Il était attendu avec beaucoup d’impatience. Alors que Renault et Peugeot surfent depuis 2013 sur la vague des SUVs compacts avec le Captur et le 2008, l’autre marque française généraliste s’est d’abord concentrée sur la citadine C3 avant de dévoiler en mars dernier, à Genève, le C-Aircross Concept. Une saison plus tard, le C3 Aircross de série était né cultivant une originalité chère à Citroën. Le voici à l’essai sur l’Île de Beauté.
Ces derniers mois ont été marqués par une déferlante de nouveaux SUVs compacts dits urbains. Il y en a presque pour tous les goûts en matière de style. « Presque » car il faut avouer que les codes visuels qui « régissent » ce segment font qu’une certaine conformité s’est installée. Même si on les retrouve sur le C3 Aircross, ce dernier soigne son design décalé à l’instar de la petite C3.
Le look du C3 Aircross en impose. Malgré une longueur réduite de 4,15 m qui lui permettra de se faufiler dans la jungle urbaine, ce SUV atteint le paroxysme d’un code esthétique repris en long, en large et, en travers par l’ensemble des constructeurs automobiles, à savoir la robustesse. Sur le C3 Aircross, elle se développe notamment sur une partie avant composée d’un imposant bouclier et d’une calandre à deux étages.
En haut, les chevrons s’étirent en finesse jusqu’aux feux diurnes à LED. Le contraste avec les gros phares caractérise la forte personnalité du C3 Aircross. Quant au sabot de protection à l’utilité purement visuelle, il épouse, avec une verticalité unique en son genre, les contours du pare-chocs. Ce dernier ne faisant qu’un avec les passages de roues.
De profil, celui qui est basé sur la plateforme PF1 du groupe PSA commune aux Peugeot 208, 2008, Citroën C3 et C4, révèle une garde haut sol rehaussée qui atteint 17,5 cm mais surtout un « physique » travaillé pour accueillir une famille dans un maximum d’espace, comme vous allez pouvoir le constater lors de cet essai. Certes, les formes des grandes portes sont basiques mais le toit biton blanc, les custodes décorées et les inserts argent du Pack Color Silver accompagnent la très jolie teinte Breathing Blue pour casser leur monotonie. Ce dernier terme est inconnu du « vocabulaire touristique Corse ». A la vue des paysages fantastiques que nous avons traversés, cette couleur très douce se fond naturellement dans les décors extraordinaires de l’île de beauté.
L’arrière du C3 Aircross ne manque pas de caractère à l’image du gabarit bodybuildé de l’auto. Comme pour les 4 portes, son hayon a été pensé pour permettre un maximum d’accessibilité au coffre.
Avant de passer à l’intérieur de ce SUV au style si singulier, précisons que pas moins de 90 combinaisons de personnalisations extérieures sont possibles grâce à 8 coloris (Ink Black, Misty Grey, Cosmic Silver, Passion Red, Breathing Blue, Sable, Natural White, Spicy Orange), 3 couleurs de toit (Natural White, Sable, Ink Black) et 4 packs de teintes (Natural White, Orange, Silver, Black). Les acheteurs potentiels de l’Aircross risquent de passer, pour leur plus grand plaisir, de nombreuses soirées à configurer leur voiture ! Un dernier point ne vous aura pas échappé : où sont donc les Airbumps ? La réponse : nulle part pour la bonne cause, enfin ! Les stylistes de chez Citroën ayant fait le choix très judicieux de les abandonner. Sur le plan des finitions du C3 Aircross, elles sont au nombre de 3 : Live, Feel, Shine.
Une fois assis à bord du SUV, les premières impressions ressenties sont assez bluffantes. Déjà, sur la citadine C3 (essai à retrouver ici), l’habitabilité proposée nous avait immédiatement séduits. Reprenant à l’identique l’intérieur de la petite C3, dont la planche de bord rectiligne, le grand C3 Aircross optimise ce point si important pour une famille. Cette sensation d’espace est décuplée par la taille de l’auto mais également grâce au toit panoramique (option : 850 €).
L’assemblage des différents éléments que composent ce grand espace de vie automobile est de bon niveau. Cependant, il ne faudra pas hésiter à cliquer sur l’une des deux options tissu/cuir en matière de garnissage : Ambiance Hype Colorado (en photo ci-dessus), Ambiance Hype Mistral (ci-dessous). Elles apportent, l’une ou l’autre, un plus indispensable à l’intérieur du SUV.
Les passagers arrière ne manqueront jamais de place, ni de confort, surtout que la banquette est coulissante sur 15 cm (option et selon les finitions). Le siège passager avant peut également être « transformé » en tablette. Résultat : de quoi charger une planche de surf ou tout autre objet sur 2,40 m de longueur. Puisque l’on évoque ce point en chiffre, son volume est de 410 l, soit 33 l de plus qu’un Renault Captur. La différence avec le cousin 2008 (350 l) est encore plus frappante. A cela s’ajoutent la présence de nombreux rangements et une banquette arrière fractionnable (2/3-1/3).
