La Ford Mustang Mach 1 de dernière génération est déjà en “voie de disparition” chez nous, la faute aux normes européennes drastiques qui concernent les émissions de CO2. Dévoilée en juin 2020, la nouvelle Mustang Mach 1 est pourtant bel et bien disponible à la vente en Europe. Nous ne pouvions pas passer à côté de cette Mustang optimisée dont voici l’essai !
Débutons notre essai de la Ford Mustang Mach 1 en présentant son design. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nous avons choisi de conduire une Mustang Mach 1 à la carrosserie rouge soutenue d’une bande noire. En 1969, la sportive américaine est ainsi apparue pour la première fois en version Mach 1 avec cette même livrée. D’autres évolutions développées pour améliorer le traitement des flux d’air font de cette Mustang Mach 1 une version résolument radicale.
Comparativement aux Ford Mustang GT et Bullitt, la Mustang Mach 1 dispose d’un bouclier avant plus ouvert, ce dernier étant équipé d’une lame dont les extrémités sont composées de petites ailettes. Le but de ces changements est de permettre un meilleur refroidissement des freins tout en gagnant quelque peu en appui. Ford Performance n’a pas juste peint la Mustang Mach 1 en rouge et noir pour faire honneur au passé de cette voiture légendaire.
La grille de calandre en nid d’abeilles au maillage spécifique de la Mustang Mach 1 révèle deux emplacements ronds et vides tel un savant clin d’œil aux Trans-Am Series créées outre-Atlantique en 1966. A l’époque, les phares avant des bolides engagés au sein de ce championnat nord-américain étaient démontés car inutiles en course.
De profil, ce sont des jantes de 19 pouces et l’aileron arrière qui ressortent d’une silhouette devenue résolument sportive alors qu’à l’arrière, les sorties d’échappement profitent d’un traitement brillant. Au final, Ford annonce un gain de 22% en termes d’appui comparativement à la Mustang GT.
Toujours à l’arrière de la Ford Mustang Mach 1, on remarque des formes plus travaillées pour le bouclier qui accueille quatre grosses sorties d’échappement exclusives au rendu doré.
L’habitacle de la Ford Mustang Mach 1 fait ressortir une ambiance sombre et quelques détails qui rappellent, bien sûr, la Mustang Bullitt avec le pommeau de commande de la boîte de vitesses manuelle. A noter, qu’en option, la boîte automatique à 10 rapports est disponible.
Plutôt austère, l’intérieur de la Mustang Mach 1 est loin d’être sans défaut. Des plastiques trop durs et des assemblages de qualité sommaire font néanmoins partie du charme de l’auto. L’essentiel est ailleurs pour cette voiture “made in USA”. Cependant, on adore la coupe en deux parties de la planche de bord dont la partie centrale s’ouvre vers ce qui intéresse les Américains et nous-mêmes au plus haut point : la route ! Venons-en donc à l’essai routier de cette Ford Mustang Mach 1.
Alors, qu’en règle générale, les voitures modernes ne montrent rien une fois leur capot ouvert, ce n’est pas du tout le cas pour notre Ford Mustang Mach 1 d’essai. Tel un spectacle, on découvre avec joie et un “Waouh” le V8 5.0 l de la sportive. L’admission d’air géante se montre, cet élément étant la principale optimisation apportée au V8 de type atmosphérique (sans turbo) de la Mach 1 qui développe 460 chevaux (à 7 250 tr/min) pour 529 Nm (à 4 600 tr/min). A cela s’ajoutent, une barre anti-rapprochement et de nouveaux dispositifs de refroidissement et de filtrage pour l’huile moteur. Trêve de chiffres et de technique pour le moment, enclenchons vite le bouton “Engine – Start/Stop” !
Même au ralenti et sans avoir parcouru le moindre mètre au volant de la Ford Mustang Mach 1, c’est l’Amérique en termes de sonorité moteur ! Entre parenthèses, quel plaisir de se retrouver aux commandes d’une Mustang après avoir eu l’honneur de faire voyager, dans les Balkans, celle baptisée “Dazzle Ford Mustang” lors du Pink Panther Tour en 2016. (photo ci-dessous).
L’échappement de la Ford Mustang Mach 1 est une surprise envoûtante à lui seul ! Impossible de ne pas en profiter. On évite instantanément son mode “silencieux” pour jouer avec les autres : “Normal”, “Sport” et “Circuit”.
