Selon une étude menée par le CEREMA (Centre d’Etudes et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement), seulement 24% des 63 180 ouvrages appartenant aux différentes communes françaises sont en bon état. Ce constat très alarmant pose clairement des questions de sécurité routière, alors que l’état des routes françaises se dégrade.
En 2022, le Sénat a plus qu’alerté sur l’état désastreux des ponts qui font partie, à part entière, du réseau routier français, ceci dans le rapport d’information n° 669 (2021-2022). Pour résumer, en une seule phrase ce rapport, on peut y lire qu’il faut « enrayer la spirale de dégradation de nos ouvrages d’art », et qu’il s’agit des « chantiers du siècle ». Depuis, un programme national de financement des travaux a été lancé, pour les communes de moins de 10 000 habitants et ayant un potentiel dit « fiscal » inférieur à 2 M€. Quant à l’étude qui fait l’objet de cet article, il s’agit d’une première comme le précise le CEREMA. Ce ne sont pas moins de 63 180 ouvrages du réseau routier communal qui ont ainsi été recensés et évalués. Ce travail colossal a été mené entre octobre 2021 et octobre 2024, grâce au pilotage du CEREMA et de ses partenaires, à savoir environ vingt bureaux d’études spécialisés. Au final, les résultats de cette vaste expertise ont de quoi faire « froid dans le dos ». Ci-dessous, les chiffres clés de l’étude « Les ponts communaux en France ». Comme le veut l’expression, ces mêmes chiffres de novembre 2024 parlent d’eux-mêmes.
Alors que certaines communes françaises ne pensent qu’à une seule chose, à savoir construire des ronds-points et installer des ralentisseurs, comme ceux illégaux et financés par Citroën à Issoire par exemple, sans oublier les pistes-cyclables, il va donc falloir vite réagir avant qu’un drame ne se produise. Comme indiqué par le CEREMA : « 5% des ponts et murs présentent des problèmes de sécurité du fait de désordres graves sur la structure avec préconisation immédiate de limitation de tonnage ou de fermeture. » Pas besoin d’être mathématicien pour calculer que sur les 63 180 ponts communaux recensés et contrôlés par le CEREMA, 3 159 ponts pourraient donc s’écrouler, en France.
En photos dans cet article, précisons qu’il s’agit du pont Saint-Christophe de Lézardrieux qui fait l’objet, dans les Côtes d’Armor, d’un important chantier de rénovation. Autre précision importante au sujet de ce pont breton, car ce n’est pas un pont communal. En effet, depuis 1950, il est la propriété du Conseil Général des Côtes d’Armor.
Pour Thierry Modolo, le porte-parole et fondateur de l’association PUMSD (Pour Une Mobilité Sereine et Durable) :
« L’état général déplorable des ponts communaux français doit être mis en parallèle avec les 10 milliards d’euros qui ont été dépensés de 2012 à 2024 pour la création de 450 000 ralentisseurs illégaux. A cela s’ajoute, 40 autres milliards d’euros qui ont été dépensés, cette fois entre 2005 et 2024, pour implanter 73 000 rond-points dont la majorité ne sert strictement à rien. Alors, il n’y a plus de budget pour entretenir les routes et les ponts. »
Enfin, revenons sur le programme de financement destiné aux ponts communaux touchés par des défauts majeurs. 55 M€ ont été débloqués, depuis fin 2023, pour remettre en état quelques 500 ouvrages, à savoir les plus dégradés. Ces ponts représentent, pour reprendre, de nouveau, les termes utilisés par le CEREMA, « un enjeu de sécurité des usagers ou de continuité de desserte locale. » Mais, toujours selon le CEREMA : « La remise en état de ce patrimoine nécessiterait un rattrapage de près de 3,3 milliards d’euros dont 740 millions d’euros pour les ouvrages nécessitant une action immédiate compte tenu de désordres graves de structure. » Avec seulement 55 M€, contre les 740 M€ nécessaires pour réparer, selon le CEREMA, en urgence les ponts communaux les plus dangereux, on est donc loin du compte…
La rédaction
Photos : LesVoitures.com et CEREMA
