Jaguar I-Pace : le « félin électrique » à l’essai

Pour son arrivée sur le marché des voitures électriques, Jaguar a frappé un grand coup lors du salon de Genève 2018. Nous étions depuis impatients de prendre le volant du Jaguar I-Pace qui marque un virage historique pour la marque de Coventry.

En Suisse en mars dernier, le Jaguar I-Pace nous est apparu comme notre coup de cœur du salon. Pour mettre toutes les chances de son côté dans le but d’aller jouer sur le terrain de Tesla, précisément du Model X, la marque britannique a misé gros en « cassant » ses traditions. Présenté comme un SUV malgré un style beaucoup plus original que les modèles d’un segment devenu hyper-stratégique, le Jaguar I-Pace devra également faire face aux Mercedes-Benz EQC et Audi e-tron, tous deux très récemment dévoilés.

Le design du Jaguar I-Pace ne ressemble à nulle autre automobile. Long de 4,682 m et d’une hauteur de 1,565 m, cet « ovni à quatre roues » étonne grâce à un empattement très long de 2,990 m alors que ses porte-à-faux sont réduits à leur maximum.

La face avant de l’I-Pace représente à elle seule un concentré de modernité et de sportivité. La grande calandre mélange le classique et la modernité en intégrant des feux à LED dont le dessin en courbes est en parfaite osmose avec les galbes des ailes et les creux d’un capot très plongeant. Ce dernier, ajouré, prolonge, dans le même esprit, la chute du pare-brise.

Le bouclier du SUV développe également un caractère agressif notamment avec ses entrées d’air latérales marquées qui occupent tout l’espace. Ils contrastent avec la fine lame avant qui « pose » visuellement l’I-Pace sur la route.

De profil, la sensation agréable d’observer (enfin) une vraie innovation en matière de design automobile est saisissante.  Campé sur ses jantes 20 pouces noires, l’I-Pace développe un rendu râblé et dynamique au plus haut point.  La ligne de carrosserie bombée, des bas de caisse très travaillés aux traits plus droits, une surface vitrée assez réduite créent un phénomène rare de sophistication maitrisée pour une voiture électrique. On est à des années-lumière du SUV Model X, de la berline Model S d’Elon Musk. Non sans humour, c’est peut-être en tombant sur l’I-Pace que l’homme d’affaires d’origine sud-africaine aurait décidé d’envoyer son roadster dans l’espace très loin de la planète Terre et du fabuleux I-Pace.

Tranchant et droit, l’arrière de l’I-Pace « coupe court » avec l’aspect élancé de l’auto mais, sans casser une savante homogénéité. Comme beaucoup de voitures, cette partie se doit d’être la plus robuste en termes de perception : c’est le cas avec toujours une dose de sportivité.

Au final, le design novateur de l’I-Pace est parfaitement en accord avec la nouvelle ère dans laquelle Jaguar se lance, sans oublier son côté sportif en écho avec la présence du « félin » en Formula E.

Une fois à l’intérieur de l’auto, on revient, non sans plaisir, à plus de classicisme. Le propre de la voiture électrique étant un gain d’éléments considérable, l’I-Pace propose un vaste espace de vie à son bord. La qualité des matériaux est bien au niveau de ce que l’on attend de Jaguar mais on aurait apprécié des plastiques moins durs au niveau des contre-portes par exemple. Pour le reste,  la planche de bord est clairement une réussite avec un mélange de différents matériaux (cuir, chromes,  plastiques) du plus bel effet. Les arches de la console centrale sont une autre satisfaction.

L’affichage des différentes données de conduite est au rendez-vous de l’ergonomie, tout comme les sièges d’un confort exceptionnel. Assis, le regard passant à travers le pare-brise panoramique,  on ne peut résister bien longtemps à l’envie de démarrer l’I-Pace. Mais avant, précisons que les passagers arrière ne manqueront pas de place. Quant au volume de chargement, il est de 656 l avec un bonus à l’avant de 27 l.

Sans aucun bruit, le Jaguar I-Pace prend son élan dans une douce et rapide accélération. Fort de 147 kW, les deux moteurs situés sur les essieux avant et arrière jouent « une partition parfaite » pour créer une transmission intégrale offrant une aisance électrique de haut niveau, que ce soit au niveau de la motricité ou de l’équilibre. Ce dernier aspect est l’un des points forts de l’I-Pace dont le châssis et les trains roulants ont fait l’objet d’un savant travail. Doté de la suspension pneumatique (option), notre I-Pace d’essai génère un sentiment de confiance impressionnant en virage. La direction précise participe au ressenti que l’on a de faire corps avec l’auto tout en maitrisant totalement celle sans qui nos voyages n’existeraient pas : la route.

Les différents modes de récupération d’énergie permettent de conduire l’I-Pace avec la seule pédale d’accélérateur. Le temps d’adaptation au freinage « automatique » est très court. Les années à venir devraient être celles de l’avènement  d’une mobilité automobile zen, coulée et intuitive comme le procure l’I-Pace.

A l’accélération en mode « Sport », c’est tout simplement fulgurant. Le poids de l’auto « disparaît » pour offrir un plaisir dont on ne se lasse pas. Cependant, le poids à vide de 2 208 kilos de l’engin se fait sentir au moment de freiner. Ainsi, le mode de récupération maximale d’énergie en phase de décélération prend tout son sens.

En chiffres, l’I-Pace développe donc l’équivalent de 400 chevaux. Pour un couple de 696 Nm.  Ses performances sont les suivantes : 4,8 s sur le 0 à 100 km/h et 200 km/h de pointe. Concernant l’autonomie, Jaguar communique sur 480 km (batterie Lithium-ion de 90 kWh) en cycle WLPT. En utilisation réelle, il faut compter entre 360 et 400 km selon la conduite adoptée. Attention, sur un trajet essentiellement autoroutier, cette donnée est plus faible.

Evoquons maintenant d’autres chiffres, ceux de la recharge. A l’aide d’un chargeur rapide (100 kW), batterie à plat, l’I-Pace récupère en 40 minutes 80% de ses capacités énergétiques.  A domicile, un équipement de type wallbox permet de recharger en 10 h au même niveau.

Avant de conclure, sachez que l’I-Pace, c’est bien sûr des aides à la conduite et des technologies d’assistance en grand nombre. De série, on trouve, entre autres, le freinage d’urgence, le régulateur de vitesse intelligent et l’assistance de maintien dans la voie.

Disponibles en trois finitions (S, SE, HSE), le Jaguar I-Pace est, à nos yeux, en avance de phase grâce à un design aussi abouti que racé et un agrément de conduite à bouder les voitures thermiques. Avoir son volant entre les mains, c’est évoluer dans un univers exclusif qui se paie au prix cher, à savoir à partir de 78 380 € pour l’I-Pace S.

Texte et essai : Frédéric Lagadec

Photos : LesVoitures.com et Jaguar