Citroën C5 Aircross : sérieux challenger, essai

Le remaniement du catalogue Citroën initié en 2016 avec la nouvelle C3 passe enfin par la case SUV. Avec le Citroën C5 Aircross, la marque aux chevrons a pris son temps face à une concurrence déjà bien en place sur le segment à succès du marché automobile international. Le constructeur français vise d’ailleurs le monde entier avec celui qui a d’abord été commercialisé en Chine. Destination le Maroc et la région de l’Atlas pour l’essai du C5 Aircross BlueHDi 180 EAT8 avec, en filigrane, une comparaison avec le Peugeot 3008.

Cousin de la star des SUV que l’on ne présente plus, le Peugeot 3008, dont il reprend la plateforme EMP2, le Citroën C5 Aircross c’est, avant tout, un design tout en rondeurs. Le bureau de style Citroën a appris des erreurs de la première génération du Cactus et propose également une nouvelle interprétation du renouveau du design global de la marque. Telle une « piqûre de Cactus », comprendre de rappel, présentons les caractéristiques esthétiques qui font du C5 Aircross une proposition qui ne ressemble à rien d’autre en matière de véhicule familial.

A l’avant, le C5 Aircross est généreux à tous les niveaux avec une fine touche high-tech grâce à des optiques à double étage et des chevrons qui s’étirent sans fin. Le capot aux larges creux accompagne un bouclier imposant pour générer la robustesse indispensable au « physique » d’un SUV.

De profil, le dessin des fameux Airbumps arrive, à nos yeux, à maturité. Exit, les disgracieux éléments noirs placés sur les flancs. Ce sont désormais les bas de caisse qui les intègrent. Les Airbumps épousent ainsi les protections des ailes avant et arrière. Ces dernières s’étirant jusqu’aux pare-chocs pour créer une « armure antichocs à 360°». Plus haut, une barrette chromée en forme de « C » épouse joliment une partie vitrée de taille assez réduite alors que la custode toute noire aide à donner du dynamisme au SUV. Les barres de toit effilées qui suivent au plus près la ligne de la carrosserie participent à un effet de légèreté plutôt réussi.

L’arrière du SUV Citroën n’est pas en reste en termes de robustesse. De grands feux lui offrent du relief tandis que le bouclier le rehausse. La double sortie d’échappement factice et des ouvertures marquées cassent habilement un rendu global qui aurait pu être beaucoup trop rond.

Le Citroën C5 Aircross n’oublie pas d’être personnalisable avec pas moins de 30 combinaisons possibles entre les différentes teintes de carrosserie, les packs couleurs et la possibilité de choisir un toit noir. Notre C5 Aircross arbore, entre autres, la combinaison optionnelle composée du duo « Bleu Tijuca/Toi Bi-ton Noir Perla Nera », du « Pack Color White Anodisé ». Les jantes 18″ diamantées étant de série. Au final, entre le chic et saillant 3008 et les formes généreuses du C5 Aircross, il y en a pour tous les goûts.

Passons à l’intérieur de « l’appartement C5 Aircross ». Cette expression est positivement de rigueur à la vue de ce qu’il est considéré d’interpréter comme du « mobilier automobile ». La longue planche de bord génère un effet d’habitabilité saisissant bien aidé par un habillage « cosy ». Alors que le SUV au lion est hyper-moderne et conçu pour une expérience de conduite d’un nouveau genre, le C5 Aircross fait dans une simplicité synonyme de beaucoup plus d’espace. La console centrale laisse un maximum de place au conducteur et son passager contrairement au 3008. Le grand volant du C5 Aircross est également à l’opposé de celui, tout petit, du Peugeot.

Les finitions des deux SUV PSA sont à un niveau quasi similaire avec un avantage pour le Peugeot. Les plastiques trop bon marché du SUV Citroën sont la seule fausse note de cet intérieur accueillant. Cette moindre qualité est facilement explicable par le prix de l’auto. On en reparle en conclusion… Les décorateurs d’intérieur du C5 Aircross ont cependant porté de séduisants efforts au niveau des différentes ambiances proposées. Elles sont au nombre de cinq de la plus simple à la plus haut de gamme : de série, « Wild Grey », « Metropolitan Grey », « Metropolitan Beige » et « Hype Brown »

En revanche, les technologies embarquées, équipements et autres aides à la conduite du SUV Citroën sont au rendez-vous de la modernité avec ce qu’il se fait de mieux, ceci de l’instrumentation digitale jusqu’à la conduite autonome de niveau 2 en passant par des outils performants lorsqu’il n’y a presque plus de route. N’oublions pas de citer l’exclusivité Citroën à « l’aspect ludique sécurisant » : on évoque ici la ConnecedCAM (option).