En termes de connectivité et d’aides à la conduite, le C3 Aircross (finition Shine pour cet essai) ne manque de rien. Dès le premier niveau de finition Feel, on trouve, entre autres, le régulateur de vitesse, la reconnaissance des panneaux, l’alerte de franchissement de ligne, le kit mains libres Bluetooth et un système audio MP3 à 6 hauts-parleurs. Au niveau des ADAS (Advanced Driver Assistance Systems), elle sont au nombre de 12. Parmi elles, notons la présence de l’affichage tête haute, du Park Assist (aide au stationnement) et du freinage d’urgence Active Safety Brake. Mais, comme les images de notre vidéo le montrent, c’est sur le 12ème dispositif que nous nous sommes concentrés.
On ne cessera jamais de l’écrire : un SUV est une voiture loisir qui doit pouvoir évoluer en-dehors des sentiers battus. Les dernières nouveautés comme le Volkswagen T-Roc ou le Hyundai Kona sont d’ailleurs équipés de la transmission intégrale. Sans aller jusque là, et, pour éviter un surcoût, un surpoids et une surconsommation, les ingénieurs de chez Citroën on fait le choix de reprendre le système Grip Control inauguré à l’occasion du restylage du Peugeot 2008 (essai ici – 2016); une technologie propice à faire débuter notre essai par de la piste !
Les pistes et portions off-road, nous aimons les pratiquer, que ce soit en Afrique du Sud, ou plus récemment en Finlande. En Corse, celles qui nous ont menés jusqu’au bord d’un rivage naturel à la puissance visuelle impressionnante, nous ont permis de pousser le C3 Aircross PureTech 110 EAT6 aux limites de ses capacités de franchissement. Avant la descente vers le « bleu aquatique », un premier test avait été réalisé avec succès sur une plage (photo de couverture de notre essai réalisée sur la plage sans trucage ni remorquage). Rocailles, trous, et autres « malformations naturelles » du sol sont absorbés par le C3 Aircross grâce, au choix, aux 5 modes du Grip Control : Standard (pour route), ESP Off, Sable, Tout-Chemin, Neige. D’une facilité d’utilisation enfantine, ce dispositif est aussi ludique que rassurant. Précisons qu’il est obligatoirement couplé à une monte pneumatique M+S.
Tellement à l’aise et sécurisant, le mode Tout-Chemin nous a suffit. Ainsi, et sans utiliser un autre système dédiée à la descente (HADC), le C3 Aircross s’est sali mais a rallié la Réserve de Saparella avec la plus grande des facilités.
La Corse, c’est aussi des routes sinueuses qui font le spectacle de l’une des plus grandes épreuves du WRC, le Tour de Corse. Cet environnement n’est pas celui dans lequel le SUV urbain évoluera le plus souvent. Au jeu des virages serrés et des enchaînements de montées et descentes, le C3 Aircross PureTech de 110 chevaux (à 5 500 tr/min) s’en sort plutôt bien. Malgré, des suspensions paramétrées « confort », propre à la philosophie Citroën, les changements multiples et soudains de cap n’ont pas généré de gênes particulières. Ceci grâce à la direction précise de l’auto. Soyons francs, le C3 Aircross reste et restera un SUV et donc un véhicule « haut sur pattes ». Les lois de la physique ne sont pas simples à appréhender pour ce type de voiture.
A allure modérée, il n’a peur de rien mais à un rythme plus élevé, le roulis se fait sentir. Le C3 Aircross PureTech 110 fait néanmoins preuve d’une agilité intéressante. Bien aidé par un couple de 250 Nm disponible très tôt (à 1 500 tr/min), il est confortable à manier. La boîte EAT6 y est également pour beaucoup. « Confortable », voici bien l’adjectif qui caractérise le plus le SUV. Ses sièges maintiennent parfaitement et l’insonorisation est de très bon niveau sur ce petit bloc essence qui aime monter dans les tours. Le court essai du modèle BlueHDi 120 BVM6, que nous vous invitons, non sans humour, à repérer en photo, ne nous a pas donné autant de satisfaction. Pour être tout à fait complet, les quelques secteurs routiers plus conformes à un environnement urbain nous ont conforté dans notre « confortable » analyse. Insistons mot après mot, le C3 Aircross est très confortable.
Niveau consommation, le C3 Aircross PureTech 110 fait dans la sobriété : 5,6 l/100 km en cycle mixte (données constructeurs) – 7,1 l/100 km (données LesVoitures.com). Les 126 grammes de CO2/km émis équivalent à un malus inexistant, au moins jusqu’à fin 2017. Du côté des performances, notre plaisant SUV de 110 ch réalise le 0 à 100 km/h en 10,6 et peut atteindre 183 km/h.
Les autres motorisations essence proposées sur le C3 Aircross sont les PureTech 82 et PureTech 130, toutes deux disponibles uniquement en boite manuelle BVM6. Notre PureTech 110, en tant que « cœur de gamme », est donc le seul à pouvoir bénéficier de l’EAT6. En diesel, on trouve donc les BlueHDi 120 BVM6 et BlueHDi 100 BVM.
En conclusion, le C3 Aircross a tout pour plaire. Son look décalé et jeune, on l’adore ou on l’adore ! Il est clairement le plus osé du marché. La version d’essai PureTech 110 EAT6 Shine s’affichant à partir de 22 750 €. Avec son habitacle spacieux, modulable à souhait, ses capacités off-road indéniable et son confort de haut niveau, le SUV Citroën possède de sacrés arguments de polyvalence pour se faire une place sur un segment presque saturé. Faire différent, ça a du bon !
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Vidéo et photos : LesVoitures.com