La Zone à Faibles Émissions de la Métropole du Grand Paris restera en vigueur en 2026, mais son application restera largement symbolique. Malgré les annonces nationales sur la fin programmée des ZFE, la métropole francilienne confirme qu’aucune amende ne sera infligée aux automobilistes l’an prochain. Une situation paradoxale, révélatrice de l’incertitude politique et technique qui entoure ce dispositif depuis plusieurs mois.

Les ZFE (Zones à Faibles Émissions), instaurées pour la première fois en 2018, avaient pour ambition de restreindre l’accès aux centres urbains aux véhicules jugés trop polluants. Le gouvernement souhaitait initialement généraliser le dispositif à toutes les villes de plus de 150 000 habitants, avant que l’Assemblée nationale ne vote, au printemps 2025, un texte visant à mettre fin à ces zones. Mais ce vote n’a jamais abouti à une loi définitive. Le processus législatif étant resté inachevé, les ZFE demeurent juridiquement en place, même si leur mise en œuvre varie fortement selon les territoires. Dans ce contexte, la Métropole du Grand Paris a choisi de conserver sa ZFE en 2026.

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La décision s’accompagne toutefois d’un choix politique clair : aucune verbalisation ne sera effectuée avant décembre 2026. Les élus ont prolongé d’un an les dérogations accordées aux véhicules les plus polluants et confirmé la poursuite d’une phase dite « pédagogique ». Autrement dit, les règles existent, mais ne seront pas sanctionnées. Officiellement, la ZFE parisienne interdit depuis janvier 2025 la circulation des véhicules Crit’Air 3, c’est‑à‑dire les diesel immatriculés avant 2011 et les essence d’avant 2006. En pratique, ces restrictions ne donneront donc lieu à aucune amende jusqu’à fin 2026. D’ici là, le texte qui vise à supprimer l’obligation légale de mettre en place les ZFE sera peut-être et enfin voté.

Le périmètre concerné reste pourtant vaste : 77 communes sur les 131 que compte la Métropole du Grand Paris sont incluses dans la zone. Sur le papier, la mesure apparaît stricte. Dans les faits, elle demeure extrêmement souple. Les automobilistes concernés peuvent toujours utiliser le « Pass ZFE 24 h », qui autorise la circulation pendant 24 jours par an, auxquels s’ajoutent tous les week‑ends, portant le total à 139 jours de circulation autorisée. En 2025, près de 38 000 pass ont été délivrés, ainsi que 3 900 dérogations spécifiques, principalement pour des raisons médicales, des horaires de travail atypiques ou des formations professionnelles.

La prolongation de la période pédagogique jusqu’à fin 2026 de la ZFE du Grand Paris s’explique aussi par les difficultés techniques rencontrées pour mettre en place des contrôles automatisés. Les futures voitures‑radars équipées de systèmes de Lecture Automatisée des Plaques d’Immatriculation (LAPI) ne sont pas encore opérationnelles. Les contrôles reposent donc toujours sur des agents de police, ce qui rend impossible une verbalisation à grande échelle. Cette situation contraste avec d’autres métropoles : Lyon prévoit toujours de sanctionner les véhicules Crit’Air 3 à partir du 1er juillet 2026, tandis que les Crit’Air 4 y sont déjà verbalisés depuis 2024. À Grenoble, les contraventions sont d’ores et déjà appliquées, y compris pour les véhicules en stationnement.

En parallèle, la Métropole du Grand Paris maintient ses aides financières destinées à encourager le remplacement des véhicules anciens par des modèles moins polluants.

Enfin, la ZFE de la Métropole du Grand Paris restera bien en place en 2026, mais sans contrainte réelle pour les automobilistes. Une situation qui interroge sur la cohérence du dispositif, alors même que la qualité de l’air et la transition automobile restent au cœur des débats publics.

La rédaction

Photos : LesVoitures.com

Frédéric Martin

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