Si le championnat du monde des rallyes WRC 2019 se révèle très intéressant avec plusieurs forces en présence et un potentiel nouveau champion en fin de saison, il n’en reste pas moins que les espoirs de la discipline se livrent des batailles d’anthologie au niveau national et sur quelques manches du WRC pour se préparer à un avenir au plus haut niveau. Les quinze dernières années ayant prouvé que les pilotes français sont en mesure de marquer l’histoire de la discipline, il semblerait que la relève ne soit pas si loin. Pour exemple notre invité du jour, Nicolas Ciamin, le pilote qui monte, a accepté d’échanger avec nous sur son avenir en compétition et la réalité du sport automobile actuel. Un échange que nous allons dès à présent vous conter.
Si Nicolas Ciamin a passé un début de saison plutôt diversifié au niveau de ses montures en championnat de France en évoluant au volant d’une Volkswagen Polo GTI R5, une Abarth 124 R-GT ou encore la moins récente Škoda Fabia R5, il a malgré tout montré un niveau de performance troublant face à une concurrence qui, elle, roule depuis le début de saison sur la même auto. Une capacité d’adaptation qui lui vaut le plaisir de toujours être dans la course au titre de champion de France 2019. Lorsque nous lui demandons de quoi sera faite sa fin de saison, Nicolas Ciamin semble enfin plus serein en confirmant ses engagements avec la Volkswagen qui compte parmi les meilleures R5 du plateau.
Un outil de choix qui lui permettra ce week-end encore de se battre au plus haut niveau lors du rallye d’Allemagne dans les vignes d’outre-Rhin. Un rendez-vous face à l’élite du WRC 2 qui n’est autre que l’antichambre de la catégorie reine. Il semblerait alors que le jeune pilote puisse enfin espérer se rendre encore plus compétitif en se consacrant à une seule et unique voiture, afin de la régler au mieux pour exceller. Le travail a d’ailleurs commencé très tôt en amont du rallye d’Allemagne avec une participation au rallye de la Plaine qui regroupe une bonne partie des différentes difficultés qui seront rencontrées ce week-end. Une séance d’essais grandeur nature soldée par une victoire presque anecdotique mais qui en dit long sur l’ambition de ce jeune équipage. Un résultat de bon augure pour la suite malgré un facteur prépondérant qu’est la météo sur les spéciales plus qu’exigeantes de cette manche du championnat du monde.
Un bilan à mi-saison plutôt convenable mais qui malheureusement met en exergue la réalité de ce sport lorsqu’il doit être pratiqué au plus haut niveau. Lorsque nous orientons Nicolas Ciamin sur la question des budgets nécessaires à une évolution parmi les meilleurs, il nous rassure tout de suite en nous disant que même parmi les têtes de série, certains pilotes paient encore leur ticket d’entrée. Prenons le cas de Mads Ostberg ancien pilote officiel Citroën en WRC qui est aujourd’hui en tête de liste pour l’engagement de la Citroën C3 R5 sur certaines manches du mondial est, un pilote payant. Un comble lorsque l’on connait son niveau de performance. A partir de cet instant, nous comprenons que l’avenir de Nicolas Ciamin va être un long combat après les budgets pour espérer se faire remarquer parmi les constructeurs. Une réalité qui nous donne simplement à comprendre que ces jeunes espoirs français se doivent d’être performants sur la route mais aussi en dehors s’ils souhaitent continuer leur progression. Une sorte de course dans la course, qui oblige presque les bons résultats d’un rallye sur l’autre pour espérer pouvoir financer le suivant avec une auto compétitive. La seule perspective concrète que nous devons tous prendre en compte, c’est l’arrivée en fin de carrière de certains pilotes comme Dani Sordo (Hyundai Motorsport), vainqueur lors du rallye de Sardaigne (photo ci-dessous) en juin dernier ou, Jari-Matti Latvala (Toyota Gazoo Racing) qui vont, par la force des choses libérer des places.
Détachons-nous à présent de cette actualité internationale qui se contera d’elle-même dès aujourd’hui en terre allemande et, voyons avec Nicolas quelques points sur l’avenir de la discipline. Tout d’abord au niveau national avec l’arrivée de l’Alpine A110 R-GT face à la démoniaque Abarth 124 R-GT que Nicolas connaît très bien. Une nouvelle venue qui sera suivie de près par la Porsche Cayman qui évoluera dans la même catégorie. Il semblerait que le principal intéressé, qui est malgré tout à l’origine de la réussite de l’Abarth au plus haut niveau soit optimiste pour l’arrivée de toutes ces autos, d’autant que le championnat de France va ouvrir un challenge interne réservé aux deux roues motrices. Une aubaine qui va clairement ouvrir la compétition est favoriser l’intérêt pour ces autos spectaculaires qui offrent un niveau de performance absolument dingue. Préparons-nous à un festival de glisse comme à la grande époque.
Passons à présent à l’avenir du WRC qui annonce de plus en plus précisément l’arrivée de l’hybride sur les spéciales. Pour ce jeune pilote qui ne vit que pour le sport automobile, il est clair que cette direction peut être troublante, mais il affirme qu’il préfère un avenir hybride que tout électrique comme nous allons le voir à l’Andros. Et il termine en nous faisant part d’une réalité non négligeable en rallye du fait de la configuration d’une épreuve avec les différentes spéciales et parcours de liaison avant de rejoindre les parcs d’assistance, la question de l’autonomie reste une grosse barrière insurmontable à l’heure actuelle.
Accordons à présent pour conclure cette entrevue un petit plaisir décalé avec un jeu de question/réponse auquel Nicolas a bien voulu se prêter. Une série de questions qui en dit long sur la culture rallye du jeune espoir français :
– Rallye ou circuit ?
N.C : « Rallye »
– Abarth 124 rally ou Volkswagen Polo GTI R5 ?
N.C : « Polo R5 »
– Monte-Carlo ou Tour de Corse ?
N.C : « Monte-Carlo »
– Asphalte ou Terre ?
N.C : « Terre »
Loeb ou Gronohlm ?
N.C : « Loeb »
Vatanen ou Rorhl ?
N.C : « Rorhl »
Ragnotti ou Sabi ?
N.C : « Ragnotti »
Batman ou Superman ?
N.C : « Superman »
Dans le même esprit, Nicolas nous a enfin avoué son Top 3 des voitures de rallye qui le font rêver :
Une petite séquence qui conclura notre entretien et qui se montre plus qu’équivoque sur la passion qui anime ce jeune pilote qui nous l’espérons va concrétiser ses objectifs au plus haut niveau. Nous ne manquerons pas de suivre sa course en WRC 2 ainsi que sur la suite du championnat de France des rallyes asphalte. Rendez-vous de l’autre côté du Rhin pour cette nouvelle manche du WRC en cette fin de semaine.
Texte et interview : Guillaume Pons
Photos : Red Bull Content et Abarth