Lorsque nous avions découvert, à Genève, la toute nouvelle Renault Clio, la retenue était de mise. Il était donc temps pour nous de préciser nos premières impressions visuelles lors d’un essai routier de cette icône de la marque au losange qui n’a de cesse de se renouveler au fil des années. Mais sera-t-elle prête à affronter la « bombe 208 » ?
Lors de sa présentation en Suisse, le style de la Renault Clio 5 nous avait un peu déçu par son manque de caractère et un aspect trop rond. En revanche, à la vue de notre Clio TCe 130 EDC7 R.S. Line d’essai dans un milieu naturel, nous nous devons de revenir sur notre premier avis car la citadine est clairement attractive. Modernisée et adoptant le nouveau style Renault, elle saura séduire les clients de la Clio actuelle. Ainsi, la nouvelle Clio se rapproche de la Renault Mégane.
Le design de la Clio de dernière génération manque néanmoins d’un peu d’originalité si on doit le comparer à la nouvelle Peugeot 208. Quand Peugeot prend des risques, Renault joue la carte d’une intelligente continuité. Et même si les dimensions sont moins imposantes que celles de la Clio 4, la nouvelle Clio est de plus en plus spacieuse tout en restant dans les standards actuels du segment : 4,048 m (- 14 mm) de longueur, 1,798 m (+ 66 mm) et 1,440 m (- 8 mm) de hauteur. Entre son gabarit, sa face avant et la signature lumineuse C-Shape, l’ADN du constructeur ne se discute pas, même si l’identité de certains modèles comme la Clio 5 manque un peu d’affirmation.
Largement critiqué sur la précédente Clio, l’habitacle de la Clio 5 fait un bond en avant impressionnant. Tout a été repensé pour gagner un maximum d’espace. La planche de bord a été reculée et les sièges avant, qui ont fait l’objet d’un travail de développement important, ont aussi été pensés grâce aux avis des actuels clients. Ainsi, pour améliorer la visibilité 3/4 arrière, l’appui-tête est creusé. Niveau assemblage, finitions et choix des matériaux, on est enfin en présence d’une offre sérieuse qui flirte avec le premium même si Renault conserve un certain classicisme dans le but de séduire toutes les générations de potentiels acheteurs.
A l’opposé, la Peugeot 208 fait dans l’ultra-moderne et devrait plaire aux plus jeunes surtout avec son ambiance très high-tech. Toujours comparativement à la Peugeot 208, que nous essaierons dans quelques semaines, l’habitabilité semble être à l’avantage de la Renault, ceci grâce un espace important à l’avant et pour les passagers arrière qui ne manqueront pas de place. Pour le volume de chargement, la Clio 5 propose 391 l en essence et la Peugeot 208 311 l. Ajoutons à cela la présence du smart cockpit et son écran de 9,3″, ainsi que le Easy Connect avec son Easy Link. Le tout agrémentant l’intérieur d’une plateforme multimédia inédite accentuée par l’expérience Multi-Sense et son système audio Bose Premium.
Des éléments de choix qui seront, à grand regret, impactés par un faux pas notoire au niveau de l’instrumentation. La visibilité et la lisibilité ne sont malheureusement pas vraiment au rendez-vous. Les enfants des années 80 y verront presque un clin d’oeil au « retrogaming » rappelant certains superbes jeux de l’époque qui nous donnaient déjà la sensation de conduire notre propre voiture. Attendons alors avec impatience l’arrivée dans quelques mois d’un vrai et moderne, pour ne pas dire indispensable, système numérique.
Maintenant que nous avons passé en revue les effets de style et autres agréments de l’habitacle, il est temps de vous livrer nos sensations au volant de cette version Clio TCe 130 EDC7 R.S. Line. Outre son Bleu Iron et ses apparats inspirés par Renault Sport, la remplaçante de la bientôt ancienne GT-Line ne semble pas jouer la carte de l’effet de surprise. Les 1 248 kilos associés aux 130 chevaux du 4-cylindres 1.3 l turbo ne font pas de folies malgré une boîte TCe bien étagée et un gain de 50 kilos par rapport à la Clio 4. Le 0 à 100 km/h accompli en 9 secondes n’est alors pas phénoménal. Par conséquent, nos attentes liées au passé de la marque se reportaient sur un châssis à faire pâlir les meilleures sportives. Et là encore, son statut extérieur R.S. Line n’est pas complètement assumé, ce qui est assez logique car, il apporte que du style sportif.
Tout d’abord avec une direction un peu trop légère, peut-être trop typée pour la ville qui ne permet pas de ressentir pleinement les retours de l’asphalte vers le volant. Les suspensions un peu trop souples favorisant le confort pénalisent la réactivité et le caractère de cette Clio au simple rendu visuel Renault Sport. Sa fâcheuse tendance à planter le nez au freinage vers un roulis parfois excessif ne renvoie pas les meilleures sensations sur routes sinueuses. Malgré un dynamisme correct, les attentes d’un potentiel acheteur du blason R.S. risqueraient donc d’être déçus par un comportement trop peu tranché et radical.
Si la communication avec la route est trop atténuée, la Clio 5 reste cependant sécurisante et plaisante à emmener. Renault voit large et souhaite que la Clio 5 plaise au plus grand nombre, d’autant plus avec ses 119 g/km d’émissions de CO2 et sa consommation en cycle mixte de 5,2l / 100 km qui en font une cohérente et performante auto de son temps avec tout ce que cela comporte. Même si le prix d’entrée de la Clio 5 est placé à 14 100 €, la version de notre essai culmine à 24 100 € en attendant la vraie version R.S. et la Clio hybride. Une plage relativement étendue qui permettra, une fois encore, au plus grand nombre se retrouver dans la gamme de la marque au losange.
C’est donc après cet essai important en amont d’une année 2020 forte en commercialisation que nous pouvons nous positionner dans l’attente de notre essai de la Peugeot 208. Le match s’annonce serré mais, nous savons d’ores et déjà que la Renault assure une véritable polyvalence qui sera un atout de choix face à la lionne. Même si quelques paramètres ne semblent pas être à la hauteur de nos attentes, il faut malgré tout avouer que le travail est fait et, la Clio 5 assume sa position malgré un renouvellement pour le moins discutable.
Essai : Frédéric Lagadec
Texte : Guillaume Pons
Photos : LesVoitures.com et Renault