Le groupe GAC Motor, premier constructeur automobile chinois, vient de dévoiler le GS5, le nouveau SUV de la marque, à l’occasion du Mondial de l’Auto. Les tentatives chinoises sur le marché européen se sont toujours terminées en désastres. Mais ça pourrait bien changer. On vous explique pourquoi la plus grosse erreur serait de les sous-estimer.
On va pas se mentir, cette année, à Paris, il y a plus d’absents que de présents. Nombreux, en effet, sont les constructeurs ayant choisi de faire l’impasse sur la manifestation. Si cela ne profite à personne, cela permet au moins d’augmenter la visibilité des marques présentes. Les Chinois de chez GAC Motor l’ont bien compris en décidant de louer un bel emplacement sur le salon pour marquer de sa présence le marché européen. Ne vous précipitez pas pour signer un bon de commande, il n’y a rien à vendre. GAC Motor sonde le terrain, et prend date pour un futur débarquement. Il s’agit de la première apparition sur le sol européen du constructeur. Le Chinois déboule avec plusieurs SUV, dans toutes les tailles et un concept-car.
Zeng Qinghong, PDG du groupe GAC, se réjouit de sa présence dans la capitale :
« Nous sommes heureux d’être en Europe, le berceau de l’automobile, pour participer au Mondial Paris Motor Show, l’un des plus importants salons automobiles du monde. Le groupe GAC est venu avec le GS5, le nouveau SUV de GAC Motor, et avec Enverge, un nouveau concept de voiture à faible consommation énergétique. Nous espérons y présenter de nouveaux produits du groupe GAC, ses nouvelles technologies, ainsi que nos idées pour construire un avenir placé sous le signe de la mobilité »
Contrairement à ce que l’on a pu lire à droite ou à gauche sur GAC Motor, ce constructeur ne fête pas ses 10 ans. Si la marque GAC n’est exploitée sous cette forme que depuis une décennie, l’histoire du constructeur chinois est bien plus riche et intimement liée… à la France. En effet, c’est avec Peugeot que la coentreprise Guangzhou Peugeot Automobile Company est crée en 1985 pour assembler en Chine les Peugeot 504 et 505. L’idée de génie et la position de pionnier de Peugeot sur le futur plus grand marché du monde à l’époque se transformera en fiasco total. Entre suffisance de l’état major de Peugeot, mauvais choix géographique et erreurs stratégiques, la coentreprise prendra rapidement fin. Peugeot retournera à la maison, et GAC trouvera un nouvel allié en la présence d’Honda pour continuer sa croissance et poursuivre son apprentissage de l’automobile. Depuis, ils poursuivent les collaborations avec Isuzu, Fiat, Mitsubishi, Toyota, avant de lancer sa propre marque.
Pour vous donner un ordre d’idée de croissance du groupe, l’an dernier ils ont produit 508 000 voitures, contre 15 600 en 2011. L’objectif du patron est d’atteindre le million de ventes annuelles d’ici deux ans. Ce chiffre ne peut être atteint qu’avec les marchés russes, européens et américains.
GAC a bien compris, qu’en Europe, point de salut sans une gamme SUV de conquête. Le fer de lance de cette offensive est incarné par le GS5. Mis au point par les centres de recherche et de développement de GAC Motor établis à Canton, à Shanghai et aux Etats-Unis, le nouveau SUV GS5 apparaît tout à fait crédible sur le marché européen. Il incarne les cinq piliers de « Give me Five » : “contrôle, esthétisme, sécurité, technologie et vitesse hors du commun” (On ne se moque pas). Ça, c’est pour le discours marketing, mais concrètement, le SUV ne ferait pas tache dans nos rues.
Le petit bolide est un SUV de 4,69 mètres de long, soit 5 cm de plus qu’un 5008 Peugeot par exemple. Il a été développé indépendamment par GAC Motor à partir d’une architecture modulaire maison.
Côté design, la face avant intègre une immense calandre chromée bien dans l’air du temps. Celle-ci est soulignée par des feux LED et accompagnée d’un capot bosselé dans l’esprit du Nissan Qashqai. Le profil habillement creusé pourrait être celui de n’importe quel SUV à la mode d’autant qu’il reprend le principe du pavillon flottant qu’on voit à peu près chez tout le monde. Ceci a le mérite d’alléger le profil et participe à l’impression de modernité de l’ensemble.
De la modernité on en retrouve à l’intérieur. Si les autres modèles exposés sur le stand proposent une finition datée, le GS5 lui, fait un bond en avant de ce côté là. L’ensemble est agréable, le revêtement recouvrant la planche de bord est moderne et si certaines commandes manquent encore un peu de douceur, on trouve un immense écran hyper fin et parfaitement intégré. Difficile de deviner qu’on est assis dans une chinoise tant les progrès sont à tous les étages. La motorisation est assurée par un 1.5 l turbo mais, sur ce point chez GAC, on voit déjà plus loin.
A l’autre extrémité du stand GAC se trouve en effet un engin beaucoup plus moderne et agressif. Le concept-car Enverge est un SUV moderne, aux lignes volontairement futuristes, qu’on pourrait imaginer inspirées par les derniers Toyota. Mais l’important se cache sous le capot avec une motorisation électrique et une batterie de 71 kWh capable d’emmener le SUV pour un cycle de 600 km selon la norme chinoise NCEC. La charge à induction à très forte puissance permet de récupérer 400 kilomètres d’autonomie en 10 minutes de charge.
L’objectif avoué est clair : proposer en 2020 en Europe et aux USA un modèle électrique avec ces performances et en exporter au minimum 60 000. Vous trouvez que c’est peu ? Repensez à combien GAC fabriquait de voitures il y a 7 ans…
Texte : Niko Laperruque
Photos : LesVoitures.com