Après deux journées intenses de compétition marquées par trois courses pour chacun des six plateaux en lice, les rideaux se sont refermés sur la 12ᵉ édition du Mans Classic avec un palmarès désormais connu. Cette grand-messe du sport automobile historique, qui s’est imposée comme un incontournable pour les passionnés du monde entier, a offert un véritable festival de mécanique et d’émotions.
Avec 238 000 spectateurs recensés, cette édition 2025 du Le Mans Classic dépasse légèrement la fréquentation de 2023 (235 000 personnes), confirmant l’engouement sans cesse croissant pour cet événement unique en son genre. Près de 820 voitures de course, toutes issues de décennies emblématiques du sport automobile, ont pris la piste dans des conditions idéales pour raviver l’éclat de leurs grandes heures. Le Mans Classic, c’est aussi des épreuves spectaculaires dites « de support » comme, la Porsche Classic Race Le Mans avec la mythique Porsche 917K (photo de couverture de cet article) le Group C Racing.
Au-delà des affrontements sur le circuit, Le Mans Classic a su séduire, de nouveau cette année, par sa richesse culturelle et festive. Les spectateurs ont pu assister à des concerts d’artistes de renom tels que Kavinsky et Cerrone, offrant une ambiance nocturne électrisante. Par ailleurs, l’espace clubs a rassemblé pas moins de 220 entités venues du monde entier, exposant une collection impressionnante de 9 200 véhicules, témoins vivants de l’histoire automobile internationale.
Comme le veut la tradition, les résultats de Le Mans Classic 2025 ont été dévoilés selon plusieurs classements distincts :
- Le classement général par équipe, qui met en lumière la régularité et la performance globale des teams engagés.
- Le classement à l’indice de performance, une distinction technique récompensant l’efficacité relative des véhicules en fonction de leur époque.
- Les classements détaillés des plateaux 1 à 6, qui couvrent l’ensemble des catégories historiques représentées.
Avec un total de 103 tours couverts, la Team n°9 s’impose au classement général, en ayant réalisé la plus grande distance en combinant la performance des voitures des six plateaux.
- Plateau 1 : Stephen SKIPWORTH/Nigel ARMSTRONG – Aston Martin Speed Model 1939 n°9 – 13 tours
- Plateau 2 : Thomas WARD/Jaguar XK120 Roadster 1951 n°9 – 21 tours
- Plateau 3 : Didier VEST/Antoine BLANC – Lotus Elite 1961 n°9 – 19 tours
- Plateau 4 : Jean-François COGET/Jean-Pierre GAGICK – Ford Shelby 350 GT R 1965 n°9 – 16 tours
- Plateau 5 : Alexander BRUNDLE/Gary PEARSON – Ford GT40 1965 n°9 – 16 tours
- Plateau 6 : Russell BUSST – Chevron B31 1975 n°9 – 18 tours
L’indice de performance récompense la voiture ayant parcouru la plus grande distance en fonction du type de voiture (Prototype, GT, GTS…), de sa cylindrée et de l’âge de la voiture. C’est le team n°43 qui remporte ce classement, en 11:58’54.036.
- Plateau 1 : Mark MANTON – Bentley Speed Six Vanden Plas 1930 n°43 – 43’23.325
- Plateau 2 : Jean-Michel SAVARY/Dominique LEROUX – Peugeot 203 Constantin 1951 n°43 – 1:22’12.171
- Plateau 3 : Anthony BINNINGTON/Mark DANIELL/Neil BURNSIDE – MG A 1600 Twin Cam Coupe 1961 n°43 – 1:45’18.835
- Plateau 4 : Mark DRAIN – Lotus Elan 26R 1965 n°43 – 2:19’49.326
- Plateau 5 : Mathieu CHATEAUX/Jean-Baptiste CHATEAUX – Chevron B16 1971 n°43 – 3:19’52.096
- Plateau 6 : Andreas ROLNER/Lars KERN – Porsche 935 K3 1980 n°43 – 2:28’18.281
Venons-en aux différents classements par plateau en commençant par la première séquence historique du Le Mans Classic, le Plateau 1 a plongé les spectateurs dans l’âge d’or des pionniers de l’Endurance avec un grand « E » s’il vous plaît. Consacré aux modèles ayant couru entre 1923 et 1939, il a fait revivre l’esprit des premières éditions de la mythique course sarthoise.
