Le groupe automobile Stellantis, deuxième constructeur européen derrière Volkswagen, est confronté à une nouvelle série d’arrêts de production sur plusieurs de ses sites en Europe. Ces suspensions, prévues pour le mois d’octobre 2025, traduisent les difficultés persistantes du groupe à redresser la barre après une année 2024 marquée par une chute significative des ventes.

L’usine Stellantis de Poissy, située dans les Yvelines et employant environ 2 000 salariés, sera fermée pendant trois semaines, du 13 octobre au 3 novembre. Cette période inclut une semaine de congés imposés et douze jours de chômage partiel. Ce site, qui assemble notamment les modèles DS 3 et Opel Mokka, voit sa production suspendue dans un contexte de faible demande et de stocks en hausse. Mais, selon Les Echos, Poissy n’est pas un cas isolé. Cinq autres sites européens du groupe seront très probablement et également mis à l’arrêt. En Allemagne, l’usine d’Eisenach devrait cesser ses activités pendant cinq jours. En Espagne, le site de Saragosse devrait être fermé sept jours, tandis que celui Madrid pourrait s’arrêter pendant quatorze jours. En Pologne, le site de Tychy ne devrait plus produire pas pendant neuf jours, et en Italie, l’usine de Pomigliano serait mise en pause durant quinze jours. Au total, ces arrêts représenteraient soixante-deux journées de production perdues sur l’ensemble du réseau européen de Stellantis.

SUV familial Citroën C5 Aircross 2025

Officiellement, ces suspensions visent à éviter l’accumulation de véhicules invendus sur les parkings des usines et des concessionnaires. En réalité, elles reflètent un ralentissement commercial préoccupant. Entre janvier et juillet 2025, les ventes de Stellantis en Europe continentale ont reculé de 8,1 %, tandis que Renault a enregistré une hausse de 5,8 % et Volkswagen une progression de 3,6 %. Ce décrochage intervient malgré le lancement de nouveaux modèles, comme le Citroën C5 Aircross, un SUV familial censé relancer les ventes dans les segments B et C, c’est-à-dire les citadines et les familiales.

Les analystes, notamment ceux d’UBS, soulignent que ces nouveautés sont encore en phase de montée en cadence et que leur impact sur les chiffres de vente reste limité pour l’instant. Pour regagner la confiance des clients, Stellantis mise également sur une amélioration de son image, ternie par des scandales techniques. Les problèmes liés aux airbags Takata et aux moteurs PureTech ont fragilisé la réputation du groupe. En réponse, Stellantis a instauré une nouvelle garantie de huit ans et renforcé sa politique de rappels, désormais présentée comme irréprochable.

Lors du Salon de Munich en septembre, Jean-Philippe Imparato, directeur de la zone Europe élargie, a affirmé que le groupe reprenait le contrôle de sa « promesse client ». Il a également précisé que Stellantis s’éloignait des ventes tactiques, une pratique consistant à immatriculer des véhicules « zéro kilomètre » ou à conclure des contrats à prix réduits avec des loueurs de courte durée. Cette stratégie de désintoxication commerciale aurait entraîné la disparition de 80 000 immatriculations sur les derniers mois, soit l’essentiel de la baisse enregistrée.

Enfin, l’avenir du site Stellantis de Poissy suscite des interrogations. La production de l’Opel Mokka devrait s’arrêter en 2028, et aucun nouveau modèle n’a été officiellement annoncé pour prendre le relais. Des discussions ont été engagées entre Stellantis, la mairie de Poissy et le Paris Saint-Germain, qui envisage d’y construire son futur stade en cas de départ du Parc des Princes. Cette reconversion industrielle, encore à l’étude, pourrait marquer un tournant majeur pour le site historique de Stellantis en Île-de-France.

La rédaction

Photos : Stellantis et Citroën