Peugeot 308 GTi & Racing Cup : réunion de famille sur le circuit d’Ascari

D’une 308 à deux autres il n’y a qu’un circuit. La berline compacte est de retour sur LesVoitures.com quelques semaines après l’essai réalisé à l’occasion de son restylage. La plus puissante déclinaison méritait bien un terrain de jeu à la hauteur de sa réputation. Ainsi, c’est sur le superbe tracé d’Ascari que nous avons retrouvé la 308 GTi by Peugeot Sport et elle n’était pas seule…

Souvenez-vous, en avril dernier, nous avions eu le privilège d’emmener sur les Spéciales du Tour de Corse WRC la précédente version de la compacte sportive (à voir en vidéo ici). « Précédente » et non ancienne, cela à son importance car mis à part quelques retouches esthétiques et mises à jours technologiques (aides à la conduite, multimédia, etc…), la 308 GTi 2017 fait dans la continuité mécanique avec toujours le 1.6 l THP de 270 chevaux.

Commercialisée à ce jour dans 45 pays, la 308 GTi se positionne sur la 3ème marche du podium actuel des ventes de sa catégorie. Devant, on trouve à la 1ère position la Volkswagen Golf GTI suivie de la Focus ST. 3 820 308 GTi se sont écoulées en 2016 dont beaucoup au japon qui représente le 5ème marché.

Sur le plan de son design, les évolutions apportées à l’ensemble de la gamme 308 sont mineures : capot avant plus horizontal, et plus agressif, signature lumineuse à LED sur toutes les finitions, nouveau bouclier avant, optiques arrière plus sombres et aux « 3 griffes » dorénavant allumées en permanence. De surcroît, la 308 GTi bénéficie en supplément d’ajustements stylistiques du plus bel effet.

A l’avant, la grille de calandre spécifique arbore du noir comme pour affirmer son rang de « méchante » de la gamme. Les entrées d’air situées aux extrémités du bouclier disposent quant à elles de barrettes au rendu acéré. A cela s’ajoute un nouveau duo de couleur pour la fameuse coupe franche, à savoir un Bleu Magnetic associé à un Noir Perla. Moins exclusif que la sulfureuse coupe franche rouge et noire, ce bi-ton façon Peugeot Sport devrait ravir une clientèle qui souhaiterait se faire plus discrète sur nos routes.

Ce rappel esthétique étant fait, place à nos impressions de conduite sur circuit au volant de la puissante lionne. Le superbe et dépaysant cadre du circuit d’Ascari situé à Ronda au sud de l’Espagne colle parfaitement à l’état d’esprit sauvage de cette 308 GTi 2017 surtout qu’il nous a fallu quelques tours pour apprivoisé son tracé. C’est sur une configuration de piste d’une longueur de 3,8 km que nous avons évolué. Ce circuit est si intéressant et varié qu’il nous semble important de vous le présenter plus en détail. La courte ligne droite des stands se termine sur une légère montée. Cette dernière étant cassée par une chicane que l’on peut aborder assez vite. Ce « cut », dans le jargon des pilotes, s’aborde à vive allure avant de redescendre à l’aveugle sur un virage à gauche serrée. Après cette courbe assez lente, il faut relancer en laissant aller l’auto jusqu’à un autre gauche qui surgit rapidement avant d’accélérer vers un virage à gauche qu’il faut condamner dans le but de privilégier la sortie du prochain virage à droite afin de privilégier une ligne droite. Cette dernière mène à un nouveau virage à droite pris à haute vitesse.

A cet instant, il faut rapidement projeter son regard car un virage serré à droite saute littéralement au yeux avant le plus spectaculaire secteur du circuit : une épingle qui s’aborde sur une légère montée avant une descente en banking (photo ci-dessus) ! Ensuite, on passe à un secteur très rapide. Ce dernier est « cassé » le temps d’un virage à gauche qui ouvre ensuite le circuit à une forte accélération en ligne droite vers un droite très rapide et une nouvelle ligne droite. Enfin, deux étroits et soudains virages à gauche suivent avant un long droit qui ramène dans la ligne droite des stands. Maintenant, vous pouvez dire que vous connaissez bien le circuit d’Ascari !