Parmi les faits marquants, l’Alfa Romeo 8C 2300 LM de 1931, confiée à Fritz Burkard, s’est distinguée en remportant la manche initiale. Véritable icône des années 1930, ce modèle reste indissociable de l’histoire des 24 Heures du Mans avec quatre victoires consécutives de 1931 à 1934. Lors des courses suivantes, une autre déclinaison de la 8C, à savoir la 2300 Monza, pilotée par Martin Halusa et Alexander Ames, s’est imposée, confirmant la suprématie de la marque milanaise sur cette époque. Un vibrant hommage au génie mécanique d’avant-guerre et aux racines du plus grand défi d’endurance automobile.
– Classement général Le Mans Classic 2025 – Plateau 1 :
- Martin HALUSA/Alexander AMES – Afla Romeo 8C 2300 MM Spider Zagato n°1
- Fritz BURKARD – Alfa Romeo 8C 2300 LM 1931 n°2
- Alex VAN DER LOF/Shirley VAN DER LOF – Delahaye 135 S 1935 n°65
La période d’après-guerre a retrouvé toute sa superbe sur la piste grâce au Plateau 2, dédié aux voitures ayant marqué les 24 Heures du Mans entre 1949 et 1956. L’intensité des duels et la beauté intemporelle des machines ont offert un spectacle inoubliable aux passionnés.
Figure emblématique de cette série, la Jaguar Type C n°15 conduite par le duo britannique Nigel Webb et Chris Ward s’est imposée comme la référence du week-end. Vainqueurs des deux premières manches, ils ont su contenir la menace constante de la Mercedes-Benz 300 SL n°40 de 1956, pilotée par Johannes Kleinl et Jeuger Sockolowi, particulièrement redoutable à la tombée de la nuit.
Dans une troisième course marquée par une météo capricieuse et des conditions rendues délicates par une pluie soutenue, la maîtrise du tandem Webb/Ward a une nouvelle fois fait la différence. Résultat : un triplé historique pour la Jaguar n°15, rare exploit dans l’histoire du Le Mans Classic, qui scelle une performance aussi technique qu’élégante.
– Classement général Le Mans Classic 2025 – Plateau 2 :
- Nigel WEBB/Chris WARD – Jaguar Type C 1952 n°15
- Felix GODARD/Christian GODARD – Cooper T39 1955 n°11
- Hans KLEISSL/Yevgen SOKOLOVSKIY – Mercredes-Benz 300 SL 1956 n°40
Le Plateau 3 a offert un condensé d’élégance et de performance, mettant en lumière les icônes de la période de 1957 à 1961, de l’Alfa Romeo Giulietta TZ à la mythique Ferrari 250 GT SWB. Trois manches intenses ont rythmé cette catégorie, disputées dans des conditions parfois dantesques.
C’est la Lister Jaguar Costin n°64 de 1959, pilotée par l’expérimenté Emanuele Pirro (quintuple vainqueur des 24 Heures du Mans) et son coéquipier Hans Hugenholtz, qui a ouvert les débats avec panache en s’imposant dans la première course. La réponse est venue dès la manche suivante avec la victoire de la Ferrari 250 GT SWB n°5, engagée par Diego Meier et Remo Lips, au terme d’un affrontement serré où seulement huit secondes séparaient les trois premiers, sous une pluie tenace. La dernière joute, elle aussi arrosée, a sacré les Britanniques Thomas et James Alexander au volant d’une Aston Martin DB4 GT n°50 de 1961, clôturant un plateau au suspense constant et à la beauté mécanique irrésistible.
– Classement général Le Mans Classic 2025 – Plateau 3 :
- Diego MEIER/Remo LIPS – Ferrari 250 GT SWB 1961 n°5
- Guillermo FIERRO ELETA – Maserati Tipo 61 Birdcage 1960 n°61
- Thomas ALEXANDER/James ALEXANDER – Aston Martin DB4 GT 1961 n°50
Quant au quatrième plateau du Le Mans Classic 2025, il a ravivé l’une des plus grandes rivalités de l’histoire des 24 Heures du Mans : celle entre Ford et Ferrari. En lice, les modèles légendaires de la période 1962 à 1965 se sont affrontés avec une intensité digne des grandes heures du duel transatlantique.
La première course s’est jouée dans un final haletant : deux Ford GT40 de 1965 ont croisé le drapeau à damiers avec seulement 0,4 s d’écart. C’est Emile Breittmayer, sur la GT40 n°28, qui a arraché la victoire face à Maxwell Lynn et sa n°83, au terme d’un duel inoubliable. Lors de la manche nocturne, Richard Meins a su dompter une météo capricieuse en s’imposant de façon nette avec sa Ford GT40 n°70. Mais l’émotion était aussi côté italien : soixante ans après son triomphe au Mans en 1965, la Ferrari 250 LM n°35 pilotée par Alex van der Lof et Yelmer Buurman a signé un clin d’œil saisissant à l’histoire en remportant la troisième épreuve. Un plateau au parfum de légende, entre puissance, maîtrise et échos d’un passé glorieux.
