Dans quelques mois, une A110 100% électrique sera dévoilée. Inexorablement, l’industrie automobile se dirige ainsi vers un avenir aseptisé car, pour forcer le trait, une fois que l’on a pris le volant d’une voiture électrique, on les a toutes conduite. Qu’en aurait pensé Jean Rédélé, le fondateur de la marque Alpine ? Quelle aurait été, aujourd’hui, sa vision de l’Automobile sportive avec un grand « A » ? Une chose semble certaine, il aurait adoré piloter l’Alpine A 110 R. « R » comme Radicale certes mais, pour nous, ce « R » nous ramène au nom « Rédélé ».
Alors qu’Alpine Cars vient de se lancer un nouveau défi américain, à savoir participer à la plus célèbre course de côte au monde, le Pikes Peak International Hill Climb 2023 (PPIHC), avec l’A110 Pikes Peak, notre essai de l’Alpine A110 R tombe à point nommé. Oublions ainsi, le temps de cet essai, la révélation récente du concept-car 100% électrique A290_β.
Débutons cet essai de l’Alpine A110 R en présentant son design, sachant qu’il a été dicté, presque à tous les niveaux, par deux principaux objectifs : optimiser le traitement des flux d’air et alléger au maximum la berlinette moderne.
Notre Alpine A110 R d’essai au « Bleu Racing Mat » (option) fait la part belle à de la fibre de carbone apparente. Comme sur la version A110 S, l’A110 R bénéficie d’un toit et d’un aileron composés du matériaux ultra-léger mais, d’autres très nombreux éléments en fibre de carbone profitent, cette fois exclusivement à l’A110 R : capot avant désormais ouvert, lunette arrière occultée par un panneau en fibre de carbone, lame avant, bas de caisse profilés et extracteur, etc…
Même les jantes de 18 pouces de l’A110 R font apparaître, toujours et encore, de la fibre de carbone. On remarque que les structures de ces mêmes jantes sont différentes à l’avant et à l’arrière. Au total, ce ne sont pas moins de 34 kilos qui ont été gagnés comparativement à l’A110 S équipée du « kit aérodynamique ».
En chiffres, sur la balance, l’A110 R affiche 1 082 kg pour un rapport poids/puissance de 3,6 kg/ch. On notera, aussi, une modification pour la ligne d’échappement en inox de la berlinette A110 R à la sonorité « méchante ».
Avant de prendre la route pour l’essai de l’Alpine A110 R, ouvrons les portes de la plus radicale berlinette de série. A l’intérieur de l’Alpine A110 R, place à une atmosphère très « racing » avec, notamment, la présence de sièges baquets Sabelt en fibre de carbone dotés de harnais 6 points.
Exit, le rétroviseur central intérieur puisque, la lunette arrière a été remplacée par une pièce en carbone. Précisons que ces sièges sont particulièrement soignés car, ils disposent d’un revêtement, en partie, en Alcantara. Des surpiqûres de couleur grise soutiennent visuellement ces sièges qui n’attendent que le conducteur et son passager pour un tour de piste.
Nous y voilà, ou presque, place à l’essai routier de l’Alpine A110 R. C’est l’occasion de remercier les équipes presse d’Alpine Cars et Renault de nous avoir offert cette opportunité. L’histoire d’Alpine étant intimement liée à celle du Rallye Monte-Carlo, nous avons eu le plaisir, voire l’honneur, d’emprunter quelques portions de l’épreuve phare du WRC. Avant de prendre les commandes de l’A110 R, quelques précisons techniques s’imposent, les ingénieurs de chez Alpine Cars ayant apporté le plus grand soin à cette Alpine, ceci pour la rendre… « R » comme « Redoutable ». D’ailleurs, Florent Hubert, Leader Ingénieur pièces de carrosserie et composites Alpine, nous en dit plus :
« La nouvelle Alpine A110 R est une version radicale qui nous a permis de relever un défi technique unique, celui d’un allègement poussé, pour afficher une masse record de 1082 kilos. Grâce à l’utilisation intensive de la fibre de carbone, aussi bien à l’extérieur que dans son habitacle, l’A110 R est la plus légère de toutes les Alpine A110 existantes. Nous avons réussi à concevoir une sportive allégée, affutée, pour des sensations de conduite ultimes sur circuit comme sur route. »
Sur le plan mécanique, l’Alpine A110 R conserve une puissance de 300 ch (à 6 300 tr/min) pour un couple de 340 Nm (dès 2 400 tr/min), tous deux issus du 4-cylindres 1.8 l turbo. Quant à la boîte de vitesses, il s’agit toujours du système à double embrayage (7 rapports). Ce dernier point est loin d’être un détail. Plus de couple et plus de puissance n’auraient pas eu un bon effet sur cette boîte, ceci en termes de fiabilité. Pour le reste, l’Alpine A110 R repose sur un châssis sport. Ses trains roulants ont donc fait l’objet d’un sérieux travail d’optimisation.