Vous l’aurez compris, les multiples relances nécessaires pour réaliser un bon chrono sur le circuit d’Ascari demande de l’agilité et du couple. La 308 GTi n’en manque pas. Avec 330 Nm à 1 750 tr/min, elle se joue avez une facilité déconcertante des sorties de virages. En courbe, son grip latéral est de l’ordre de l’exceptionnel comme nous l’avions constaté en Corse. Ce qui est le plus impressionnant ce sont le dynamisme et la stabilité qu’offre la 308 GTi. Tel des sorciers, les ingénieurs de chez Peugeot Sport ont métamorphosé la déjà très polyvalente berline compacte en un « kart familial ». Son différentiel à glissement limité Torsen est d’une efficacité incroyable et sur le bitume chaud du tracé espagnol, 4 éléments de hautes technologies ont joué un rôle primordial au sensationnel ressenti généré. On évoque bien sûr les pneumatiques Michelin Pilot Super Sport. Sans oublier qu’au moment de ralentir, le système de freinage (disques de 380 mm à l’avant – 268 mm à l’arrière) répond instantanément. Tous ces éléments à connotation sportive donnent énormément confiance à au conducteur en piste. « Conducteur » car il faut être humble face à la piste surtout lorsque vous savez que la 308 Racing Cup vous attend dans son box… L’ESP certes connecté, la 308 GTi procure un plaisir intense en piste. Permissive, son électronique se déclenche en douceur en cas d’erreur de pilotage.

La 308 GTi a-t-elle un défaut ? Peut-être sa commande de boîte aux débattements trop long gage de confort en ville et sur routes normales mais moins appréciable sur piste.

Avant d’en venir à la RC, rappelons quelques chiffres au sujet de la 308 GTi. Ses 270 ch sont atteints à 6 000 tr/min, elle abat le 0 à 100 km/h en 6,0 s et son rapport poids/puissance est de 4,46 kg/ch. Faisons volontairement abstraction des émissions de CO2 pour une fois tant ils sont hélas d’actualité en région parisienne, dispositif Crit’Air oblige…

Attention, c’est bien un privilège rare que Peugeot nous a proposé avec la prise en main de l’extrême 308 Racing Cup de compétition. On entre dans un autre monde, celui de la radicalité, gage d’une efficacité des plus redoutables en piste. La bête ne pèse que 1 100 kilos et sa puissance d’appui aérodynamique la colle au sol. Il en résulte un grip de folie, excusez-nous l’expression. Surtout que des pneus slicks sont évidemment présents et que son imposant aileron arrière répond au règlement du FIA WTCC.

Installé dans son siège baquet, l’environnement nous paraît beaucoup mais beaucoup moins familier que la version civilisée Peugeot Sport aux 3 lettres. A ce moment, on réalise de nouveau la chance qui nous est offerte, le son du 1.6 l THP optimisé à 308 chevaux dans les oreilles. Pour atteindre cette puissance, le turbo utilisé est issu directement de la 208 T16. Le 4-cylindres suralimenté est couplé à une boîte de vitesses séquentielle à 6 rapports avec commandes « brutes de fonderie » au volant.

Les 3 tours à ses commandes ont été jouissifs sur le plan du Sport Auto ! Le grip latéral évoqué pour la 308 GTi est tellement spectaculaire qu’au début, on entre beaucoup trop lentement dans les virages. Puis, et c’est à noter, l’instructeur chevronné présent sur le siège baquet passager (monté pour l’occasion), en la personne de notre ami Dino Lunardi, nous distille des conseils de pilotage mais nous laisse une grande liberté. Autre point déstabilisant, le freinage. Il faut en effet taper fort dans les freins, chose rare en conduite au quotidien.

Pour ceux qui découvriraient la 308 Racing Cup, sachez qu’un championnat éponyme se déroule partout en France en support du championnat de France GT FFSA (GT4 European Series Southern Cup). Les 3 dernières épreuves de la saison 2017 auront lieu à Spa-Francorchamps (29 et 30 juillet), Magny-Cours(9 et 10 septembre) et au Paul Ricard (14 et 15 octobre).

De la série à la compétition, Peugeot et Peugeot Sport ont définitivement acquis un savoir-faire sans égal tant ce double essai très sportif nous a convaincu. Il y a beaucoup de la 308 GTi dans la Racing Cup et cette dernière exploite d’une manière exacerbée les qualités de sa petite sœur disponible en vente libre. La liberté, c’est un autre sentiment que nous avons pleinement ressenti sur le circuit d’Ascari. Un sentiment qui se perd hélas au volant chez nous mais c’est un autre débat…

Texte et essai : Frédéric Lagadec

Photos : LesVoitures.com et Peugeot