L’un des points forts du C5 Aircross est son habitabilité record, à l’avant comme à l’arrière. L’empattement plus long de 5 cm, comparativement à la « Voiture de l’Année 2017 », permet de bénéficier de plus d’espace aux jambes pour les passagers arrière. Il en est de même pour un autre point fort du Citroën, à savoir sa modularité. Les sièges arrière escamotables, individuels et coulissants y sont pour beaucoup. Précisions que le 3008 n’en bénéficie pas. Et quand le moment est venu de charger les valises d’une famille de 5 personnes, le C5 Aircross propose 580 l de volume de chargement contre 520 l pour le Peugeot 3008. En route pour l’Atlas !

Citroën est depuis sa genèse expert en trains roulants. Pour leur « gros bébé », les ingénieurs les ont développés au sein d’un concept global baptisé « Advanced Comfort ». Une fois Marrakech derrière nous, les premiers kilomètres sur des routes au relief de plus en plus conséquent ont révélé la haute expertise Citroën dans ce domaine mais pas que ! Réglées plus fermement (tant mieux) que sur la nouvelle berline C4 Cactus, les suspensions à butées hydrauliques (de série) font des merveilles. Elles absorbent tout ce qui se présente face au SUV. Précisons également qu’il en est fini des mouvements de flottement désagréables du modèle précédemment cité. L’insonorisation remarquable du SUV est à mettre à l’actif des bonnes surprises. Le meilleur est à venir car les sièges Advance Comfort (en option selon les modèles) sont une grande réussite. Ni trop mous, ni trop fermes, ils sont un gage indéniable d’un maintien et d’une assise parfaits.

Emmené par le duo 4-cylindres diesel/boîte EAT8, le C5 Aircross est, sur le plan du dynamisme, en retrait par rapport au Peugeot 3008 à configuration moteur/transmission identique. La direction est plus souple, moins précise et, malgré les suspensions brevetées Citroën, le C5 Aircross est moins incisif en virage. Du roulis se fait aussi sentir. Les 178 chevaux (à 3 750 tr/min) et les 400 Nm de couple (à 2 000 tr/min) du SUV autoriseront néanmoins de longs voyages. A ce titre, la boîte EAT8 est fluide et le BlueHDi 180 ne manque pas d’élan, surtout en mode « Sport ».

En off-road, nos images le prouvent, le C5 Aircross est au niveau du 3008 avec un petit plus. Le long du lac Lalla Tararkoust, son système Grip Control (identique au SUV Peugeot) est tout aussi pratique. Le « petit plus » est représenté par une garde au sol supérieure (C5 Aircorss : 230 mm – Peugeot 3008 : 219 mm).

La pluie qui s’est abattue sur la vallée verte, située proche du désert d’Agafay, a rendu les pistes empruntées lors de notre périple presque impraticables. Le C5 Aircross porte bien son demi-nom « cross ». Il passe presque partout grâce aux différents modes de conduite offerts par le Grip Control (option : 300 €), ce dispositif étant impérativement associé à une monte pneumatique Mud&Snow de 18″. Au bout d’une route interminable, l’Atlas nous offrant un fantastique panorama aux hauteurs enneigées, le C5 Aircross nous est alors apparu comme un fidèle compagnon de voyage.

Avant de conclure, évoquons en quelques chiffres le SUV. Citroën communique sur 4,8l/100 km en cycle mixte et 124 g de CO2/km (malus : 90 €). Niveau performances, le diesel BlueHDi 180 réalise le 0 à 100 km/h en 8,6 s et peut atteindre 211 km/h.

Finalement, le C5 Aircross débarque en Europe au bon moment. Chaque constructeur ayant joué sa « carte SUV », il saura se faire une place grâce à un design original et un confort exemplaire. Destiné aux familles nombreuses, ce qui implique un budget voiture impérativement plus modeste, ses tarifs agressifs sont à prendre en compte. Notre C5 Aircross BlueHDi 180 EAT8 finition Shine s’affiche à partir de 39 150 €, c’est moins cher qu’un Peugeot 3008 équivalent. Stratégiquement, le groupe PSA a tout compris avec ces deux offres très différentes, si proches et si éloignées à la fois. Du « généraliste plus » C5 Aircross au « presque premium » 3008, ces deux offres couvrent la totalité du marché. Ils leur manquent juste la transmission intégrale mais c’est pour bientôt grâce à la chaîne de traction hybride du groupe PSA.

Texte et essai : Frédéric Lagadec

Photos et vidéo : LesVoitures.com