– Classement général Le Mans Classic 2025 – Plateau 4 :
- Emile BREITTMAYER – Ford GT40 1965 n°28
- Benjamin MONNAY – Shelby Cobra 289 1964 n°31
- Alex VAN DER LOF/Yelmer BUURMAN – Ferrari 250 LM 1965 n°35
Replongeant les spectateurs dans l’une des périodes les plus mythiques de l’endurance, de 1966 à 1971, grâce au Plateau 5. Ce dernier a fait revivre les années où prototypes affûtés et rivalités mécaniques ont écrit les plus grandes pages du Mans.
La première course a vu s’imposer la puissante Ferrari 512M n°16 de 1971, pilotée avec autorité par Nicklas Halusa. En Course 2, la lutte fut plus serrée : la Ferrari 312 P n°6 de 1969, confiée à Remo Lips et Frank Stippler, a devancé de justesse la Lola T70 Mk.3B Spyder n°80 de Gérard Lopez et Marcel Fässler, pour moins d’une demi-seconde. Un écart infime, accentué par une interruption précoce après un tour seulement, causée par un accident impliquant plusieurs concurrents.
Enfin, la Porsche 908/03 n°37 de 1971, engagée par Henrique Gemperle et Marc de Siebenthal, a clôturé ce chapitre avec une victoire maîtrisée dans la dernière course. Trois épreuves, trois vainqueurs différents : une parfaite illustration de la richesse et de l’équilibre technique de cette époque charnière du sport automobile.
– Classement général Le Mans Classic 2025 – Plateau 5 :
- Nicklas HALUSA/Martin HALUSA/Alexander AMES – Ferrari 512M 1971n°16
- Jan MAGNUSSEN/Chris WARD – Lola T70 Mk.3B GT 1969 n°58
- Charlie HYETT – Chevron B19 1971 n°29
Le dernier acte du Le Mans Classic 2025 a tenu toutes ses promesses en revisitant la période comprise entre 1972 et 1981, une décennie marquée par l’explosion technologique des prototypes et GT de compétition. Les machines engagées sur le Plateau 6 ont toutes un passé prestigieux, ayant foulé les plus grands circuits du monde.
C’est Maxime Guenat, au volant de la Lola T286 n°51 de 1979, qui s’est imposé comme l’homme du week-end. Avec trois victoires en autant de courses, il réalise un triplé rarissime dans l’histoire de l’événement, maîtrisant tant les conditions que ses adversaires.
Ce plateau fut aussi l’occasion de revoir sur la piste des voitures mythiques comme la BMW M1 Procar, la Ferrari 512 BBLM, ou encore les redoutables Porsche 935 K3, dont une version triompha aux 24 Heures du Mans en 1979. Une conclusion à la hauteur de cette 12ᵉ édition, entre puissance, panache et hommage vibrant aux grandes heures du sport automobile.
– Classement général Le Mans Classic 2025 – Plateau 6 :
- Maxime GUENAT – Lola T286 1979 n°51
- Ross HYETT/Charlie HYETT – Chevron B31 1975 n°31
- Tony SINCLAIR/Nick PADMORE – Lola T292 1973 n°82
A partir de 2026, face à l’engouement croissant du public, à la richesse croissante de son programme et à l’engagement massif des collectionneurs et passionnés, Le Mans Classic franchit un nouveau cap. L’événement, jusqu’ici organisé tous les deux ans, adopte désormais une fréquence annuelle, pour mieux répondre à la demande et célébrer toujours plus intensément le patrimoine de l’endurance. Ce nouveau cycle reposera sur une alternance entre deux formules distinctes mais complémentaires :
- Le Mans Classic Heritage, axé sur l’authenticité historique et les fondements des grandes heures du Mans.
- Le Mans Classic Legend, au ton plus spectaculaire, mettant en lumière les icônes, les performances emblématiques et les retours marquants dans l’histoire de la course.
Enfin, cette double approche permettra de renouveler l’expérience Le Mans Classic chaque année tout en conservant la richesse et la diversité qui ont fait la renommée de l’événement. Un virage stratégique pour Peter Auto et son rendez-vous devenu incontournable dans le paysage mondial des événements automobiles historiques. Concluons en vidéo avec l’ambiance incomparable de Le Mans Classic.
La rédaction
Photos : LesVoitures.com (Mathieu Langlais)
