Le plateau Group C du Le Mans Classic 2025 replonge les spectateurs dans l’une des périodes les plus mythiques de l’histoire des 24 Heures du Mans. Entre 1982 et 1993, cette catégorie a redéfini les standards de l’endurance, avec un règlement centré sur la consommation de carburant qui a poussé les ingénieurs à innover sans relâche. C’est l’époque où la performance se conjuguait à l’élégance, où les prototypes affichaient des lignes futuristes et des vitesses vertigineuses, flirtant parfois avec les 400 km/h dans la ligne droite des Hunaudières. Ce week-end au Mans, la catégorie Group C Racing a plongé les spectateurs du Mans Classic dans une atmosphère incroyable. Notre photographe, Mathieu Langlais, a su capter, en photos à travers son objectif, l’essence même de ce qu’a représenté le Group C dans l’histoire du sport automobile.

Sur la piste, les Porsche 956 et 962 dominaient, mais elles devaient faire face à la montée en puissance des Jaguar XJR, des Sauber-Mercedes, des Mazda à moteur rotatif ou encore des Nissan et Toyota venues du Japon. À leurs côtés, des artisans passionnés comme Rondeau, avec notamment la M482 (photo ci-dessous), Spice ou WM ont marqué les esprits par leur audace et leur créativité. Le Group C, c’était, à l’époque, le meilleur de la technologie automobile, presque sans compromis, offrant en piste un spectacle brut, dans un contexte où les constructeurs automobiles misaient sur l’endurance pour affirmer leur suprématie. Aujourd’hui, grâce à Peter Auto et des événements comme Le Mans Classic, le mythe Group C perdure en piste.

Le Mans Classic 2025 Group C 24 Heures du Mans

En 2025, ces machines d’exception reprennent vie sur le grand circuit du Mans dans le cadre du plateau Group C Racing du Le Mans Classic, organisé par Peter Auto. Les courses sprint programmées tout au long du week-end offrent un contraste saisissant avec les plateaux historiques, tant par la vitesse que par l’agressivité des lignes et la sonorité des moteurs. Le public, qu’il soit nostalgique ou né bien après l’ère Group C, est toujours captivé par ces prototypes qui incarnent une époque où l’Endurance flirtait avec l’extrême.

Alors que, depuis son retour en Championnat du Monde d’Endurance (FIA WEC), Peugeot Sport galère avec l’Hypercar 9X8, Le Mans Classic 2025 est l’occasion de revoir, sur le grand circuit des 24 Heures du Mans, la Peugeot 905 Evo 1 Bis, véritable icône du sport-prototype français. Dotée d’un V10 atmosphérique de 3.5 l développant 670 ch, elle s’appuie sur un châssis carbone conçu avec Dassault Aviation. Grâce à cette version affûtée, Peugeot remporte les 24 Heures du Mans en 1992 (Yannick Dalmas – Derek Warwick – Mark Blundell) et 1993 (Eric Hélary – Christophe Bouchut – Geoff Brabham), inscrivant son nom au sommet de la légende du Mans.

Le Mans Classic 2025 Group C 24 Heures du Mans

Avec les Porsche 956 puis 962, la marque de Stuttgart a donc littéralement dominé l’ère Group C. Conçues pour exploiter au maximum le règlement basé sur la consommation, ces machines alliaient aérodynamisme avancé, fiabilité redoutable et puissance maîtrisée.

Le Mans Classic 2025 Group C 24 Heures du Mans

Entre 1982 et 1987, elles ont remporté cinq fois les 24 Heures du Mans, devenant les prototypes les plus titrés de l’histoire de l’Endurance avec, au total à ce jour, 19 victoires pour Porsche. Leur silhouette basse et fuselée, leur moteur turbo à plat et leur efficacité en course en ont fait des icônes absolues de la discipline.

Dans les années 1980 et 1990, Nissan s’impose aussi comme un acteur majeur du Group C avec des prototypes aussi puissants qu’audacieux. D’abord engagée avec des châssis March ou Lola, la marque japonaise développe rapidement ses propres modèles, comme les redoutables R89C, R90CK et R90CP.

Le Mans Classic 2025 Group C 24 Heures du Mans

Dotés de moteurs V8 biturbo VRH35Z, ces bolides brillent dans le championnat japonais et s’illustrent au Mans, notamment avec la mythique R90CK qui signe une pole position légendaire en 1990. Leur design agressif et leur rugissement métallique incarnent l’ambition technologique de Nissan à l’époque.

Pour l’histoire, lors des qualifications des 24 Heures du Mans 1990, Mark Blundell signe une pole position d’anthologie au volant de la Nissan R90CK. Victime d’un wastegate bloqué, son moteur délivre plus de 1  100 ch, transformant son tour lancé en une chevauchée incontrôlable. Sans repères de freinage, il atteint 383 km/h dans les Hunaudières et décroche la pole avec six secondes d’avance sur le reste du plateau. Un exploit brut, instinctif, devenu instantanément légendaire.

Aujourd’hui, si les prototypes du Group C continuent de rugir sur les circuits, c’est grâce à des passionnés et des structures spécialisées comme Équipe Europe, qui restaurent, entretiennent et engagent, ces machines d’exception avec un soin quasi muséographique.

Le Mans Classic 2025 Group C 24 Heures du Mans

Enfin, leur travail ne se limite pas à préserver des voitures, car cela perpétue un pan entier de l’histoire du sport automobile, en le rendant vivant, vibrant, accessible. Grâce à eux, les Porsche 962, Peugeot 905, Nissan R90CK et autres Jaguar XJR ne dorment pas sous des bâches, mais s’expriment encore à pleine vitesse, là où elles sont nées pour briller : sur la piste des 24 Heures Mans.

La rédaction

Photos : LesVoitures.com (Mathieu Langlais)