque de capacités, de pièces de toute l’Alliance, que cela soit Nissan Daimler ou Renault. Traduire cela en Sport Auto, comme lors des 24 Heures du Mans, nous offre la possibilité de promouvoir ces deux grandes marques que sont Renault et Nissan et nous permet de montrer qui nous sommes par rapport à eux. »
– Quels ont été les principaux apports de la section Motorsport d’Infiniti auprès de la structure Algarve Pro Racing ?
« Nous avons emmené Dan qui est un ingénieur étudiant qui fait partie notre académie IEA, un programme où l’on sélectionne des étudiants de sept continents que l’on place ensuite six mois au Centre de Haute Technologie de Nissan et six mois chez Renault dans la partie châssis. Nous avons sélectionné Dan l’année dernière, qui est le gagnant de la compétition européenne, expert en électronique et nous l’avons mis à disposition de l’équipe Algarve Pro Racing pour qu’il la soutienne. »
– Sachant que la catégorie LM P2 a été la plus disputée au Mans avec 23 voitures en piste, aviez-vous fixé un objectif ?
« Compte tenu du fait que cette équipe a vécu sa première participation au Mans avec le soutien de pilotes qui ont déjà une ou deux participations à leur actif, le premier objectif était de finir la course et c’était déjà un sacré challenge. »
– Comment votre expérience en Formule 1 s’est-elle adaptée à une course longue de 24 Heures ?
« Grâce à l’académie et à son expérience Renault F1, Dan a pu intégrer l’équipe très rapidement. Il a des connaissances techniques qui ont été décuplées chez Renault, les systèmes sont similaires à ceux qu’il y a chez Renault, surtout en télémétrie. L’académie lui a apporté cette faculté à comprendre instantanément les systèmes et donc lui permettre d’interagir avec les membres de l’équipe en comprenant immédiatement qui fait quoi et en ayant la confiance de pouvoir proposer des idées. Plutôt que d’arriver comme un étudiant stagiaire classique qui aurait été là les mains dans les poches à se demander quoi faire, il a tout de suite pu être productif. Donc même si les systèmes sont similaires, la course est plus longue donc l’exercice n’est pas le même, par contre l’interaction et la manière de travailler restent du Sport Auto. Ces compétences obtenues à l’académie font de Dan un Top Engineer, et il n’y a pas mieux que la Formule 1 pour être entraîné à fond. »
– Cette nouvelle collaboration laisse-t-elle envisager une future présence d’Infiniti en tant qu’écurie, comme Alpine en LM P2 ?
« Comme nous sommes déjà en Formule 1, le prototype est le domaine de Nissan en LM P2 avec plus de 95% du plateau motorisé par ce constructeur. On ne va pas marcher sur leurs plates-bandes, mais pourquoi pas… Il y a d’autres catégories et nous avons des produits très adaptés pour d’autres championnats et d’autres équipes privées. »
A l’issue de cet entretien avec ces deux protagonistes du programme de l’IEA, nous pouvons assimiler la capacité et la qualité du travail accomplis autour de ce projet au Mans. Car effectivement la LM P2 du Algarve Pro Racing a vu la ligne d’arrivée après les 24 heures de course et de belle manière à la 12ème place en LM P2 et à la 17ème place au classement général. Un galop d’essai pour l’ensemble de cet effectif qui à coup sûr reviendra défendre ses couleurs dans la Sarthe en compagnie de nouveaux talents issus de l’académie mise en place par Infiniti.
La rédaction
Photos : LesVoitures.com – Jordan Bonnin