Une fois lancée sur les routes des Yvelines, on redécouvre, après des mois d’essais de voitures électriques et hybrides, un plaisir presque oublié ! Le V8 5.0 l plus que généreux à bas régime s’emballe d’une manière linéaire. Il est alors difficile de suivre des yeux l’aiguille du compte-tours tant cela va vite. Il vaut mieux se concenter sur la route et bien tenir le “cercle”. En ligne droite, la “fusée Ford Mustang Mach 1” déclenche ensuite une fougue indescriptible à haut régime. La sensation perçue est sans limite en matière de montée dans les tours. C’est brutal jusqu’à 7 500 tr/min. Au moment où le rupteur “dit stop”, on en veut encore car, la Mustang Mach 1 génère une incroyable sensation que nous qualifierons de sans limite tant son V8 est efficace. Sur le plan des performances, Ford communique sur un 0 à 100 km/h abattu en seulement 4,4 s et une vitesse maximale de 267 km/h (boîte manuelle).
Un autre plaisir, celui du toucher, nous a particulièrement marqués lors de notre essai de la Ford Mustang Mach 1. Le pommeau rond en bakélite de la commande de la boîte de vitesses manuelle à 6 rapports nous transporte dans les rues de San Francisco ! Quant à la boîte TREMEC TR-3160, elle offre des passages de rapport directs et courts dont on ne se lasse pas grâce à l’apport d’un rev-matching. Du toucher performant toujours et encore, on en retrouve pour la pédale de frein très consistante qui remonte parfaitement les informations en provenance des trains roulants. Munie d’étriers Brembo fixes à 6 pistons, de disques de 380 mm de diamètre à l’avant et d’un piston (disque de 330 mm) pour l’arrière, ceci à l’identique de la Mustang GT, la Mustang Mach 1 sait se faire rassurante.
Cinq modes de conduite (“Normal”, “Sport+”, “Neige/humidité”, “Piste”, “Drag Strip Mode”) sont proposés, au choix, au conducteur de la Mustang. Le duo échappement en mode “Circuit” et moteur en mode “Sport+” est spectaculaire. Nous l’avons consommé sans modération, comprendre qu’il a mis tous nos sens plus qu’en éveil. La Ford Mustang Mach 1, on l’entend de loin, de très loin !
En courbe, les quelques 1 800 kilos de la voiture américaine se font, en revanche, sentir. La Ford Mustang Mach 1 ne devra pas être mise entre les mains de conducteur novice. Cela bouge de l’arrière. Certes, cela reste informel, ce qui permet de récupérer sans encombre le bolide. De plus, la Mustang Mach 1 est équipée, de série, d’un différentiel à glissement limité pour son essieu arrière. Dans les longs virages, on appréciera donc le pouvoir directionnel de cette Mustang et l’absence totale de roulis, mais, insistons-bien, il faut être vigilant, surtout sous la pluie dans les longues courbes, au moment de lâcher la main droite du volant pour aller chercher la boule blanche citée plus haut et passer au rapport supérieur.
C’est en entrée de virages plus serrés que la Mustang Mach 1 atteint quelques limites. Cela survire beaucoup et le volant remonte, cette fois, des informations moins précises. Finalement, le constat est positif à ce niveau si l’on compare la Mustang Mach 1 à la Mustang GT. En effet, en sortie de virage, la furie est de retour en moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire. C’est juste sensationnel lorsque l’on écrase le “champignon” même un peu trop tôt, les roues encore légèrement braquées. On maîtrise alors sans effort le sous-virage !
On en vient à la suspension de la Mustang Mach 1. Les ingénieurs de chez Ford Performance ont revu leur technologie adaptative MagneRide en lui apportant plus de rigidité et de réactivité notamment avec l’apport de pièces reprises aux Mustang Shelby GT350 et GT500. Les bénéfices que cela procure au volant de la Mustang Mach 1sont clairement intéressants.
En conclusion, la Ford Mustang Mach 1 propulse, dans tous les sens du terme, des sensations fortes à son volant que l’on aimera apprécier pleinement lors de journées de roulage sur circuit. La Ford Mustang Mach 1 aime se faire dompter. Disponible uniquement en Fastback, elle reste fidèle à un certain rêve automobile américain, le bruit de son moteur étant presque à lui seul un argument de vente. Hélas, ses 284 g/km d’émissions de CO2 sont un cauchemar éveillé ! Ils rajoutent 30 000 € à la facture de 62 400 €.
Une dernière chose… Le rêve automobile américain se vit, chaque année en France depuis 2019, lors de la Normandy Beach Race. C’est pourquoi nous nous sommes rendus à Ouistreham avec la Ford Mustang Mach 1 pour assister à cet événement de folie (photo ci-dessus). Attention teaser… Dans quelques jours dans M6 Turbo, notre Ford Mustang Mach 1 d’essai passera entre les mains de notre ami Cyril Drevet !
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : LesVoitures.com (Alexandre Besançon et Gildas Lebrun)