Les barres antiroulis ont été revues au niveau de leurs réglages, la géométrie des trains, à elle-seule, a été retravaillée et les ressorts hélicoïdaux sont communiqués par Alpine Cars pour être 10% plus fermes. A cela s’ajoutent, des barres anti-dévers spécifiques et, surtout, des amortisseurs réglables. En standard, l’Alpine A110 R est déjà plus basse de 10 mm mais, elle peut donc être abaissée de 10 mm supplémentaires pour venir « flirter » avec les vibreurs des circuits.
Concernant les autres liaisons au sol, à savoir les pneus, ils sont fournis par Michelin et de type semi-slick : Michelin pilot Sport Cup 2 (215/40 R18 à l’avant – 245/40 R18 à l’arrière). Soyons complets, le système de freinage de l’A110 R est composé de disques de frein de 320 mm (à l’avant et à l’arrière).
Chez LesVoitures.com, on fait les choses bien. Nous vous proposons, pour aller encore plus loin au sujet des améliorations apportées à l’A110 R, de télécharger, gratuitement (format pdf), sa fiche explicative dite « officielle, ceci en cliquant sur : les secrets de l’Alpine A110 R.
Cette fois, c’est parti pour l’essai de l’Alpine A110 R. La première sensation ressentie au volant de l’A110 R est celle de la confiance. Après quelques kilomètres parcourus, on fait clairement « corps avec l’auto ». Tous nos sens semblent alors se prolonger à travers les différentes commandes de cette fantastique Alpine 100% thermique !
Vous l’aurez, peut-être, compris, que ce soit au niveau du toucher de route, des freins ou, encore du volant, l’Alpine A110 R remonte, au conducteur, des informations d’une précision de haut niveau. De quoi pousser à son maximum, en toute sérénité, cette berlinette qui ne demande qu’à s’exprimer à un rythme élevé. Quant aux sièges baquets Sabelt, nous sommes surpris par le confort qu’ils procurent, sachant qu’ils participent, grâce au harnais 6 points, encore une fois, à ne faire qu’un avec la sportive tricolore. Il faut alors perdre nos habitudes de « conducteur du dimanche », comprendre qu’il ne sert à rien de regarder dans le rétroviseur central de l’Alpine A110 R, la vue arrière étant complément bouchée par la fibre de carbone. De quoi, de nouveau, nous plonger dans une atmosphère de conduite quelque peu atypique mais, tellement réjouissante. En effet, notre regard se concentre ainsi vers la route, la route et rien que la route…
Collée au sol, sans être « cassante » mais, parfaitement ferme, l’Alpine A110 R enchaîne les courbes et virages avec une aisance qu’aurait adoré Jean Rédélé. Rigoureuse, la berlinette se place au millimètre avec une facilité déconcertante. Son train arrière ne décroche quasiment jamais, comme son train avant. On touche, sur ces derniers points, à l’équilibre parfait proposé par l’A110 R, tout en prenant conscience du travail exceptionnel réalisé par les ingénieurs de chez Alpine Cars. On en parle jamais assez lors de nos essais mais, la monte pneumatique joue un rôle primordial sur la tenue de route, les gommes Michelin semi-slick qui équipent l’Alpine A110 R étant d’une efficacité incroyable.
Notre rythme cardiaque accélère à mesure que l’on prend, très rapidement, pendant notre essai, la mesure de l’Alpine A 110 R. Sa sonorité nous touche alors au plus profond de notre cerveau. On s’amuse alors à attaquer certains virages à haute vitesse, une certaine extase nous habite.
Les montées en régime du 4-cylindres 1.8 l turbo sont fulgurantes même si on aurait apprécié quelques chevaux supplémentaires pour encore plus « d’effet waouh », la boîte de vitesse offrant des changements de rapports à la fois doux et rapides Cependant, croyez-nous, l’Alpine A110 R est, pour nous, parfaite, à en oublier que son couple de 340 Nm ne progresse pas comparativement à l’A110 S.
En d’autres chiffres, ceux des performances, l’Alpine A110 R réalise, l’exercice du 0 à 100 km/h en 3,9 s et peut atteindre 285 km/h de vitesse maximale.
Enfin, pour conclure notre essai de l’Alpine A110 R, rappelons qu’une série limitée à 32 exemplaires « Fernando Alonso » est aussi à la gamme Alpine. Attention, dans quelques jours, une autre série limitée « Le Mans » devrait être dévoilée, en marge de l’édition du centenaire des 24 Heures du Mans. Pour s’offrir le plaisir de conduire et de piloter, sur circuit, l’A110 R, il faut débourser 110 000 € (à partir de). Quoi qu’il en soit, l’Alpine A110 R peut clairement être considérée comme une fierté sportive à la française.
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : LesVoitures.com (Alexandre Besançon)