Quand politique ne rime pas avec pragmatique. C’est certainement cette réflexion que le patron de Stellantis, Carlos Tavares, a dernièrement souhaité mettre sur le devant de la scène en s’exprimant dans la presse auprès de quatre quotidiens européens (Les Echos, Corriere della Sera, Handelsblatt, El Mundo). Le dirigeant monte au créneau pour expliquer sa retenue face à la tendance du tout électrique dans l’automobile.
Ce n’est pas la première fois que Carlos Tavares (Chief Executive Officer – Stellantis) tacle l’Europe au sujet des décisions prises par la Commission sur le sujet. Dans le cadre du plan baptisé « FIT for 55 », cette dernière veut réduire de 55% les émissions de CO2 en 2030 par rapport à 1990 pour arriver à zéro carbone pour l’automobile en 2035. Interdiction des voitures thermiques et hybrides !
Carlos Tavares a déclaré : « Ce qui est clair, c’est que l’électrification est la technologie choisie par les politiques, pas par l’industrie ». Pour lui, c’est même « un risque social ». Certes, les constructeurs vont pouvoir s’adapter aux techniques, à grand renfort d’investissements, ce qui pourrait mettre en péril leur propre survie, mais cette volonté politique engendrerait une casse sociale.
D’abord chez les constructeurs. Pourquoi ? Les véhicules électriques coûtent plus cher que des thermiques à produire (+50%). Demain, aura-t-on besoin d’autant de salariés pour les fabriquer ? Sachant que beaucoup de sous-traitants gravitent autour des constructeurs, cela fait autant d’entreprises impactées.
Et aussi du côté des conducteurs. Quand bien même, les coûts seraient diminués, la note va rester salée pour le potentiel acheteur. Aujourd’hui et encore pour quelque temps, rouler en électrique, ce n’est pas pour tout le monde. Ce que pointe du doigt Carlos Tavares, c’est la volonté politique du tout électrique et quand l’Etat est obligé de mettre la main à la poche pour encourager l’achat (NDLR : prime à la conversion, bonus écologique, crédit d’impôt pour l’acquisition et la pose de système de charge pour voiture électrique).
Pour Carlos Tavares, le constat est simple et il le dit à la presse : « Il ne faut pas perdre de vue non plus que nous risquons […] de perdre les classes moyennes qui ne pourront plus acheter de voiture et qu’il y aura des conséquences sociales. » En réponse, le patrons de Stellantis plaide pour de l’hybridation légère plus réaliste et adaptée aux besoins des automobilistes, qui plus est, moins contraignante financièrement au niveau des coûts.
Enfin, vous imaginez-vous, dans 13 ans, avec plus aucun moteur thermique sur les routes de France ? Quoi qu’il en soit, la future Peugeot e-308, c’est pour 2023.
Texte : Pierre-Jean Côme
Photos : Stellantis, LesVoitures.com et Peugeot